Génération H+

C’est lorsque l’hiver débuta que Pierre se mit à construire son projet. Habillé d’un gros manteau et d’un bonnet, il tapait avec un marteau sur une grosse coque posée sur une grosse structure en métal et en plastique formant une sorte de machine. Il prit un tournevis et vissa quelque chose quand son téléphone sonna. Il s’agissait d’un vieux modèle de smartphone populaire lorsqu’il était plus jeune. Son fils, Anthony, se trouvait au bout du fil. Le fils de Pierre fait partie de ce que l’on appelle la “Génération Implant” ou “H+”. Il a tout testé, légalement et illégalement avec ces potes Body hacker. Il a récemment échangé son bras avec une prothèse qui, apparemment, décuple la force et la rapidité de ses doigts. Il lui proposa un appel vidéo. Pierre se rendit au chaud dans sa caravane. :
– Alors fils, ça va ?
Dans une cave, des câbles reliés à des ordinateurs traînaient partout. Plusieurs jeunes travaillaient en bidouillant des câbles, branchant des machines, s’implantant des puces dans le corps, attrapant des objets métalliques à distance. Anthony, un jeune homme au bras robotique, discutait avec Pierre en vidéoconférence.
– Écoute P’pa, je te l’ai déjà dit 1000 fois. Laisse-moi t’aider. Avec mes potes on peut te mettre l’implant que tu veux, et pour quasi rien par rapport au prix du marché. On t’offre la pose, faut juste acheter la marchandise. Et t’inquiètes, on a de bon contact et pour pas cher. Tu sais, le marché noir !
Une jeune femme à côté du fils d’Anthony souriait. Son œil était très luminescent. Plusieurs diodes clignotaient sur son visage et son coup, indiquant qu’elle possédait de nombreux implants. C’était la petite copine d’Anthony.
– Ouais, on peut te changer la vie mec ! dit-elle.
– Terminé les problèmes de job, ou de connexion au net. Ajouta Anthony, sans parler de ton œil, tu va découvrir un autre monde … AHHHHH ! Il cria soudainement puis se retourna en se touchant la tête.
Merde Ray ! ne me balance pas des images comme ça, t’es dingue ou quoi !
Un individu dans le fond de la pièce éclata de rire et tapa dans la main d’une jeune femme.
– Qu’est ce qu’il se passe? demanda Pierre, surpris.
– Télépathie artificielle, on s’est tous mis des implants bricolés dans le crâne pour échanger des trucs, tu vois, à distance. Enfin bref ! Alors on fait quoi?
– Je ne sais pas… répondit Pierre, c’est vrai que j’aimerai bien retrouver une vue totale, mais… Je n’ai pas confiance dans ces trucs électroniques…
– Tu sais, la recherche médicale a fait d’énormes progrès et a facilité la vie de nombreuses personnes avec ça. On redonne même la vue aux aveugles !
– Ouais, mais je suis sûr qu’un jour où l’autre vous allez tous finir par chopper des saloperies. Moi je ne veux pas attraper un de vos virus d’ordinateur…
– Tu ne peux pas chopper de virus d’ordinateur P’pa.
– Parce que t’es dans la médecine maintenant?
– Bon P’pa! Je dois te laisser il y a Ray qui n’arrête pas de me saouler avec ses images. On se rappelle et réfléchis-y entre temps tu veux ? Bye. Anthony coupa la communication.

Pierre resta quelques secondes devant l’écran noir de son smartphone puis se rendit devant le tableau plein d’équations. Il saisit une photo accrochée sur le bord et la regarda longuement. Elle montrait sa femme et son fils alors âgé de 5 ans. Avec détermination, il murmura : “Je vais y arriver !” …

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