Quels seront les métiers du futur ?
En 1959 est paru un recueil de nouvelles de Isaac Asimov intitulé “Nine Tomorrows” (Les neufs lendemains). Aussi connu sous le nom de “L’avenir commence demain” dans sa version francophone. À dire vrai, ce recueil ne contient pas neuf mais onze nouvelles. La première et la dernière, sont en réalité de courts essais ayant davantage pour vocation de tenter de représenter le processus de réflexion d’une intelligence artificielle, face à un problème donné. (Notez que dans la version originale du recueil, ces deux essais étaient absents)
Ce sont donc les neufs nouvelles au coeur de ce recueil qui nous intéressent réellement. Chacune de ces nouvelles décrit un avenir d’un certain point de vue. Elles proposent donc toutes à leur manière une vision de ce que pourrait être notre “lendemain”. Dans notre cas, nous nous pencherons plus particulièrement sur le deuxième de ces lendemains. Celui-ci est décrit au travers de la nouvelle intitulée “Profession”.
“Profession”, c’est l’histoire courte d’un avenir dans lequel chacun se voit prédestiné à un métier pour le restant de ses jours. Arrivés à leur majorité, tous les jeunes adultes sont amenés à passer une série de tests voués à déterminer avec précisions leurs prédispositions pour un métier spécifique. Ainsi, certains se voient attribuer des métiers orientés vers l’ingénierie, d’autres vers l’administration, etc.
Une fois le métier défini, chacun apprend les connaissances et les compétences nécessaires en un rien de temps, à l’aide d’une interface qui permet la transmission directe d’informations dans le cerveau. Un peu dans la même idée que ce que l’on peut voir dans le film Matrix, sauf que dans notre cas, ils n’apprennent pas le Kung Fu :o)
Dans ce contexte, nous suivons un personnage qui passe cette série de tests, mais qui n’est finalement voué à aucun métier spécifique. Il n’a donc pas la possibilité d’apprendre une base de connaissances en un rien de temps comme le fait la majorité des candidats. Il y a évidemment une raison à cette situation exceptionnelle. Une raison que je ne vous révélerais pas ici pour ne pas vous gâcher la surprise. Mais ce qui est intéressant à souligner dans cette courte histoire, c’est la souffrance insupportable que vit notre personnage. D’une part, il se sent évidemment rejeté de la société. Tous les autres empruntent le chemin conventionnel, sauf lui. D’autre part, il est désormais obligé d’apprendre de façon traditionnelle, à la dure. Exactement comme nous le faisons encore aujourd’hui. Lorsqu’on souhaite se former dans un domaine, il faut prendre le temps de se documenter, de chercher des informations, de faire le tri entre les informations pertinentes et celles qui ne le sont pas, etc. etc. La règle est donc encore la même pour tout le monde. Apprendre nécessite du temps et de l’investissement personnel. On dit même que pour devenir un expert dans un domaine il faut passer pas moins de 10.000 heures sur ce domaine !
On est alors en droit de se demander la chose suivante :
“Cette règle qui parait si fondamentale, serait-elle sur le point d’être remise en question ?”
Nous vivons une époque ou le progrès n’est plus linéaire, mais exponentiel. Particulièrement le progrès technologique. L’intelligence artificielle évolue à une vitesse folle et atteindra peut-être bientôt un point de singularité dans son évolution. Les neurosciences et les interfaces hommes-machines avancent elles aussi à pas de géants. Enfin, l’éducation s’intègre désormais dans un tout nouveau paradigme. Le savoir est devenu une commodité en à peine une décennie.
Bref, vous l’aurez compris, tous les critères seront certainement bientôt réunis pour nous permettre de reproduire un modèle comme celui décrit par Asimov. Pour le meilleur ou pour le pire… qui sait ?
De nombreuses applications pourront alors être envisagées. Comme pour le mouvement trans-humaniste, les premiers bénéficiaires des évolutions technologiques, seront ceux qui auront le plus besoin d’être acceptés en société. Pensons notamment aux enfants autistes, souvent mis à part à cause de leurs mode de fonctionnement trop “en marge” du modèle principal. Même si la démarche d’apprentissage doit évidemment rester fondée sur une décision consentante et pleinement consciente de leur part. Ce qui est déjà un débat fondamental en soi :o)
Pour aller plus loin, voici le témoignage touchant de Gaele Regnault qui s’exprime sur de nouvelles perspectives d’apprentissage à explorer…
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