Une Science Fiction réaliste au 21ème siècle ?

On a tendance à voir arriver de plus en plus d’oeuvre de Science Fiction qui semble privilégier désormais le coté “Science pur” au dépend de la fantaisie … Est ce parce que nous vivons dans un monde beaucoup plus imprégner par la Science ?
Voyons ce qu’en pense quelques auteurs.
Kim Stanley Robinson : “Je pense que si j’écris de la Science Fiction, c’est que c’est pour moi le genre idéal pour écrire sur notre époque. La raison : Nous vivons dans un gigantesque livre de Science Fiction que nous co-écrivons tous ensemble”.
Il y a en effet une sorte de schizophrénie avec l’envie de vouloir décrire le monde tel qu’il est et celle de vouloir raconter des faits qui sont impossibles aujourd’hui. Une difficulté que Robinson arrive à gérer en se limitant à la Science et la technologie que nous connaissons. Cette stratégie lui a permis d’être l’un des leader de la “Hard” Science Fiction. La Science fiction qui met la véracité scientifique en son cœur.
Par exemple, dans son dernier roman “Aurora”, le vaisseau est équipé de haute technologie comme une imprimante capable de créer n’importe quel objet désiré par l’équipage ou encore d’un ordinateur quantique si développé qu’il se demande si il ne devrait pas dire “Je”. Par contre, la mission se déroulant au 26ème siècle en direction d’une étoile à 11,9 années lumières de la Terre n’utilise aucune technologie tel que distorsion de l’espace temps, vitesse supra-luminique ou nanomachine. Robinson opte donc pour une Science Fiction qui se contente de mettre à jour les technologies actuelles en les poussant plus loin, plutôt que d’en imaginer de nouvelles.
“Comme l’adoption des téléphones portables ou la population de lapin sur une île, les choses ont tendance à croître doucement, puis accélérer jusqu’à atteindre un point de saturation, une limite naturel propre au système” et selon Robinson, la technologie et la Science fonctionne de même. “Ce n’est pas parce que nous sommes dans une phase d’accélération du progrès que cela va continuer”. Il prend exemple des problèmes climatiques qui pourrait ralentir tous progrès dans un avenir proche.
Pour l’écrivain Britannique Alystair Reynolds, la plus part des histoires se déroulant 100 voir 1000 ans dans l’avenir appartiennent plus à l’art qu’à la Science. “Nous sommes au début du 21ème siècle, 200 ans après la révolution industrielle. Nous n’avons pas énormément de donnés pour prédire l’avenir. Quelque soit la courbe sur laquelle nous nous trouvons, nous ne sommes qu’au début. C’est parfaitement concevable que les problèmes climatiques, la stagnation de la physique théorique ou les bouleversements sociaux stoppe le progrès technologique. Mais il faut bien comprendre que le simple fait de dessiner une courbe linéaire à partir du passé, ne nous permet pas de prévoir avec justesse le futur.
Ces auteurs de la “Hard Science Fiction” sont à la pointe des recherches technologiques recherchant sans cesse dans les revues spécialisées quelles sont les technologie pre-alpha qui risque d’être une tendance. Mais il ne faut pas pour autant défendre leur travaux en les considérant plus réaliste que les auteurs “fantaisiste”.
Ann Leckie, qui situe l’action de sa saga “La justice de l’ancillaire” des milliers d’années dans le futur voit bien la distinction entre les technologies plausibles basées sur la notre et le type de technologie qui est, comme l’a dit Arthur C.Clarke, si avancée qu’elle est indissociable de la magie. Selon elle, “Même dans la vie quotidienne, le “indissociable de la magie” est dépendant du sujet et n’est pas intrinsèquement lié à une technologie.
Du coup, parfois, elle remonte la branche d’une technologie qu’elle souhaite pour la faire fonctionner dans son roman, mais il arrive aussi qu’elle invente une variation des trou de verre car elle en a besoin pour expliquer les voyages interstellaires. En tant qu’écrivain de fiction, elle n’a pas à se justifier si la technologie qu’elle utilise est complètement absurde ou très réaliste. Pour elle, la Science c’est bien, c’est important de la prendre en considération mais la fiction reste une part important du genre.
Pour Robinson, le cadre narratif fourni par la science-fiction tire profit de sa capacité à combiner les deux éléments qui donnent son nom au genre. “Science” et “fiction”.
« ‘La Science implique la connaissance du monde qui nous entoure afin d’être tous d’accord sur ce que l’on considère comme notre réalité. La Fiction implique des valeurs et des significations, les histoires que nous racontons pour saisir la signification des choses. On a donc un genre qui prétend être un pont entre les deux.
« Est ce qu’il l’est ? Eh bien, non, pas vraiment … mais il peut essayer. »
On dit souvent que la réalité rattrape la fiction et certaines technologies semblent être tout droit sortie d’un livre de Science Fiction. Est ce que la Science Fiction doit être realiste au 21eme siecle ? Et bien n’oublions pas ce qu’a dit Arthur C.Clarke :”si une personne donnait des prédictions, qui après un siècle, s’avéreraient exact, le contenu de ces prédictions sembleraient si insensés et absurdes que ses contemporains riraient de vive voix”
Alors je conclus juste par dire que ce serait dommage de laisser tomber la fantaisie en se raccrochant uniquement à la Science pure. Demain sera forcement fantaisiste, autant se lâcher aujourd’hui pour essayer d’imaginer l’avenir … non ? La balance entre les deux reste à mon avis, la meilleure option.