Vers une civilisation mondiale universelle ?
Depuis tout petit, je me pose cette question. En cours d’Histoire/Géographie, en voyant la carte du monde, j’avais du mal à comprendre pourquoi la planète Terre, qui paraît si unie vu depuis l’espace, puisse être autant divisée, segmentée par l’Homme à travers des notions abstraites comme les frontières.
Déjà, qu’est-ce que l’universalisation ? Il s’agit de l’action d’universaliser, de faire devenir universel quelque chose. Donc en ce qui concerne la Terre, cela implique plusieurs catégories qui sont le langage, la monnaie, le gouvernement, l’économie entre autres.
Il faut reconnaître, dans un premier temps, que le monde est plus uni que jamais dans l’histoire de l’humanité. Les ravages des deux guerres mondiales ont mené à la création du système des Nations Unies avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et j’en passe. (La liste complète ici). L’OTAN, l’Union Européenne, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est sont également une preuve d’une certaine volonté de coopération mondiale. Le monde est relié très largement grâce à Internet. L’économie est interconnectée, etc. On parle plus communément de mondialisation. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? On ne va pas en débattre dans cet article, mais simplement reconnaître le phénomène.
Alors qu’en est t-il de l’avenir ? Est-ce que la mondialisation va atteindre un stade encore plus global ? Difficile de répondre à cette question, mais si on fait preuve d’un peu d’imagination, on peut se dire qu’à moyen/long terme, l’Humanité sera unie derrière une seule bannière : la Terre. C’est une vision naïve, j’en suis bien conscient, mais je ne peux m’empêcher de la concevoir en réaction à un monde actuel si tourmenté par, justement, les différences et les divisions abstraites que l’Homme a créées.
Personnellement, je me considère avant tout comme un Humain ou Terrien. Le fait que je sois Français ne m’enracine pas vraiment dans un patriotisme exacerbé. Beaucoup d’autres personnes ne sont pas dans le même cas et revendiquent fièrement leur nationalité, leur région ou encore leur village. Une des caractéristiques de notre espèce (partagée avec d’autres), c’est que nous nous rassemblons inconsciemment en petit groupe. Dès nos premiers jours à l’école maternelle, on se rassemble avec un groupe de copain. Et un autre groupe peut très vite devenir “concurrent” par différence. Tout cela explique l’apparition des tribus, des villages, des religieux, des communautés, des sectes et j’en passe. Même au sein d’une nation, il y a naturellement des communautés différentes qui se créer, car nous ne pouvons pas faire uniquement partie d’un groupe de plusieurs millions de personnes. L’idée de se sentir uniquement Terrien est donc utopique. Du moins, tant que l’esprit Humain fonctionne comme il fonctionne aujourd’hui. Mais cela n’empêche pas d’avoir plusieurs sentiments d’appartenance à des groupes. On peut se sentir Terrien, Européen et Français.
Je me suis rendu compte, à travers mes voyages, que la notion d’identité varie énormément. Je suis né en Franche-Comté et quand je me rends dans une autre région, mon accent me trahit bien souvent et on me le rappelle. J’ai également tendance à revendiquer certains atouts de la région comme ses belles forêts et ses bons fromages et au final, je me sens Franc-Comtois. Je suis parti vivre à Londres pendant 2 ans et là, je me suis senti Français pour les mêmes raisons. En allant en Asie ou aux États-Unis, il y a un sentiment d’être Européen, de faire partie de cette culture spécifique. Il y a donc à chaque fois, un changement de niveau. Du village à la région, de la région au pays, du pays au continent. Et donc, l’étape qui vient naturellement après, c’est le sentiment d’être Terrien. Le problème, si on suit la logique précédente, c’est qu’il faudrait aller sur la Lune pour se sentir Terrien, et le voyage n’est encore pas vraiment abordable. Ou alors, scénario de Science Fiction oblige, que l’on découvre une civilisation extra-terrestre. Dans ce cas, peut-être que l’on se sentirait uni sous la bannière “Terre”. Pourquoi pas ! Vous êtes vous déjà demandé qui serait le porte-parole de l’Homme si des Aliens se pointaient ? L’ONU, la NASA … Chuck Norris ? D’où l’importance d’une certaine universalisation.
Autre catégorie : la langue. Et à ce niveau-là, qu’on le veuille ou non, il y a déjà une dominance très nette de la langue anglaise. On peut rétorquer qu’il y a plus de Chinois sur la planète donc le Chinois est la langue dominante, mais non. Sauf exception, un Chinois va apprendre l’Anglais, un Anglo-saxon n’apprendra pas le Chinois. Les échanges politiques, économiques, tous en Anglais. Est-ce que cette dominance va devenir encore plus grande dans le futur ? Probablement. Et je pense que c’est une bonne chose. Contrairement aux fourmis, nous ne pouvons pas, consciemment, lire les messages chimiques de nos semblables. Notre espèce a développé le langage dans le but d’améliorer la communication, mais aujourd’hui, nous sommes plus de 7 milliards. Si chaque groupe de 500 000 parle une langue différente, on ne va pas s’en sortir. Imaginez si le Français n’existait pas et seuls les patois de chaque région étaient présents … C’est pour cette raison qu’une langue commune est importante. Que ce soit l’Anglais ou une autre. (Ceci dit, l’Anglais a le mérite d’être une des plus simples à apprendre). Évidemment, le problème d’une langue commune c’est la perte des petites langues qui définit les communautés. Alors il ne faut pas non plus se dire qu’en adoptant une langue mondiale “Terrienne”, on va abolir toutes les autres. Connaître deux langues n’a rien d’exceptionnel (Peut être en France si, vu notre niveau :)). Combien d’enfants originaires d’un pays étranger ou ayant des parents de nationalités différentes, se retrouve à parler deux langues voir plus ? Donc avoir une langue commune à l’échelle planétaire, c’est favoriser la communication, la compréhension et forcément se rapprocher les un des autres.
Une autre catégorie bien plus complexe à imaginer c’est la monnaie commune. Une sorte de “Crédit Terrien” ou un “Dollar international”. Alors c’est un domaine que je connais moins étant donné les notions économiques qui en découle. Mais j’imagine la difficulté pour mettre en place un tel système. On voit déjà le bordel avec l’Euro. Il y a tellement de différences économiques entre tous les pays du monde que ça paraît inimaginable aujourd’hui. Mais il faut rester ouvert à cette hypothèse. Après tout, l’Europe a franchi le pas et c’était osé de le faire. Personnellement, je suis bien content de ne pas avoir à changer de devise à chaque fois que je vais dans un pays frontalier. Imaginez la même chose à l’échelle mondiale. Utopique … oui oui, je sais … :/
Et enfin, si l’identité, la langue et la monnaie sont unanimement acceptées dans le monde, l’étape logique qui suit serait un gouvernement mondial. Alors j’arrête tout de suite les théoriciens du complot qui y voit le fameux “Nouvel Ordre Mondial” ou encore les “Illuminatis” cherchant à diriger le monde. Mouais … on peut quand même imaginer une alternative. Gouvernement mondial ne rime pas avec diabolique. L’ONU est sans doute les prémisses de quelque chose de plus concret. Une planète fonctionnant non plus par pays ou groupe de pays, mais plutôt par région ou province par exemple. Le tout, gouverné par un système politique central. Peut être par une super Intelligence Artificielle … alors évidemment, cela pose des questions sur le système politique en place, la manière de l’élire etc … Imaginez si 7 milliards de personnes devaient voter pour un gouvernement … prise de tête garantie pour le dépouillement !
Dans ce cas, est-ce que les frontières feront encore sens ? Est-ce qu’il y a vraiment une différence fondamentale entre la France et, disons, l’Allemagne ou l’Espagne, qui oblige ces frontières à exister ? Certes, il y a des différences culturelles entre des pays comme la Chine et le Brésil ou l’Inde et l’Afrique du Sud. Mais est-ce que c’est une bonne chose d’avoir 196 pays, à l’échelle de l’Humanité ? Je me réjouis de l’espace Schengen. Pouvoir passer les frontières sans être arrêté, contrôlé voir refusé, est une liberté qui fait, selon moi, avancer la civilisation dans le bon sens. Après tout, la planète Terre appartient à tout le monde et on devrait être libre d’aller voir n’importe quelle région du monde, et même pouvoir s’y installer sans contrainte si l’endroit nous plait. Au lieu de cela, chaque pays à ces propres lois, règles d’immigration et au final, c’est un beau bordel … j’aimerais un espace Schengen mondial ! Utopique … oui oui, je sais … :/
Pour terminer, universalisation ne veut pas dire uniformisation. Il est en effet facile d’avoir peur d’être nivelé si le monde se retrouve uni, pour partager un moule commun. Une sorte d’uniformisation à l’échelle planétaire pour que tout le monde se ressemble et adopte les mêmes comportements. Je ne le vois pas comme ça. Chaque région du monde est unique, possède une histoire, des traditions, des spécificités qui n’ont pas besoin d’être perdues aux dépens d’une structure plus globale du monde.
Alors encore une fois, la vision d’une population Terrienne unie sans frontière partageant langue, monnaie et territoire commun est aujourd’hui utopique. Très largement inspiré par des œuvres SF de mon enfance comme Star Wars, j’aimerais vivre sur une planète qui n’est pas divisée en plusieurs territoires, mais qui fait partie d’un tout, lui-même appartenant potentiellement à un conseil galactique. Eh oui, faut bien rêver un peu. En tout cas, il ne faut pas écarter cette possibilité, car l’avenir nous réserve peut-être des surprises. Des événements pourraient très bien chambouler l’ordre établi et remettre en question notre façon de gérer la planète.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas pour demain … Qu’en pensez-vous ?
[contenus_similaires]- Auteurs
Bonjour Gaëtan,
Super article, c’est toujours un plaisir de trouver la newsletter de The Flares dans ma boite mail.
C’est bien de souligner que le temps implique l’uniformisation. Tous les hommes ont une identité (culturelle, linguistique, etc.) mais les échanges tendent à la niveler. Un jour on ne parlera plus qu’anglais, ce qui personnellement m’attriste. Pourtant il y avait des solutions, comme l’Espéranto, mais elles font sourire tout le monde.
Mais si les cultures disparaissent au profit d’une unique culture terrienne, cela ne durera pas forcément. Imaginons que les humains colonisent la galaxie. Avec le temps, des spécificités locales apparaitront, par exemple la langue commune divergera en dialectes (comme cela s’est produit avec le latin) de plus en plus différents. Bref nous recréerons une diversité. Et ainsi de suite dans un perpétuel recommencement. Un phénomène bien décrit dans Fondation d’Isaac Asimov.
A+
Jean-Luc