Mal entendu

Pierre avait rendez-vous avec Véronique, son assistante sociale. Mais il était en retard et décida de rouler légèrement plus vite que la vitesse autorisée. Grossière erreur. Une voiture de police l’arrêta en un rien de temps. Un jeune policier s’approcha de la fenêtre côté conducteur :
– Bonjour, Monsieur, vous vous prenez pour un pilote de course aujourd’hui ?
– Un rendez-vous important, désolé.
– Identité svp !
Pierre se pencha vers la boîte à gants. Le policier le regarda et commença à paniquer. Il sortit son arme et mit en joug Pierre qui sortit une carte d’identité de la boîte à gants en la montrant au policier. Mais étonnamment, la jeune recrue ordonna à Pierre de sortir de sa voiture. Il contacta son supérieur en se connectant directement au poste de police via un implant de communication. Son supérieur lui demanda de faire venir Pierre au poste.

Le chef de police, l’agent Chip, regarda la caméra embarquée de l’agent de police lors de l’arrestation de Pierre. Il le faisait via son implant rétinal. Pierre se trouvait assis en face de lui dans son bureau du poste de police.
– Je comprends… C’est un mal entendu monsieur Martin. C’est juste que vous n’avez pas de RFID et nos jeunes recrues ne sont pas habituées aux cartes d’identité, alors…
– RFID ? Demanda Pierre
– Une puce d’identification généralement placée dans la paume de la main, répondit l’agent Chip en montrant sa main droite. Je veux dire… De nos jours, seuls les terroristes n’en ont pas !
– Terroriste ! S’exclama Pierre, vexé.
– Oui… C’est ça… mais vous n’en êtes pas un… n’est-ce pas ? Enfin bref… Tout le monde a une RFID maintenant alors…
– C’est bien le problème, je ne suis pas tout le monde ! Et votre machin n’est pas obligatoire à ce que je sache!
L’agent Chip s’adossa profondément dans son siège de bureau. Pierre le regarda d’un air désinvolte.
– Non. Vous avez raison et on s’excuse pour tout ça d’ailleurs… votre arrestation. Bon après, il faut les comprendre ces jeunes, on ne les a jamais formés aux pièces d’identité. Je veux dire, aux vues de l’évolution des lois et de la société, ces formations seraient trop chères et obsolètes, alors vous voyez…
– Je vois … Donc si je veux éviter de me promener en armure pour encaisser les “mal entendus” des jeunes recrues il faut que je me mette un implant d’identification qui me tracera comme un animal, c’est ça ?
– De toute façon ça risque bientôt d’être obligatoire… sinon, des personnes comme vous, hors du système, peuvent devenir des terroristes, je suis sûr que vous comprenez !
– OK… Et si votre RF machin truc je me la mets dans le cul, vous viendrez me la scanner mon identité?
L’agent Chip se mit à rire pendant plusieurs secondes. Pierre en était presque gêné.
– Certaines personnes refusent de se faire implanter, dit l’agent Chip. D’avoir une puce dans leurs corps. Parce qu’ils ont peur de ne plus se sentir “eux même” ou parce qu’ils veulent rester naturels. Mais il ne faut pas être un génie pour comprendre les bénéfices de ces technologies. Prenons un exemple, j’ai une puce implantée dans mon corps qui surveille ma biochimie pour savoir instantanément si je suis en train de consommer trop de glucose ou si j’ai un excès de cholestérol. Elle m’indique exactement sur mon doigt, le taux de sucre dans mon sang. Cette puce dialogue avec mon téléphone, mon ordinateur et mon environnement. Elle m’aide à me nourrir plus sainement. Lorsque j’ai un niveau de cholestérol trop élevé, mon frigo me prépare un jus de fuit sur mesure pour me rééquilibrer. Elle surveille aussi mon cœur et me conseille d’aller faire un peu d’exercice lorsque j’en ai besoin. Bref ! Pour résumer, grâce à cette petite puce implantée dans mon corps, je me maintiens en bonne santé et je vais vivre 2 fois plus longtemps que si je ne l’avais pas ! Tout le monde a le droit d’avoir mon point de vue bien entendu !
– Est-ce que je peux partir ? demanda Pierre, sans se préoccuper du monologue de l’agent Chip.
L’agent Chip lui répondit avec un simple mouvement de tête, mais lorsque Pierre atteignit la porte, il ajouté : On se reverra Monsieur Martin. J’en suis sûr …

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