Vers un monde sans travail ?
Quelqu’un a un jour dit que l’Intelligence Artificielle (I.A) pourrait être la dernière invention de l’être humain et en voyant l’évolution de l’informatique, c’est peut-être vrai ! Est-ce qu’on devrait s’en réjouir ? Possible. C’est en tout cas ce que pense l’entrepreneur en I.A, Fabian Westerheide lors d’une conférence.
L’intelligence artificielle n’est pas un concept récent. Les anciens grecs, les Romains ou encore la Chine médiévale avaient des idées similaires concernant des machines faites à l’image de l’homme. Notre histoire a façonné cette idée que nous allons créer des machines qui nous ressemblent, pensent et voient le monde comme nous. Par contre, ce concept semble avoir resurgi à Hollywood et dans la littérature SF durant la dernière décennie avec quantité d’œuvres parlant de ce sujet. Pourquoi ? La raison se trouve dans trois facteurs récents :
– L’augmentation des capacités de calcule informatique : Grâce à la loi de Moore, vous possédez autant de puissance dans votre smartphone qu’il en a fallu pour envoyer un homme sur la Lune en 1969. Tous les 18 mois, les ordinateurs diminuent par 2 leur taille, coûtent 2 fois moins cher et doublent leur capacité, en gros ! Imaginez si tous les 18 mois, vous deveniez 2 fois plus intelligents ! Que feriez-vous ?!
– L’explosion des données : Grâce à l’évolution d’internet, nous produisons une quantité ahurissante de données qui sont traitées par les machines. Smartphone, ordinateur, tablette, peut importe ce que vous faites, tout est sauvegardé quelque part sur un serveur. Et des entreprises comme Google ou Facebook utilisent ces données pour nourrir leurs algorithmes d’intelligence artificielle.
– L’apprentissage automatique (Machine learning): Ce domaine de l’informatique signifie qu’aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de tout programmer en entrant des centaines de lignes de codes. Avec l’apprentissage automatique, les ordinateurs sont capables de modifier eux même leur programmation en fonction de leurs expériences. Et avec le “Deep learning”, les ordinateurs sont basés sur un modèle semblable aux systèmes nerveux dans notre cerveau. Plus une connexion entre deux “points” est utilisée correctement, plus elle sera renforcée. C’est comme lorsqu’on apprend à conduire à 18 ans. On doit apprendre toutes les règles, le Code de la route, etc. puis après 10 ans d’expérience, ça devient instinctif. Les machines s’améliorent d’elle même et c’est un véritable progrès effectué dans ce domaine.
Ces trois avancées nous amènent dans une nouvelle ère : Celle de l’intelligence artificielle restreinte (ou limitée). C’est-à-dire que ces machines sont très intelligentes dans un domaine spécifique et non global, d’où le “restreinte”. Nous n’avons plus à programmer une machine pour lui dire comment apprendre. Elle apprendra d’elle-même. On lui donne une tâche qu’elle va résoudre plus rapidement, et d’une façon dont nous n’avions même pas idée. À vrai dire, l’intelligence artificielle restreinte est déjà là. C’est juste qu’on ne la remarque pas. Google l’utilise pour son moteur de recherche afin de savoir ce que vous allez chercher, avant même que vous ne le tapiez sur le clavier via les suggestions. Netflix l’utilise pour vous proposer le contenu le plus approprié par rapport à vos goûts avant même que vous ne vous le demandiez. Et même si ce n’est encore pas votre voiture quotidienne, vous avez tous déjà vu des images des voitures autonomes (Google Car, Tesla, BMW, etc.). Elles utilisent une intelligence artificielle restreinte. Il y a 10 ans, ça paraissait un futur lointain, aujourd’hui c’est déjà là !
Et ce n’est que le début, car tous les objets pourraient être dotés d’une intelligence artificielle restreinte sans qu’on s’en aperçoive vraiment. Ce sera là, ça fera des trucs pour nous, ça nous aidera. Ce qui signifie que les machines travaillent ! Elles travaillent pour nous et c’est bien pour ça qu’on les invente. Et elles travaillent 24h/24, 7j/7. Elles ne se plaignent pas, ne veulent pas d’augmentation, ne font pas grève. Plus on les utilise, moins elles coûtent cher et plus elles sont efficaces. Je parle évidemment des travaux qui ne nous épanouissent pas. Se lever le matin avec le sourire aux lèvres à l’idée d’aller travailler est réservé à une minorité, il faut bien l’avouer. Mais les machines feront les travaux physiques que nous n’aimons pas faire comme la construction. Les travaux ennuyant et déshumanisant comme les chaînes d’assemblages. Les travaux dangereux comme l’extraction minière. Nous utiliserons aussi les machines pour penser à notre place lorsque nous n’en avons pas envie. C’est déjà le cas.
À la fin du 20e siècle, on utilisait ça pour circuler :
Aujourd’hui, on utilise ça :
Et quel est le bénéfice de ces machines pour nous ? Et bien tout simplement plus de temps. Du temps pour quoi ? Pour vivre bien sûr. Le temps est une ressource précieuse. Probablement LA plus précieuse. Nous avons une espérance de vie d’environ 80 à 85 ans dans les pays développés. Travailler 40h par semaine pendant 65 ans n’est pas forcément la meilleure option non ? Si vous aviez le choix ? Lorsque les machines travaillent pour nous, cela signifie plus de temps pour vivre ce qu’il y a d’important. La famille, les amis. Plus de temps pour voyager, créer, expérimenter, lire, découvrir, apprendre, aimer. Plus de temps pour aider la communauté, la ville, les autres. En d’autres termes, lorsque les machines travaillent pour nous, nous avons plus de temps pour être Humain.
Le problème c’est que nous vivons dans une société façonnée autour du travail humain. Donc lorsque des machines débarquent avec une meilleure productivité, le résultat c’est la suppression d’emplois. Et ça ne va pas aller en diminuant. D’après certaines estimations, 50 millions d’emplois seront supprimés en Europe d’ici la prochaine décennie, remplacée par des machines, robots ou ordinateurs. Services client, vendeurs, chauffeurs de taxi, routiers, interprètes, guides touristiques, libraires, banquiers, cuistots de fast-food, analystes financiers, traders … la liste est longue. Beaucoup de sociétés embaucheront moins de salariés, car l’intelligence artificielle sera intégrée à des systèmes qui feront des tâches plus rapidement que 10 humains. L’équation est simple : Moins de personnes pour atteindre une plus grande productivité.
Cela viendra progressivement. Dans un premier temps, l’intelligence artificielle sera présente avec vous, dans votre emploi. Elle vous aidera grandement en augmentant l’étendue de ce que vous pourrez faire. Ensuite, elle sera capable de se passer de vous, mais vous ne pourrez plus vous passer d’elle. Si vous travaillez quotidiennement avec un ordinateur, vous serez très vite concerné. Si vous travaillez au contact d’humain, dans le social par exemple, alors ça ne sera pas pour tout de suite, mais des progrès sont également fait dans ce domaine-là.
Alors ça sonne un peu comme la fin du monde, ou en tout cas, comme quelque chose d’hyper négatif. En réalité, nous ne devons pas en avoir peur. Il faut plutôt en parler. Discuter et être conscient que c’est un train qui a déjà quitté la station et qui sera bientôt là. Si l’on regarde les 150 dernières années, on remarque que le niveau de vie moyen planétaire s’est vraiment amélioré.
– Espérance de vie : + 150%
– Richesse : + 600%
– Temps de travail : – 50 %
Nous vivons la meilleure époque dans l’histoire de l’humanité. Même si nous avons du mal à le réaliser. Donc cette tendance de travailler moins et mieux vivre ne date pas d’hier et est apparu, car nous avons adopté la technologie au cœur de nos sociétés. Cette tendance continue de manière exponentielle et l’arrivée de l’intelligence artificielle marque un tournant majeur.
Si rien ne change dans nos sociétés, alors oui, de nombreux problèmes vont émerger. Le taux de chômage va exploser, la fracture sociale également. Nous devons réfléchir à un nouveau système. Un système qui s’oriente sur le fait que nous n’avons plus à travailler. Ce n’est plus OBLIGATOIRE pour être un citoyen et bien vivre. Une société future où on travail seulement si on le souhaite. Pour faire ce qu’on aime, exercer nos passions. Si tous les travaux pénibles qui nous mines le moral tous les matins sont exécutés par des machines, alors on pourra se lever avec une motivation débordante pour travailler dans ce que l’on aime. Et dans cette société future, nous n’aurons pas à travailler pour gagner de l’argent. Travailler aura un sens bien plus profond.
Nous devons réfléchir à la transition entre une société où l’on doit travailler pour survivre, à une société où travailler n’est qu’optionnel. Où un travail n’est pas nécessaire pour bien vivre. (Et je ne crois pas du tout à cette tendance à penser que si on travaille pas, on s’ennuie !!!)
Il est facile de se dire que tout changement sociétal est impossible, car le système est trop ancré dans ces rouages. Mais c’est parce que nous avons la tête dans le guidon que nous n’arrivons pas à avoir une vision plus large. En réalité, les sociétés changent. Il fut un temps où l’esclavage était le point central de la société et pourtant, lors de son abolition, le chaos n’a pas suivi. Au contraire.
Les machines vont à terme, nous affranchir du travail et la société doit évoluer pour adopter cette nouvelle tendance. C’est un challenge difficile qui accompagne, comme toujours, l’arrivée d’une nouvelle technologie.
[contenus_similaires]- Realisation
- Commentaire voix off
Tres interessant.. Mais comment une societe sans-emploi peut-elle fonctionner? OK, on sait que c’est les machines qui traivallerons pour nous, mais comment eviter qu’elles ne travaillenent pour qu’une partie restreinte de la population (elite)? Comment la “useless class” de Yuval Noah Harari peut-elle faire pour toujours compter dans les prises de decision?
Des idees…?