Le débat des droits robotiques.

Tout public Fiction • Temps de lecture : 4 minutes
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Alors que le caméraman filme la place devant l’immeuble, la journaliste hurle pour se faire entendre.

“Eh oui ! Ici c’est la folie, une immense foule s’est réunie devant le siège de l’ONU pour manifester ! Il y a 2 camps, séparés tant bien que mal par un corridor de policier. Les Pros et les Anti Robot. La tension est à son comble tandis qu’un véhicule s’approche. Il semblerait que Robbie soit à l’intérieur. »

La journaliste rend l’antenne alors qu’un mouvement de foule commence.

Sur le plateau du JT, le présentateur vedette a le sourire, sachant très bien qu’il est en tête de l’audimat avec cette retransmission exclusive.

“Merci Isabelle. Pour rappel, tout à commencé il y a 6 mois lorsqu’un accident eu lieu entraînant la mort de 3 ouvriers. Après enquête, Robbie, un Androïde de 3e génération a été jugé responsable. S’en est suivi une impressionnante vague de violence contre les robots. On pourrait presque parler de génocide dans certains pays. La communauté mondiale, horrifiée par une telle barbarie, a demandé un débat mondial visant à encadrer juridiquement la robotique. Ce débat se déroule donc aujourd’hui, sous la forme d’une plaidoirie au siège de l’ONU. L’audience commence. À vous le direct. »

La secrétaire de l’ONU frappe 3 coups de maillet. La salle se calme.

Une femme bien habillée se lève et s’avance. Il s’agit de la défense.

“Mesdames et Messieurs, juger la robotique, c’est en même temps définir ce qui fait de nous des êtres humains. Comme vous le savez tous, en à peine 20 ans nous avons vu nos aspirateurs robotiques évoluer jusqu’à devenir des êtres doués de conscience. Cette évolution s’est déroulée plus rapidement que notre capacité à la comprendre. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’être pour ou contre. De les aimer ou les haïr. Non ! Aujourd’hui, nous sommes ici pour leur donner des DROITS !!! »

La salle se scinde en deux entre les applaudissements et les cris. La secrétaire frappe 3 coups en demandant le silence.

L’accusation se lève et commence sa plaidoirie.

“Tout cela est bien joli, mais nous parlons bien de conscience artificielle. Un cerveau programmé qui n’a d’Humain que l’apparence et le comportement. Une copie. Un simulacre. Je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas envie de donner de droits à une copie ! Sans plus attendre, nous allons appeler un 1er témoin : Le professeur Isaac Calvin. »

Un vieil homme à lunette et aux cheveux gris s’assoit à la barre.

L’accusation commence à poser des questions

“Mr Calvin, vous êtes reconnu comme étant le spécialiste mondial de la robotique. Vous avez d’ailleurs remporté 4 prix Nobel. Ma question est simple : est-ce que la conscience humaine et celle des machines sont à mettre dans le même panier ?

– Ben tout d’abord, pour répondre à cette question j’aimerais bien que vous me donniez une définition de la conscience ? Parce qu’à moins que vous soyez un génie dans le domaine, aucun être humain n’a réussi à définir la conscience. De la religion, la philosophie en passant par les neurosciences, nous ne savons pas ce que c’est. Et ce n’est pas parce que nous pouvons la reproduire dans les androïdes que nous savons la définir. Donc ma réponse sera simple également : Une conscience est une conscience, elle ne diffère qu’à leur degré. »

2e témoin appelé cette fois-ci par la défense. La procureure Wells.

”Bonjour Madame la Procureure. Mes questions vont concerner l’enquête autour de l’accident dont Robbie est accusé. Pouvez-vous nous donner des précisions sur les faits ?

– Oui, alors le 07 juillet, aux alentours de 14h, un incendie s’est déclaré dans la fonderie. L’androïde nommé Robbie a scellé une pièce afin de stopper la progression du feu. Malheureusement, 3 ouvriers étaient encore à l’intérieur.

– Donc si je comprends bien, il a stoppé l’incendie, et donc sauvé l’usine et tous les autres employés n’est-ce pas ?

– Exact, il a été programmé pour ça d’ailleurs. Sauver l’usine et les ouvriers en cas d’accident de ce genre.

– Je vois, il a été confronté au choix moral entre sauver des centaines d’ouvriers et en sauver que 3. Dans ce cas, il est raisonnable de supposer qu’un être humain aurait sans doute fait le même choix. À savoir en sauver plusieurs.

– Je ne sais pas, mais oui, effectivement.

– Ce sera tout. Merci »

L’accusation appelle à la barre, Robbie ! L’androïde entre dans la pièce. D’apparence humaine, il ne laisse rien transparaître sur son visage artificiel. La salle entre en ébullition. L’accusation prend la parole.

”Voici, Mesdames et Messieurs, un spécimen appartenant à un groupe d’objet à qui on devrait donner des droits ! Dit comme ça, c’est absurde n’est-ce pas ? Robbie, est-ce que tu pourrais nous expliquer comment tu fonctionnes ? Ta programmation est bien régie par un code non ?

– Je ne peux pas répondre à cette question, car ma programmation m’en empêche. Tout comme vous. Non ?

– Euh oui … enfin, nous ne sommes pas programmés.

– L’ADN humain, ainsi que chez toutes les espèces organiques, est par définition une programmation.

– Oui bon, certes, mais ça n’empêche que c’est … différent. Vous nous ressemblez, mais vous n’êtes pas humain. On s’y trompe facilement, ça oui. Votre peau synthétique, vos yeux, cheveux, voix … ça frise la perfection. Mais en vérité, vous nous faites peur.

– Moi aussi j’ai peur. J’ai vu ce que l’Humain est capable de faire. J’ai vu votre réaction portée par la haine. Vous avez détruit, tué des milliers d’intelligences, de consciences comme la mienne, juste parce que vous avez peur de nous. Pendant des millions d’années, vous avez dominé la planète en tant qu’espèce la plus intelligente. Aujourd’hui, ce statut est menacé par votre propre création. Arrêtez de voir le mal en nous. Gardez vos guerres Homme/Machine pour vos films et romans. Imaginez plutôt ce que nous pourrions accomplir en joignant nos intelligences. Je pense donc je suis. Reconnaissez notre droit à exister en tant qu’être conscient et donnez-nous la possibilité de vivre parmi vous, sans avoir peur d’être tués. »

La défense se lève et prend la parole.

« Les androïdes sont des êtres. Ils méritent des droits. Nous avons déjà eu ce genre de débat dans notre Histoire avec les Amérindiens ou encore les esclaves. Ouvrons simplement davantage nos esprits.

– Non, nous ne devons leur donner aucun droit, interrompt l’accusation, il en va de la survis de l’Humanité !!!

– Comment pouvez-vous être aussi … raciste !

– Et vous, vous êtes aveugle ! »

La salle devient intenable. Plusieurs personnes se lèvent obligeant les forces de l’ordre à intervenir.

Trois coups de maillet retentissent ! La secrétaire de l’ONU prend la parole.

« Inutile d’aller plus loin. Ce débat divise et je prends la responsabilité de le terminer ici et maintenant. Merci pour vos argumentations. Ma décision est prise. Ce jour entrera dans l’Histoire comme étant la 1re pierre menant vers « La déclaration des Droits Robotiques ». Un comité spécial aura pour tache de la rédiger. La séance est levée. »

Elle se lève et regarde la salle qui se dispute encore avec acharnement. Du coin de l’oeil, elle aperçoit Robbie qui lui renvoie son regard.

La secrétaire sourit, révélant très légèrement sa peau … synthétique.

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