Problème de surpopulation mondiale : faut-il contrôler les naissances ?
L’impact de notre vie moderne sur le climat et notre belle planète bleue se fait de plus en plus ressentir. Le dérèglement climatique devient une réalité pour tous, les ressources de notre planète sont tout aussi limitées qu’il y a 30 ans, les ressources d’énergie fossile s’épuisent toujours plus vite, nous consommons toujours plus et à ce rythme, il nous faudrait au moins 2 Terres pour satisfaire notre niveau de vie.
Conséquence indirecte de ce mode de vie : notre espérance de vie s’est considérablement allongée.
Nous vivons plus longtemps, nous nous soignons bien plus efficacement qu’il y a 100 ans, nos moyens contraceptifs sont plus efficaces qu’avant, et la population n’a cessé de croître depuis 100 ans.
En 1900, nous étions 1,762 milliard d’humains, en 1950 2,5 milliards, en 2015 7,249 milliards, et nous prévoyons d’être 10 milliards en 2050.
Avec l’explosion de la démographie mondiale, le réchauffement climatique et l’épuisement programmé des ressources naturelles, nous sommes en droit de nous poser la question : va-t-on devoir contrôler les naissances et limiter la population pour sauver la planète ?
Contrôler la population : une nécessité ?
Avant, il était d’usage de faire le plus grand nombre d’enfants possibles, et il n’était pas rare de rencontrer des familles de 15 enfants. Mais on faisait beaucoup d’enfants car la mortalité infantile était élevée : sur 15, on pouvait espérer que 2 seulement atteignent l’âge adulte. Avec les progrès technologiques et les progrès en médecine, la mortalité infantile a chuté, mais nous avons longtemps gardé ce réflexe de faire un grand nombre d’enfants. Il n’y a qu’à voir les familles de nos grands parents pour s’en rendre compte. Résultat ? La démographie a explosé !
Selon un rapport publié par la London School of Economics, à la demande de l’Optimum Population Trust, le moyen le moins coûteux de résoudre le problème du réchauffement planétaire est de réduire la population de 500 millions individus d’ici 2050, par rapport à aujourd’hui. Autrement dit, il faudrait être 6,5 milliards maximum en 2050, alors que les projections nous amènent vers la barre des 10 milliards ! Je vous laisse imaginer l’ampleur du problème.
Malgré les progrès techniques dans tous les domaines, la croissance démographique contribue à augmenter l’empreinte écologique totale et diminue la bio-capacité disponible par tête. La bio-capacité, c’est la capacité à absorber les déchets de la consommation tout en produisant suffisamment de ressources renouvelables pour éviter les pénuries.
Paradoxalement, il apparaît donc que pour assurer la survie et l’avenir de nos enfants, il est nécessaire d’en faire moins.
Si une telle politique de contrôle de la population venait à être mise en place mondialement, et en faisant fi des défis qu’il faut relever pour la mise en place d’une telle mesure, celle-ci apporte son lot d’avantages. Mieux contrôler la croissance démographique, c’est mieux gérer les ressources, diront certains. Nous consommerions moins, nous réduirions ainsi notre empreinte écologique, et nous pourrions laisser à notre planète le temps de se régénérer. Cette mesure pourrait endiguer le réchauffement climatique et la surconsommation mondiale tout en permettant à chacun de vivre convenablement, sans manquer de rien.
Finalement, faire volontairement moins d’enfant serait vu comme le sacrifice d’une génération ou deux pour assurer la survie et l’avenir de notre espèce et de nos enfants. Oui, mais le contrôle de la population est un sujet tabou dans nos sociétés, et plus complexe qu’il n’y paraît.
Si l’on analyse le taux de fécondité par pays et continent, on se rend compte que les pays industrialisés sont aujourd’hui sous la barre du taux de 2 enfants par femme, ce qui contribue au vieillissement de la population. Pour information, on estime qu’il faudrait 2,1 enfants par femme pour renouveler la population.
Il apparaît que les plus fortes explosions démographiques se passent dans les pays en voie de développement, en Amérique du Sud, en Afrique, et en Asie du Sud-Est.
Ainsi, le premier inconvénient majeur est d’une nature géopolitique : pour qu’une politique de contrôle de naissances soit efficace, il faudrait que celle-ci s’applique mondialement. Il faudrait donc que les pays occidentaux imposent au reste du monde leurs conditions. C’est impensable politiquement, et cela engendrerait des refus et des tensions sur tous les continents.
En plus de cela, il ne faut pas seulement raisonner en nombre d’enfants par famille, mais également par empreinte écologique. A titre d’exemple, 1 bébé aux USA équivaut à 1 644 tonnes de CO2, soit 5 fois plus qu’un bébé venant au monde en Chine, et 91 fois plus qu’un enfant naissant au Bangladesh.
Même si mondialement on se limitait à deux enfants par famille, l’impact de deux enfants (en tonnes de CO2) dans les pays occidentaux serait énorme comparé à deux enfants dans les pays du Tiers-Monde. Faudrait-il alors limiter de manière bien plus drastique les pays occidentaux ? Peut-être, mais dans ce cas, l’économie mondiale en pâtirait sévèrement.
Une telle mesure serait également impopulaire pour toutes les religions, cela légitimerait le processus d’avortement, cela impliquerait des changements majeurs dans le dogme de certaines religions : c’est également impensable d’imaginer que tout le monde se plie sans broncher à cette règle.
Sans compter l’atteinte aux libertés personnelles qu’engendrerait une telle mesure de contrôle de la population : nous souhaitons tous jouir de nos libertés, disposer de notre corps comme bon nous semble, quand bon nous semble.
Imaginez l’ampleur des manifestations des opposants à cette mesure, et les troubles que cela engendrerait à l’échelle mondiale : vieillissement de la population, révision des régimes de retraite, stérilisation d’une partie de la population, etc…
Avec la mise en place d’une telle politique de contrôle de la natalité, quelques questions s’imposent :
- Va-t-on octroyer un permis d’enfanter à un couple, moyennant de multiples critères ? Va-t-on limiter la possibilité d’enfanter à 1 ou 2 enfants par couple ? Et dans ce cas, comment va-t-on faire pour contrôler qu’il n’y a pas d’infraction à la loi ? Et si infraction, que fait-on du troisième enfant, qui lui est bien vivant ?
- Va-t-on mettre en place une politique de stérilisation de masse tant que le permis n’est pas octroyé ?
- Comment savoir si l’enfant autorisé à vivre pourra se reproduire ? Que se passe t-il si l’enfant meurt prématurément ? Si l’enfant est stérile ?
- Avec le vieillissement de la population, ne va-t-on pas droit dans le mur pour nos systèmes de travail, de retraite, etc ?
- Comment faire respecter une telle mesure et s’assurer de son efficacité alors que les programmes de naissance unique mis en place en Chine, en Inde, au Vietnam ont tous été des échecs ?
- Et concrètement, comment cette mesure pourrait-elle être mise en place ?
Limiter le contrôle de la population, c’est laisser la possibilité de ne jamais enfanter et de ne jamais connaître les joies d’être parents, c’est risquer d’être sélectifs sur la population autorisée à enfanter et ne laisser cette possibilité qu’à ceux qui sont fortunés ou « de bonne famille ». C’est remettre profondément en cause notre société actuelle, et également créer un déséquilibre homme / femme dans la population. Saurons-nous nous adapter à tout cela ?
Alors, va-t-on devoir contrôler les naissances ?
Il faut arrêter avec les tabous de notre société ! A l’heure du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources naturelles, nous sommes en droit de nous demander si faire moins d’enfants ne serait pas un devoir humain, envers les futures générations. Nous devons réapprendre à concevoir que toutes nos actions ont un impact sur notre vie, sur notre planète, et potentiellement sur la vie des autres. Faire un enfant est un acte profondément égoïste par nature, mais je pense qu’il est nécessaire de dépasser ce stade et de réfléchir en communauté : Sauver la planète et assurer l’avenir de l’humanité est-il plus important que de satisfaire chacun à son besoin d’avoir des enfants ?
Il n’y a pas de réponse simple à cette question, mais elle devrait se trouver au cœur du débat sur le réchauffement climatique, là où elle est absente.
L’éducation et la sensibilisation des populations suffira t-elle, ou faudra t-il passer par des mesures impopulaires et liberticides sur le contrôle des naissances, pour assurer un avenir à la planète et à l’humanité ? Et si tel est le cas, comment va-t-on faire face aux profonds bouleversements que cela engendrera sur nos sociétés ?
[contenus_similaires]- Auteurs