La géo-ingénierie peut-elle vraiment résoudre la crise climatique ?

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La géo-ingénierie peut-elle vraiment résoudre la crise climatique ?
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Dans le but d’avancer vers un futur viable, durable et bénéfique, autrement dit souhaitable, on va devoir trouver un moyen de contrôler notre impact sur l’environnement, notamment sur le climat de la planète. Depuis qu’on a compris qu’il était possible de transformer la chaleur en mouvement avec le moteur à vapeur, on a précipité le changement climatique. Et si on adopte un point de vue macroscopique sur l’Histoire, on se rend compte que c’était plus ou moins inévitable. Difficile d’imaginer comment nos ancêtres auraient pu découvrir comment convertir l’énergie du soleil en électricité avant de découvrir la machine à vapeur et le charbon. En faite on pourrait même se dire que toute espèce intelligence qui développe la technologie arrive forcément à un moment dans son développement où elle aura un impact sur la planète. Si on suppose bien sûr qu’il y a une poursuite du développement technologique et pas une stagnation.

L’important est de reconnaître que l’impact est négatif et ensuite adapter nos technologies pour le rendre soit neutre, soit positif. Tout ça dépend en grande partie de l’énergie et de la façon dont on s’en procure. Surtout si on parle de l’impact atmosphérique de l’humanité. Les énergies dites renouvelables (éolien, solaire, nucléaire, hydraulique, géothermique) sont un meilleur choix que les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Bien que pas exempt de tout défaut. C’est donc une bonne direction à suivre.

Les types de géo-ingénierie

Mais il existe une autre option pour réduire l’impact de l’humanité sur le climat. C’est une discipline appelée géo-ingénierie qui consiste en un ensemble de technique visant à altérer à grande échelle l’environnement d’une planète, bien souvent lié au climat. Un exemple populaire en science-fiction c’est l’idée de terraforming. Rendre une planète habitable.

Mais en ce qui concerne le réchauffement climatique, de nombreuses propositions de géo-ingénierie ont été proposées. Il y a deux grandes catégories : 1) réduire la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – 2) Gestion du rayonnement solaire.

Dans la première catégorie, la technique la plus évidente est tout simplement de planter des arbres. Ils sont en effet un moyen d’absorber le CO2 de l’atmosphère et de relâcher de l’oxygène. Mais pour que ce soit vraiment un projet de géo-ingénierie, il faudrait un effort mondial avec des projets à très grande échelle, et pas un projet de repeupler une forêt local par exemple.

Ensuite on trouve une autre solution assez logique et relativement simple qui est appelée “Direct air capture”. L’idée est d’utiliser des gros ventilateurs et un processus de filtrage et procédé chimique pour extraire le CO2. Il peut être ensuite utilisé pour faire autre chose comme des briques ou être pompé dans le sol. On a exploré plus en détail cette technique dans une vidéo donc je vous invite à aller y jeter un oeil si ça vous intéresse.

Une autre technique de cette catégorie inclut la fertilisation des océans pour augmenter le phytoplancton qui capture le CO2.

L’autre grande catégorie de la géo-ingénierie appelée gestion du rayonnement solaire consiste simplement à réduire la température globale de la planète en atténuant les rayons du soleil. Cet objectif serait atteint en détournant la lumière du soleil de la Terre ou en augmentant la réflectivité de l’atmosphère ou de la surface de la planete.

Les différentes méthodes proposées incluent :

  • Étendre la surface de glace aux pôles et aux glaciers : en utilisant par exemple des couvertures isolantes ou de la neige artificielle ou en utilisant des matériaux réflectifs. Ce qui renvoie une partie des rayons du soleil.
  • En modifiant la troposphère: par exemple en blanchissant les nuages et ainsi augmenter leur réflectivité.
  • En modifiant la haute atmosphère avec la création d’aérosols réfléchissants, tels que les aérosols de sulfate stratosphérique ou d’autres substances.
  • Et enfin dans l’espace en ayant des sortes de parasols spatiaux qui obstruent le rayonnement solaire avec des miroirs spatiaux, de la poussière ou autre.

Une expérience risquée

Si tout ça sonne comme une énième tentative de l’être humain à jouer avec des forces qui le dépassent, c’est que ça l’est certainement. De nombreux paramètres sont à prendre en compte et il faut être très prudent si on s’amuse à bouleverser les processus de l’écosystème. Un retour de flamme est hautement probable. C’est pourquoi de plus en plus de chercheurs étudient la géo-ingénierie principalement à l’aide de simulations informatiques ou de petites expériences en laboratoire pour explorer si cela fonctionnait vraiment, quelles sortes de particules pourraient être utilisées et quels effets secondaires environnementaux cela pourrait avoir.

La modélisation informatique montre systématiquement qu’elle réduirait les températures mondiales, l’élévation du niveau de la mer et certains autres impacts climatiques. Mais certaines études ont montré que des doses élevées de certaines particules peuvent également endommager la couche d’ozone, modifier les précipitations mondiales et réduire la croissance des champs dans certaines régions.

Il y a aussi une longue liste d’efforts aux États-Unis et en Chine, entre autres, pour ensemencer des nuages avec des particules afin d’augmenter la neige ou les précipitations. Mais les résultats sont mitigés et la modification de la météo locale est loin d’être aussi complexe qu’un projet de géo-ingénierie mondial.

Il va sans dire que la géo-ingénierie est une discipline controversée. Les critiques soutiennent que parler ouvertement de la possibilité d’inverser le changement climatique atténuera la pression pour s’attaquer à la cause profonde du problème: l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Une technologie qui ne connaît pas de frontières nationales pose également des questions géopolitiques complexes. Qui devrait décider, et qui devrait avoir son mot à dire, si nous poursuivons un tel effort? Comment fixer une seule température moyenne mondiale à atteindre, car elle affecte différentes nations de manières très différentes? Et si nous n’arrivons pas à trouver un consensus sur le déploiement de ces technologies, est-ce qu’une nation ou une entreprise le fera quand même lorsque les catastrophes climatiques se multiplieront? Si oui, est-ce que ça pourrait déclencher des conflits?

Certains soutiennent que c’est tout simplement stupide de contrecarrer un polluant avec un autre, ou d’essayer de réparer un échec technocratique avec une solution technocratique.

Une dernière préoccupation est que la modélisation et les expériences en laboratoires ont des limites. Nous ne pouvons pas vraiment savoir dans quelle mesure la géo-ingénierie fonctionnera et quelles seront les conséquences jusqu’à ce que nous l’essayions réellement. Ce qui n’est pas rassurant. Mais nous avons déjà connu ça. En 1945, lors du Trinity test aux États Unis, certains scientifiques comme Edward Teller pensaient qu’une explosion nucléaire créerait une température sans précédent qui pourrait éventuellement déclencher une réaction en chaîne, brûlant l’atmosphère tout entière. Ce ne fut pas le cas. Ou plus récemment avec la construction du LHC à Genève qui parmi les craintes, auraient peut-être pu créer un trou noir. Mais les scientifiques en charge du projet avaient suffisamment de certitude basée sur des calculs extrêmement précis pour aller de l’avant. Et ils ne l’auraient pas fait si il y a avait ne serait que 1% de risque qu’un trou noir se manifeste à la suite de la mise en marche du collisionneur de particule.

A-t-on le choix ?

C’est ce niveau de certitude qu’il faut atteindre si l’on veut procéder avec une méthode de géo-ingénierie. Mais une situation qui pourrait être dangereuse c’est de se retrouver dos au mur. Avec un réchauffement climatique qui nous échappe complètement, et qu’en dernier recours, nous optons pour une solution drastique de géo-ingénierie. Certes, ça pourrait nous “sauver”, mais être dans l’urgence et la précipitation pourrait aussi réduire les préparatifs nécessaires pour s’assurer que l’on a calculé tous les paramètres, et finir par créer une situation encore pire.

Mais en faite, dans une certaine mesure on est déjà en plein milieu d’une expérience de géo-ingénierie. En brûlant des quantités massives de combustibles fossiles. C’est juste une expérience très stupide qui aurait dû être arrêtée dès qu’on a compris les effets.

Mais il est clair que pour la plupart des scientifiques, la géo-ingénierie ne peut pas être un substitut à la transition vers les énergéties durable. On ne peut pas envisager un monde où l’on continue de pomper du gaz à effet de serre sans remords, car on a des solutions pour l’inverser.

Si on déplace l’horizon temporel un peu plus loin, alors la géo-ingénierie est probablement une discipline qui sera maitrisée par nos descendants. C’est en tout cas dans ma conception d’une civilisation ayant atteint la maturité technologique. Après tout si on devient une civilisation de Type 1, ça fait partie de la définition. Et si on obtient les capacités technologiques pour terraformer Mars alors régler la température de la terre comme si c’était un thermostat devrait être trivial. Mais là, on dépasse le cadre de cette vidéo.

Que pensez-vous de la géo-ingénierie? Bonne ou mauvaise idée? Quelle technique vous parle le plus? Dites-nous tout ça dans les commentaires.

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