L’adieu à ce monde

chapitre 5/5 de la série Implants pour tous
Tout public Fiction • Temps de lecture : 5 minutes
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Implants pour tous
  • chapitre 01
  • chapitre 02
  • chapitre 03
  • chapitre 04
  • chapitre 05

Sur un grand panneau informatif projeté, un message apparut suivi d’une voix off artificielle. Tous les passants s’arrêtèrent immédiatement. Pierre était en train de sortir du bureau de Véronique, son assistante sociale. Il regarda le panneau informatif :
“Message à caractère informatif. Suite à l’approbation de notre gouvernement, chaque citoyen doit se rendre à l’administration la plus proche afin de se faire implanter la puce RFID sous peine d’arrestation pour terrorisme. Vous avez jusqu’à la fin du mois. Merci à tous pour votre compréhension. Chacun de vous est là pour un monde meilleur.”
Pierre eut du mal à le croire. Sa volonté de ne pas porter un implant allait le transformer en terroriste aux yeux de la société. Véronique sortit du bâtiment et appela Pierre :
– Je sais que c’est contre tout ce en quoi vous croyez, mais vous n’avez pas le choix Pierre !
– Que va-t-il se passer ? répondit Pierre, dépité.
– Vous devez vous rendre au plus vite dans un bureau administratif pour vous faire poser une RFID. Je peux vous accompagner si vous le souhaitez, dit Véronique en posant sa main sur son épaule.
– Inutile ! Je sais où c’est !
Pierre partit sans se retourner.

Pierre avança dans une file d’attente en regardant le sol.L’agent Chip se trouvait à côté de lui, le sourire aux lèvres. Une hôtesse administrative derrière un guichet faisait passer une à une les personnes de la file d’attente. Elle portait un costume plastifié et moulant. Elle souriait avec le regard fixe. Seul un bruit sec retentit à chaque passage d’une personne qui correspondait à la pose de l’implant. L’agent Chip s’approcha de Pierre :
– Bonjour, Pierre, comment ça va ?
Pierre l’ignora.
– Alors, prêt pour la RFID ? Ah au faite, ne vous la mettez pas dans le derrière hein, c’est bien dans la paume de la main qu’il faut l’implanter ! Dis l’agent Chip en souriant. Allez, ne faites pas cette tête ! C’est une merveille de technologie intelligente. Non seulement cette nouvelle RFID nous permet de pouvoir connaitre l’identité et localiser n’importe quelle personne afin de mieux protéger les citoyens, mais en plus de ça, elle est capable, grâce au code génétique de chaque individu, de leur déterminer le métier où ils sont le plus compétents… Avec un truc pareil, imaginez la rentabilité de dingue… Moi, l’ordinateur a conclu que je devais être policier… Comme quoi, j’avais fait le bon choix depuis le début !
Pierre s’avança devant le bureau et tendit son bras, paume de la main vers le haut. L’hôtesse pris sa pince munie
de l’implant, attrapa la main droite de Pierre et lui “agrafa” l’implant dans la paume. Un bruit sec retentit. Elle conclut l’opération par un “Suivant”.

C’est comme ça que l’implant de Pierre a déterminé qu’il avait toutes les compétences requises pour être responsables en recyclage de composants électroniques intelligents. Son travail était très simple. Une table avec une multitude d’implants posés en vrac. Une bassine verte à droite et une rouge à gauche. Après une semaine de recyclage dans son nouveau job et après avoir vu passer 9452 implants, il prit une décision radicale. Il enleva sa puce RFID de sa main droite à l’aide d’une grosse pince. Il plaça l’implant dans un verre d’eau qui se colora de rouge.

Le lendemain, Véronique se rendit à la caravane de Pierre. Il était en train de brancher des fils à l’intérieur de sa machine :
– Ah c’est vous, dit Pierre. Vous avez pu me prendre des poireaux ?
– Non, il n’y en avait plus répondit Véronique.
– Ah! Bon… Essayez dans avoir demain.
– Pierre… J’ai une mauvaise nouvelle…
– Pire que les poireaux ?
– La police a placé un avis de recherche à votre encontre. Vous êtes considéré comme un terroriste aux yeux de l’état.
Pierre ne dit rien tout en continuant ses travaux.
– Vous m’avez entendu? Rajouta Véronique.
– Oui, oui, fit Pierre. Je suis un terroriste. La raison du plus fort est toujours la meilleure et la raison du plus faible est souvent oubliée.
– Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne vous attrapent.
– Justement en parlant de temps, je vais partir demain donc ne venez pas trop tard.
– Pierre! Vous voulez rester un fugitif le restant de votre vie !
– Il vaut mieux une absence remarquée, qu’une présence insignifiante.
– Pierre. Vous savez que je vous soutiens, mais… vous ne pourrez pas vous cacher indéfiniment… Cloîtré dans votre caravane à attendre que je vous apporte à manger. Enfin… Ce n’est pas une vie.
– La vie est dure et on meurt… le contraire c’est la mort est douce et on vit… ou la mort est molle et on dure ?
L’assistante sociale regarda Pierre sans trop comprendre. Elle fit le tour de la machine :
– Qu’est ce que vous bricolez ?
– Ben… Ma machine à remonter le temps. Je fais une dernière vérif avant de partir.
– Écoutez Pierre. Je sais que vous n’aimez pas ce monde, mais… Pour tout vous dire, moi non plus au début… mais je l’ai accepté… Et je peux vivre normalement sans fabriquer des machines à remonter le temps. Je veux dire… Je vais voir du monde, j’ai une vie sociale… avec des amis ou ma famille. Je suis sûre que ça vous plairait…
Pierre s’arrêta de bricoler un instant et se releva.
– Ma famille… Ma femme est morte depuis longtemps et mon fils s’est égaré dans le monde des transhumains surimplantés… la chose la plus vivante chez lui désormais, c’est sa montre… Alors ne me parlez pas de famille… Et sinon ma vie sociale est plutôt épanouie puisque vous venez tous les jours m’apporter de la nourriture et me faire chier avec vos implants.
– Et je continuerai à le faire tant que je le pourrai. Allez je vous laisse. A demain…
L’assistante partit dans la forêt. Pierre jeta un dernier coup d’oeil à sa machine. La puce RFID n’étant pas
désactivée complètement, la police n’eut aucun mal à retrouver la trace de Pierre. Et c’est ainsi qu’on revient au temps de référence en quittant le flash-back instauré dans l’épisode 02.

La neige s’intensifie. Une épaisseur de 5 cm recouvre le toit de la caravane tel un matelas d’écume. Face à l’agent Chip, arme pointée sur lui, Pierre sourit doucement et baisse les mains. Il se rapproche de la bâche, la saisit et tire brusquement dessus.
– STOP ! Hurle l’agent Chip. Je vous préviens, je vais tirez si … mais qu’est ce que c’est que ça !
La machine à voyager dans le temps est dévoilée. Pierre monte à l’intérieur et met son casque d’aviateur. Véronique ne sait pas quoi faire.
– C’est une arme de terroriste hein ! Demande l’agent Chip. Descendez de là et promis, je vous place non pas en prison, mais dans un asile de fou !
Véronique se place entre le chef de police et Pierre :
– Arrêter, ce n’est pas une arme, crie Véronique. C’est juste une machine à voyager dans le temps !
L’agent Chip la regarde, sans rien dire. Pierre tourne la tête en sa direction et sourit. Il actionne un levier. L’agent Chip fait un mouvement de recul. Un moteur se met en marche, un petit moulin à vent, fixé à l’avant de la machine, tourne à plein régime et de la vapeur s’échappe de partout.
Après quelque seconde, rien ne se passe. Véronique baisse les yeux un instant, fixant le sol. Au fond d’elle, elle y croyait. Elle relève le regard et remarque que l’agent Chip vise et s’apprête à tirer ! Elle se décale rapidement. Le coup de feu part. Soudainement Pierre et sa machine disparaissent. Un lourd silence intervient. L’agent Chip regarde partout autour de lui et lâche un petit : “Non !”.
Véronique est au sol, du sang s’écoule sur la neige. Elle décroche un petit sourire et regarde la photo qu’elle a dans les mains. Elle a les larmes aux yeux en voyant la famille de Pierre. Elle sait qu’il est désormais retourné auprès d’eux. Dans un monde où il a sa place. Sur la photo, Pierre apparaît au côté de sa femme et son fils en fondu progressif.

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