Les grandes évolutions technologiques sont-elles pour un futur lointain ?
J’aimerais parler d’un problème qui me semble essentiel et dont je n’entends pas beaucoup de solutions. Mais avant d’entrer dans le coeur du sujet, on va commencer par regarder d’un peu plus près l’époque dans laquelle on vit. Et pour faire cela, rien de mieux qu’un gros zoom arrière sur la timeline. Oui, mais Gaëtan, quelle timeline ? Oh ben on va en faire plusieurs, mais je pense qu’au bout d’un moment, on ne peut pas aller plus loin que la timeline de l’Univers : 13.8 milliards d’années c’est une grosse frise chronologique. Enfin ceci dit, il en existe peut-être des plus grandes ! Mais vaut mieux se concentrer sur ce que l’on connait !
Donc, commençons pas la timeline de l’histoire d’Homo Sapiens. On a des dates clés comme la révolution cognitive c’est-à-dire l’émergence des premières formes de langages basée sur une représentation fictive de la réalité et également la migration d’Homo Sapiens hors d’Afrique. (70 000). La 1ere révolution agricole lorsqu’on a inventé l’agriculture et la domestication (12 000). La révolution scientifique (500). La 1ere révolution industrielle (200). Et la sortie de Star Wars en 1977. Des dates importantes vous en conviendrez !
La majorité de ce que l’on considère comme le passé – L’Histoire présente dans les bouquins d’école – c’est à dire l’Empire romain, L’ancienne Égypte, Napoléon, les deux guerres mondiales, le Moyen Age, les philosophes grecs, 300 ! Tout ça, et bien c’est vraiment de l’histoire moderne ! Pendant 60 000, Homo Sapiens se résumait à des petites tribus de chasseurs/cueilleur dans la savane de l’Afrique de l’Est. Et d’autres humains ne faisaient pas grand-chose de plus en Europe (Homo neanderthalensis) et Asie (Homo Erectus). C’est seulement il y a 12 000 ans que les choses se sont emballées. Et depuis, on semble avoir décidé de faire un sprint olympique avec Usain Bolt ! Les 2 derniers siècles, c’est à dire depuis la 1ere révolution industrielle, c’est minuscule à cette échelle. Pourtant, presque tout ce que l’on prend pour acquis dans la vie de tous les jours s’est fait dans cette toute petite tranche ! Essayer de saisir ce que ça implique, et de prendre le recul nécessaire pour avoir une vision plus claire du présent. Et aussi d’envisager l’avenir.
Ce serait intéressant de savoir comment un type du passé verrait le monde d’aujourd’hui non ? Ça tombe bien, il se trouve que je viens d’inventer une machine à voyager dans le temps. Donc ce qu’on va faire, c’est monter dedans, la paramétrer pour partir à une date avant la 1ere révolution industrielle, histoire d’être bien sûr de la différence technologique et on va capturer un type pour la ramener de nos jours ! On va bien se marrer ! C’est parti. Partons pour le début du 18e siècle, en 1718 !
Bam ! OK, nous voilà. Le type s’appelle Louis, il a l’air un peu sonné, mais ce n’est pas grave. Je vous tiens au courant de sa réaction à notre époque dans quelques minutes…
Euh alors petit problème … Louis vient juste de mourir. Il s’est mis à trembler, la main sur le coeur, ses yeux ont roulé et il s’est effondré. Pas cool. Je pense qu’il est mort d’un choc face au progrès. Une mort face au progrès. Intéressant concept. Après, faut le comprendre. 1718 est pas mal différent de 2018 ! Louis a vu dans les rues des immenses tours de verre, des boites métalliques roulant à une vitesse affolante, des oiseaux de métaux géants, ensuite je lui ai montré une pièce de théâtre joué il y a 50 ans, fait écouter de la musique depuis un petit carré noir, et il m’a vu utiliser un rectangle capable d’enregistrer le monde réel, parler à une personne à l’autre bout du monde, et connaître ma position sur une carte de la ville. C’est à ce moment-là que Louis est tombé raide en murmurant “sorcellerie” je crois. Dommage, moi qui voulait lui parler de la station spatiale internationale, que l’on a marché sur la Lune, envoyé une voiture dans l’espace, et aussi du LHC, internet, la bombe atomique et la relativité générale.
Faut dire qu’en 1718, le véhicule le plus rapide c’était un cheval, qu’allumer la lumière signifiait enflammer une torche et que communiquer à distance c’était envoyer une lettre… Ou crier.
Mais du coup maintenant, je suis intrigué par ce phénomène fictif de mort face au progrès. Je me demande de combien d’années il faudrait remonter pour causer à un type une mort face au progrès de 1718. Si on fait le même saut, c’est à dire de 3 siècles en arrière. Et qu’on ramène un type de 1418 jusqu’en 1718, il sera choqué c’est clair. Il devra mettre à jour sa carte du monde et pas qu’un peu, découvrir le nom des nouvelles colonies de l’impérialisme européen, et apprendre des trucs de fou en Astronomie. Mais la vie quotidienne de 1718, Communication, transport, etc., ne va pas le traumatiser au point d’en mourir. Je pense que pour vraiment provoquer une mort face au progrès de 1718, il faut que je remonte plus loin. Avant la 1ere révolution agricole. Il y a 12 000 ans. Avant le début des premières villes et le concept de civilisation. En gros, si je vais chopper un chasseur cueilleur, et que je lui montre 1718, la mort face au progrès est garantit.
J’aime bien cette expérience ! Continuons. Je dois donc trouver un type qui aura une mort face au progrès en voyant – 12 000 ! Si je remonte 2 fois plus loin, à – 24 000, le gars va se dire :”OK, et alors ! Tu m’as fait voyager 12 000 ans dans le futur pour me montrer quoi exactement ?” Il n’y a tellement pas eu de changement entre ces deux repères temporels que pour générer une mort face au progrès de – 12 000, il faut au moins remonter il y a 500 000 ans. Afin de trouver un type et lui montrer pour la première fois de sa vie la maîtrise du feu et le langage. Bon c’est bien beau, mais c’est quoi la conclusion ? Et bien on remarque qu’il faut remonter toujours plus loin dans le temps pour provoquer une mort face au progrès. Ce qui veut dire que le rythme du progrès s’accélère.
Si on se dit que – 70 000 c’est le point A, et – 200 ans c’est le point B. Le point C étant notre présent. On est d’accord qu’en prenant un homo sapiens du point A et qu’on lui montre le point B, il sera hyper choqué. Il connaîtra une mort face au progrès. Il verra des villes, d’énormes bâtiments, des cathédrales, etc., des bateaux, des télescopes ! Pas mal choquant pour un type du point A. Mais est-ce que c’est aussi choquant, que si on prend un type du point B et qu’on lui montre le point C ? Je ne pense pas. A mon avis, un type qui vit au début de la révolution industrielle sera plus choqué en voyant notre présent, qu’un chasseur/cueilleur voyant les débuts de la révolution industrielle. Pourquoi ?
Déjà, du point A jusqu’au point B, il n’y a pas plus d’1 milliard d’homo sapiens sur la planète. En l’espace de 200 ans, du point B jusqu’au C, on a passé le cap du 1,2,3,4,5,6,7 milliards d’homo sapiens ! C’est juste incroyable ! choquant vraiment ! C’est la folie quand on y réfléchit bien !
Ensuite, du point A jusqu’au point B, les moyens de communication sont passés de crier, à envoyer des lettres à cheval, faire des appels de fumés, tirer au canon pour signaler quelque chose ! Il n’y avait pas d’autres solutions pour communiquer aux alentours. Un type du point B voyant le point C serait face à l’iPhone, Internet, radio, télévision, hallucinant ! Dans ce tout petit laps de temps, on a découvert des moyens de communication de taré ! Niveau transport, c’est pareil ! Du point A au point B, le moyen de transport le plus rapide qu’homo sapiens a connu n’allait plus vite qu’une calèche, ou des navires à voiles. Même le premier vélo a été inventé après. Du point B au point C, pensez à ce qu’on a développé. Voitures, train, avion, bateau à moteur, sous-marin, des fusées pour aller en orbite autour de la Terre. On a été sur la Lune ! La Lune ! Imaginer ça une seconde dans la tête d’un type du point B ! Et il y a une station qui tourne autour de la terre avec des gens dedans. Oh, et on a envoyé un objet qui est désormais à plus de 21 milliards de kilomètres et qui voyage à la vitesse de 62 140 km/h ! Plus de 1500 fois la vitesse d’un cheval ! Et je passe sur la physique quantique, la relativité générale, les progrès en médecine, le séquençage du génome humain … bref ! En 200 ans, il s’est passé plus de trucs que dans toutes l’histoire d’Homo Sapiens !
Cette expérience de pensée que j’ai découverte pour la 1ere fois sur le blog waitbutwhy de Tim Urban, nous révèle à quel point le progrès accélère à mesure qu’il avance dans le temps. C’est ce qui s’appelle une croissance exponentielle. Et si on tourne notre regard sur le futur, et que je monte dans ma machine à voyager dans le temps, jusqu’à quelle année faut-il que je voyage pour connaitre un choc face au progrès ? Pour mourir face à l’incompréhension de la civilisation future ? Ça peut paraitre fou, mais ce sera peut-être dans notre propre vie.
En voyant cette timeline, on se rend compte que l’on ne vit pas une époque normale. Même si on refuse de le croire. Après tout, lorsqu’on se réveille le matin, le monde est ce qui l’est. Dire qu’on vit une époque plus spéciale que les autres c’est faire preuve de naïveté ou juste être débile. Et chaque type d’une époque pense que son époque est spéciale au final. Oui, mais non ! Encore une fois, regarder cette timeline. Les faits sont là ! Le rythme du changement s’accélère. Penser que le quotidien est normal c’est inscrit dans nos gènes. C’est une façon de s’adapter à l’environnement. Imaginer une créature qui serait traumatisée par le monde qui l’entoure en permanence. Pas idéal pour survivre et transmettre ses gènes. Et le faite qu’on évolue depuis la naissance dans un monde en constant changement fait que l’on ne se pose pas trop de questions. Car nos ancêtres les chasseurs-cueilleurs ont vécu pendant des dizaines de milliers d’années dans des environnements similaires ou chaque génération vivait la même vie. On est génétiquement programmé pour penser que le monde est normal. Que nos parents vivaient une vie plus ou moins semblable avec 2-3 trucs technologiques en moins, et que de nos enfants vivront une vie plus ou moins semblable, avec 2-3 trucs technologiques en plus. Penser que la prochaine décennie sera complètement différente va à l’encontre de mon expérience de tous les jours, et à l’encontre de la programmation de mon ADN. On a la tête dans le guidon. Regarder à quelle vitesse on adopte de nouvelles technologies. Par contre, dès qu’on fait un zoom arrière, on réalise que les choses sont bien différentes.
Alors qu’est ce que ça nous dit concernant le futur ?
Si on vit à cette époque d’intense accélération du progrès, où se situe le prochain point de mort face au progrès ? Où se situe le point D ?
Il y a près de 70 000 ans qui sépare point A et point B. Et seulement 200 ans entre B et C pour un niveau encore plus important de progrès. Est-ce que point D se situe dans 100 ans ? Dans 50 ans ? Durant notre propre vie ? Est ce qu’on va vivre en moins de 50 ans, plus de progrès que lors des 200 ans dernières années ? Est-ce qu’on sera plus choqué par 2050 que Louis de 1718 l’a été en voyant 2018 ? C’est complètement fou d’affirmer une chose pareille. Pourtant, c’est loin d’être impossible.
Laissons cette timeline de côté pour passer à une courbe. La courbe du progrès. Le temps en abscisse X, et le niveau de progrès humain en ordonnée Y. On reprend les mêmes points temporels. À = Il y a 70 000 ans. B = Il y a 200 ans C = Le présent.
La courbe augmente très progressivement entre le point A et B. Elle parait presque plate. On constate qu’il se passe quelque chose entre B et C, mais ce n’est pas non plus fou. Donc selon vous, a quoi ressemblera la courbe dans le futur ? De notre point de vue, à notre époque présente du point C, rien ne semble indiquer qu’on doit boucler notre ceinture. Tout semble normal, à une époque normale. Hum, et là ? Et bien la c’est une putain de montagne russe et je suis pas sûr qu’on ait l’estomac suffisamment bien accrocher !
Mais on peut être sceptique. Pourquoi la courbe pète un plomb comme ça ? Qu’est-ce qui me permet de faire ça ? Il faut savoir qu’Homo Sapiens est pas très doué pour comprendre une croissance exponentielle. Lorsque nos ancêtres chassaient la gazelle dans la savane africaine, ils devaient anticiper la course de l’animal. Sa position dans le futur, afin de la shooter à la flèche ou de lui tendre un piège. Mais une gazelle ne court pas à une vitesse exponentielle. Elle augmente sa vitesse progressivement, de manière linéaire jusqu’à une vitesse de pointe. Donc le chasseur cueilleur peut la suivre du regard et conclure que dans 2 minutes, elle sera à 3 km plus loin sur la droite. C’est comme cela que notre cerveau fonctionne, et a évolué. Donc pour anticiper le futur, on réfléchit de la même manière. Ce qui fausse notre jugement.
Si on se projette vers le futur de la courbe, vers la droite. Admettons qu’on définisse le point D comme étant l’année 2100. On a tendance a regarder le passé pour déterminer la trajectoire de la courbe du progrès. On se base sur le taux de croissance, et on prolonge plus ou moins la courbe. Donc ça donne ça. Sauf que c’est faux. Si la courbe était basée sur la trajectoire du passé, alors on pourrait facilement connaître son futur. Ce ne serait qu’un prolongement du taux de croissance, mais l’Histoire récente nous indique clairement le contraire. Du coup, pour obtenir une meilleure prédiction, on peut prend en compte le taux de croissance actuelle, et extrapoler la position du point D. Ce qui le place ici. Je pense que c’est encore une fois sous-estimer le progrès humain. Il ne faut pas prendre en compte le taux de croissance du passé ni le taux de croissance actuelle. Le progrès humain accélère comme on la vue. Il s’est passé plus de progrès en 200 ans qu’en 70 000 ans. Ce genre de croissance se représente par une courbe exponentielle. Une trajectoire qui prend en compte un taux exponentiel ressemble à ça. Donc le point D de 2100 se situe bien plus haut sur l’axe du progrès humain.
Ce qui signifie également que le niveau de progrès qu’on imagine en 2100 selon notre mauvaise intuition linéaire va arriver bien plus vite. Si vous vous dites par exemple qu’en 2100 on aura surement une cure contre le cancer. En faite, ça arrivera peut-être bien plus tôt selon la courbe exponentielle. Mais on ne se retrouve pas pour autant face à la putain de montagne russe ! D’où est-ce que je l’ai sortie ?
OK je suis d’accord. La montagne russe fait exploser complètement la courbe exponentielle. Ce qui n’est pas logique. Mais, pour la première fois dans l’histoire, je pense qu’on est sur le point d’inventer une technologie si performante, qu’elle va faire décoller la courbe. Elle va nous embarquer pour un tour de montagne russe. Cette technologie, c’est l’intelligence artificielle.
Je ne vais pas trop entrer dans les détails, car ça nécessiterait une vidéo plus longue, et il y a beaucoup, beaucoup de chose à dire sur l’intelligence artificielle. D’ailleurs, si vous êtes un habitué de la chaîne, vous avez certainement remarqué qu’on parle d’IA, de près ou de loin, dans presque toutes nos vidéos.
Si une intelligence artificielle générale est développée, c’est à dire aussi performante qu’un humain, elle deviendra une super intelligence très rapidement. Dépassant complètement l’intelligence de toute l’humanité dans tous les domaines, et de très très loin. En gros, on sera l’équivalent d’une fourmi. Et nous, humain, pouvons résoudre absolument tous les problèmes imaginables qu’une fourmi peut rencontrer dans sa vie. Si on voulait, on pourrait créer une parfaite utopie pour toutes les fourmis de la Terre. Donc, une super IA pourrait résoudre tous nos problèmes. Inventer toutes les solutions technologiques que l’on souhaite. La courbe du progrès passerait de nos mains, à celle de la super IA. Et on obtient une montagne russe. Ou alors, tout comme on peut exterminer toutes les fourmis de la Terre en moins d’une heure si on y mettait les ressources nécessaires, une super IA pourrait signifier ça (courbe qui s’arrête). Plus de progrès, car … plus d’homo sapiens.
OK. J’ai mentionné la timeline de l’Univers observable au début. Donc let’s go. Juste petite précision. Les chiffres que je vais donner sont véridiques à quelques années près.. -13.8 milliards d’années on a le gros bang (ou big bang si vous êtes anglophones). Ce qui a donné naissance à l’espace, le temps, la matière et l’énergie. L’étude de ces trucs fondamentaux s’appelle la physique. 300 000 ans après, la matière et l’énergie ont commencé à se combiner dans des structures complexes, appelées atomes, et encore plus complexes, des molécules. L’étude de ces trucs-là s’appelle la chimie. Il y a 4 milliards d’années, sur une planète nommée Terre, que vous connaissez surement, certaines molécules se sont combinées pour former des structures encore plus complexes appelées organismes. L’étude de ces trucs-là s’appelle la biologie.
Il y a environ 70 000 ans, des organismes appartenant à l’espèce Homo sapiens ont commencé à se combiner dans des structures encore plus élaborées appelées cultures. L’étude de ces trucs-là s’appelle l’Histoire. Le reste à droite, c’est la timeline qu’on a étudiée. Celle d’Homo Sapiens depuis la révolution cognitive jusqu’à aujourd’hui. Une très très petite zone à cette échelle.
Alors c’est bien beau tout ça, mais pourquoi mettre en avant cette timeline ? En faite, j’aimerais insister encore un peu plus sur le fait que l’on vit une période vraiment pas normale. Pendant toute cette période, donc toute l’histoire de la biologie, les organismes étaient exclusivement biologiques. On n’a jamais connu rien d’autre sur Terre. Et c’est peut-être sur le point de changer. Durant le siècle dans lequel nous vivons, le 21e, nous pourrions assister à la naissance des premières formes de vie non organique. Non biologique. Ce sera la première fois que ça arrive en près de 4 milliards d’années et il faut que ça tombe maintenant ! C’est dingue non ? Bon, on pourrait se dire que c’est des conneries, car la vie ne peut exister que sous forme organique. Mais je pense que c’est une vision trop étroite. Une forme de vie est un processus qui arrive à maintenir sa complexité et à se reproduire. Peu importe si elle maintient sa complexité sur des cellules ou des transistors. Peu importe si elle reproduit son ADN ou son code source. Avec cette définition, on peut inclure des machines et intelligences artificielles comme étant vivantes. Et vu les avancées en la matière depuis le début du siècle, ce n’est pas impossible d’imaginer l’arrivée de ces nouvelles formes de vie d’ici la moitié du siècle.
OK quoi d’autre. Jetons un oeil à ça. Hum. Des formes de vies terriennes faisant mumuse. Ouais. Attends. Mais ils ne sont pas sur Terre ! Qu’est-ce qu’ils foutent là ! Et ouais ! Le 21e siècle va peut-être également voir la vie devenir, pour la première fois en 4 milliards d’années, multiplanétaires ! Mars. La belle planète rouge hostile va devenir le nouveau terrain de jeu de la vie terrienne. Homo Sapiens va s’y rendre et cette fois, ce ne sera pas juste pour y planter un drapeau. On va y rester, on va coloniser une autre planète.
Et madames monsieurs, tout cela, ça va peut être arriver durant votre propre vie. On vit dans un moment unique et pas du tout normal. À la fois dans notre propre histoire, mais également dans l’histoire de la vie sur Terre. Et peut être même dans l’histoire de l’Univers s’il s’avère que nous sommes la seule planète à abriter la vie. C’est excitant, terrifiant, les choses vont changer à un rythme qui va surement nous déstabiliser complètement.
On arrive à ce fameux problème que j’ai mentionné au début de l’épisode. J’imagine que vous ne vous en souvenez pas. Tout comme on oublie le premier plan d’un film, ou la première phrase d’un livre. Mais ce n’est pas grave, je ne vous en veux pas. C’est un problème que je trouve essentiel, surtout après avoir pris le recul nécessaire en regardant attentivement notre époque. Comment préparer nos enfants pour le monde de demain ? Que faut-il enseigner aux gosses à l’école ? Avant ce n’était pas très compliqué, car entre 2-3 générations, le monde n’évoluait que très peu. Un gamin allait à l’école et on lui enseignait des trucs que ses parents avaient également appris. Il n’y avait que très peu de nouveaux métiers. Donc il pouvait choisir une branche et il était sûr qu’il trouverait du travail. On ne peut plus se baser sur le système précédent. Si je prends mon cas, lorsque mes parents étaient à l’école, aucun professeur n’enseignait la programmation informatique, car il n’y avait aucun métier dans ce secteur. Lorsque j’étais à l’université, j’en ai bouffé des leçons de php, javascript, html et autres horreurs. En l’espace de 25-30 ans, le progrès a engendré tout un tas de nouveau job. Et comme on l’a vu, ce rythme du progrès augmente. Ça fait moins de 10 ans que j’ai appris certains langages de programmation. Aujourd’hui, ils sont presque obsolètes. Et il y a tout le secteur des applications pour smartphone qui est arrivé entre temps. Avec son lot de nouveau métier. La vérité, c’est que personne ne sait ce qui se passera dans les années 2030-2040 et au-delà. Et encore moins à quoi ressemblera le marché du travail. C’est bien la première fois dans l’histoire que ça arrive ! On ne peut plus simplement former des jeunes pour qu’ils aillent occuper certains métiers spécifiques, 10 ans après. Car tout ce qu’ils vont apprendre sera peut-être à jeter par la fenêtre. En gros on a appris une certaine vision du monde qui consiste à séparer notre vie professionnelle en deux phases. La phase d’apprentissage où on étudie et développes un ensemble de compétence. Et une phase de travail où l’on applique ces compétences dans une discipline, un corps de métier et jusqu’à la retraite. Aujourd’hui cette vision elle part à la poubelle ! Comment préparer les jeunes à un monde où de plus en plus d’emploi sera remplacé par des systèmes automatisés ? La mobilité sera essentielle. Mais elle sera également bien plus compliquée. Lors de la 1ere révolution industrielle, lorsque des paysans n’étaient plus désirés, car des machines étaient capables de récolter bien plus, ils pouvaient facilement se reconvertir et aller bosser dans des usines. En une journée de formation, ils étaient capables d’évoluer dans une ligne d’assemblage. Ce sont deux métiers qui requièrent peu d’apprentissages et compétences. Des métiers “low skills”. Mais demain, lorsque des caissiers de Cora se feront licencier, car le supermarché passera en complète automatisation, ce sera bien plus compliqué pour eux de se reconvertir en développeur de monde virtuel. Lorsqu’un chauffeur de taxi de 45 ans sera remplacé par une voiture autonome, ce sera chaud de devenir en quelques mois un programmeur de réalité augmentée. C’est bien plus difficile de passer de low skill, à high skill. À compétences élevées. Et même ces métiers-là sont menacés par l’intelligence artificielle. On l’a vu dans l’épisode sur le futur de la médecine ou les docteurs ne seront plus nécessaires. Il va devenir de plus en plus difficile de trouver des emplois où les êtres humains sont meilleurs que l’intelligence artificielle. Que faut-il enseigner aux enfants ? Je pense qu’on peut commencer par des notions comme une forte ténacité à accepter le changement, faire preuve d’adaptabilité et surtout, de toujours apprendre. L’éducation ne s’arrête pas après l’université. Ce temps-là est terminé et de toute façon, j’ai toujours trouvé cette idée débile. On apprend jusqu’à la fin de notre vie. Une des qualités qu’il faudra posséder dans ce monde en constant changement, c’est la capacité de se réinventer soi-même. Il ne faudra pas avoir peur de sauter sur des nouveaux domaines d’apprentissage, changer de branche. Et ce n’est pas simple. En particulier lorsqu’on prend de l’âge, car prendre des risques signifie sortir de sa zone de confort. Est-ce que vous avez des idées sur ce qu’on doit enseigner aux enfants et comment préparer les prochaines générations ? Car des idées, on va en avoir besoin !
Le futur lointain arrive bientôt. Tenez-vous prêts, car on va peut-être se retrouver sur une montagne russe.
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