Combien de temps avant la fin de l’humanité ?
La Terre existe depuis 45 millions de siècles et elle en a vu passer. 99,9% des espèces ayant évolué sur Terre sont désormais au cimetière. Ce qui signifie que les dizaines de millions d’espèces vivantes aujourd’hui ont évolué à partir des 0,1% qui ont survécu depuis l’apparition de la vie. Si ça, ça ne vous scotche pas au plafond !
Mais dire que nous vivons un siècle spéciales est peut-être un biais cognitif. Après tout, chaque génération a peut-être pensé qu’elle vivait a un moment décisif de l’histoire. Tout comme elle pensait que c’était mieux avant et que le futur serait plein de décadence et de problèmes insurmontables.
Mais il y a quand même des raisons de penser que ce siècle est spécial. Et pas seulement pour les humains, mais pour la vie avec un grand V. En effet, pour la première fois durant les 4 milliards d’années que représente l’histoire de la vie sur Terre, la vie terrienne pourrait s’établir sur une autre planète si la colonisation de Mars débute dans les 80 prochaines années. Ce qui est plutôt probable vu les ressources et cerveaux mis à disposition pour ce projet. Des formes de vie terrienne vont se retrouver sur une autre planète, et si on a une vision macroscopique, on peut être saisi par l’implication de ce que ça représente !
Ensuite, après avoir évolué uniquement sur un substrat organique pendant 4 milliards d’années, la vie pourrait se retrouver sur un substrat synthétique. Là aussi, beaucoup de raison de penser que ça va arriver durant ce siècle vu les travaux récents dans la biologie synthétique et l’intelligence artificielle.
Mais ce siècle est également spécial pour une raison plus sombre. Pour la première fois, nous avons la possibilité d’éradiquer non seulement notre espèce, mais une bonne partie de la vie sur Terre. Eh oui, dans l’histoire de la Terre, les menaces sont venues de la nature – les maladies, les super volcans, les astéroïdes, etc. ce qui a entraîné des extinctions de masses. Mais à partir de maintenant, les dangers les plus catastrophiques viennent de ce que nous faisons. Et nous voyons bien les effets horrifiques sur la faune et la flore de ce qui est considéré de plus en plus comme la 6e extinction de masse. Le taux estimé d’extinction actuel des espèces est 100 à 1 000 fois plus élevé que le taux naturel.
Alors en ce qui concerne la vie au sens large, je pense qu’il faut vraiment y aller pour rendre la Terre complètement inhabitable en mode Venus par exemple. Aucun scénario plausible du réchauffement climatique n’envisage la fin de la vie, et en cas d’hiver nucléaire suite à une guerre, certaines espèces trouveront les moyens de survivre. La vie existe dans des environnements extrêmement hostiles sur la planète. Ceci dit, si on fout le bordel au point que seuls les extrémophiles survivent … ce serait une catastrophe astronomique qui équivaut presque à une extinction totale de la vie.
Il existe néanmoins des scénarios spéculatifs où une activité humaine pourrait engendrer l’extinction de toute vie sur Terre. Par exemple le cas où l’on développe des nanorobots autoréplicateurs qui échappent à notre contrôle et se multiplient sans limites jusqu’à recouvrir chaque millimètre carré de la planète, rendant la vie impossible. Ou encore le cas où l’on perd le contrôle d’une super intelligence artificielle et qu’elle transforme les atomes de la terre en computronium. C’est à dire en matière capable de calcul informatique. Et pourquoi pas ajouter aussi une expérience scientifique qui détruit la Terre. Par exemple en créant une collision avec de l’antimatière surpuissante, un trou noir ou autre.
Mais si ce siècle n’est pas le dernier pour la vie sur Terre, il pourrait l’être pour l’humanité. On s’inquiète beaucoup de risques mineurs : accidents d’avion improbables, alimentation cancérigène, terrorisme, exposition à de faibles doses de radiations ou des ondes 5G. Mais nous avons globalement du mal à saisir émotionnellement et psychologiquement l’impact de risques catastrophiques ou existentiels. Pour illustrer le problème, considérez trois scénarios.
- Dans le scénario A, 0% de l’humanité est anéantie.
- Dans le scénario B, 90% de l’humanité est anéantie.
- Dans le scénario C, 100% de l’humanité est anéantie.
À quel point B est-il pire que A, et C pire que B ?
Selon les résultats de ce test, de nombreuses personnes ont tendance à dire que la différence entre A et B est bien pire que la différence entre B et C., Car la différence entre 0% et 90% est plus grande que celle entre 90% et 100%. Et intuitivement, c’est logique de penser que ce serait pire si 90% de l’humanité décède comparés à 0%. Ça fait juste plus de morts au total. Mais en fait, on peut avancer l’argument que la différence entre B et C est plus grande d’une ampleur astronomique. Car c’est la mort de toutes les futures générations d’humain. Il reste 5 milliards d’années avant que le soleil ne s’embrase. Il y aura potentiellement des quintillions d’humains ou posthumains vivant aux 4 coins de la galaxie. Mais ce scénario ne peut exister qu’à l’unique condition où l’on survit le 21e siècle, au minimum. Par conséquent, compte tenu des enjeux immenses, nous ne devrions même pas accepter un risque d’un sur un milliard que l’extinction de l’humanité empêche cet énorme potentiel d’avoir la possibilité de se manifester.
Martin Rees, l’un des plus éminents astronome et cosmologiste contemporains, nous met en garde dans un livre intitulé “Notre dernier siècle ?” et également dans son dernier ouvrage intitulé : “On the future” où il estime que nous avons une probabilité de 50% de finir au cimetière des espèces. Une chance sur deux de passer le cap du 22e siècle, ce n’est pas rassurant et il faut remonter très loin dans notre histoire pour trouver de telle probabilité de survie. Peut-être il y a 75 000 ans où une éruption en Indonésie a dégagé tellement de fumée que le soleil fut partiellement masqué pendant 6 ans et notre espèce s’est retrouvée cantonnée à quelques dizaines de milliers d’individus.
Depuis 1945, nous savons que la menace nucléaire pourrait signifier game over, et même si il semblerait que l’on ai frôlé le pire au sommet de la guerre froide, la probabilité que l’arsenal nucléaire soit déclenché d’ici la fin du siècle n’est pas négligeable. La plus grande crainte de Martin Rees est notre développement technologique récent, qui donne à quelques personnes le pouvoir de faire plus de dégâts que jamais. Par exemple, une poignée de mauvais acteurs pourraient insérer des programmes malveillants qui perturbent les réseaux informatiques du monde entier, ou les bio terroristes pourraient relâcher un virus mortel qui devient rapidement une pandémie mondiale. C’est une chose relativement nouvelle, et je ne suis pas sûr que nous comprenions pleinement les dangers. La technologie a non seulement augmenté les moyens de nous détruire, mais elle nous a également permis de le faire beaucoup plus facilement. Cela signifie donc que nous sommes toujours potentiellement proches d’une catastrophe mondiale. Et j’ai exploré le sujet en détail dans cet épisode sur l’hypothèse du monde vulnérable de Nick Bostrom.
Le physicien Freeman Dyson a prédit que des enfants pourront concevoir de nouveaux organismes comme on jouait avec une boîte de chimie lorsqu’on était gamin. Cela suggère que notre écologie et notre espèce ne s’en sortira certainement pas indemne. Par exemple, il y a des écologistes qui pensent qu’il serait mieux pour la planète, pour Gaïa, s’il y avait beaucoup moins d’humains. Et quoi qu’on pense de leurs arguments, il y a forcément une poignée de ces personnes qui pourrait pencher du côté extrémiste de la balance et souhaitez l’éradication totale d’homo sapiens sapiens. Pas de demi-mesures donc. Qu’arrivera-t-il quand ils maîtriseront les techniques de génie génétique qui seront probablement répandues en 2050 ?
Il y a aussi les dangers de l’intelligence artificielle, qui, selon la personne à qui vous posez la question, est soit une menace existentielle, soit un problème exagérément accentué.
Le célèbre Physiciens Stephen Hawking pensait également que nous avons une centaine d’années, plus ou moins, avant notre extinction. Ce n’est pas la première fois qu’il condamne l’humanité à travers des prédictions apocalyptiques. Il a manifesté son inquiétude sur le sujet d’une super intelligence artificielle et sur les conséquences catastrophiques d’un contact avec des civilisations extra-terrestres. En 2016, il pensait que nous aurions 1000 ans pour quitter la Terre avant notre extinction. Mais en 2017, il est revenu sur ce chiffre en le divisant drastiquement par 10 ! Nous avons donc 100 ans pour coloniser une autre planète. C’est dire si les quelques mois entre ces 2 prédictions ont été horribles à ses yeux !!
Selon lui, nos jours sur Terre sont déjà comptés à cause du changement climatique, des risques d’épidémies et de la surpopulation. La seule solution pour survivre ? Nous devons changer de planète, et vite ! Beaucoup de choses peuvent se passer en 100 ans, et nous avons prouvé que nous sommes capables de découvrir et développer de nombreuse chose en un siècle. Mais pourrons-nous devenir une espèce multi planétaire en un délai de quelques décennies ? Je pense que oui, mais ce n’est pas forcement la meilleure raison pour entreprendre la colonisation de Mars. Il y a un certain défaitisme avec l’idée d’abandonner la Terre. On peut voir une colonie sur Mars comme une sorte de backup, une sauvegarde de l’humanité au cas où une catastrophe planétaire se produit. Mais on peut très bien avoir une présence sur Mars et s’occuper de réduire les risques existentiels sur Terre. Dans le système solaire, les planètes aussi hospitalières que la nôtre, il n’y en a pas 36. Donc autant rester sur la meilleure du lot. Et comme le dit l’astrophysicien Neil Degrass Tyson, peu importe ce qu’il faut pour terraformer Mars au niveau économique, scientifique et technologique, c’est forcément plus simple de corriger les problèmes sur Terre. C’est aussi l’avis de Martin Rees.
Malgré les avertissements dans son livre, Martin Rees se considère comme techno-optimiste, car il pense que la capacité qu’à la technologie d’offrir une vie agréable à tous, pas seulement dans les pays développés, mais partout dans le monde, va se répande. Mais c’est un pessimiste éthique dans la mesure où il reconnaît que cela ne se passe pas comme ça devrait. Nous avons une pauvreté abjecte dans des régions entières du monde et c’est un échec moral et politique.
La Terre a encore 50 millions de siècles à venir. Alors, ne compromettons pas notre avenir en faisant de ce siècle, le dernier.
Mais quand pensez-vous ? Est-ce que vous êtes d’accord avec Martin Rees. Ce siècle sera-t-il le dernier ? Quelle probabilité attribuée vous à notre extinction d’ici 2100 ? J’attends vos avis dans les commentaires.
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