Un ancêtre pour l’humanité

chapitre 1/5 de la série Implants pour tous
Tout public Fiction • Temps de lecture : 3 minutes
Essayez The Flares en illimité : 0€
Implants pour tous
  • chapitre 01
  • chapitre 02
  • chapitre 03
  • chapitre 04
  • chapitre 05

Sous un épais manteau neigeux, les arbres s’étendent à perte de vue en direction du ciel. De petits flocons tombent. La neige recouvre la campagne environnante. Dans une vieille caravane sans roues, une télévision cathodique diffuse une émission de téléachat où une femme se tient debout. Le présentateur à côté d’elle s’exclame:
– Et la deuxième paire d’yeux achetée pour la vision infrarouge pour seulement 1 euro ! De quoi ravir votre conjoint ! La femme sourit. Ses yeux s’illuminent.
En face de la télé, un immense tableau accroché au mur, de multiples équations mathématiques sont écrites à la craie. Une sorte de petite puce électronique flotte dans un verre d’eau posé sur une table. De fines teintes rouges laissent supposer la présence de sang dans l’eau. À côté se trouve Pierre, un homme d’une cinquantaine d’années, allongé sur son lit en train de regarder une photo dans ses mains. Il porte une sorte de casque d’aviateur rafistolé, grosses lunettes sur ses yeux avec un manteau en cuir. Il possède un bandage sur la main droite. Sa tranquillité est soudainement interrompue par un individu toquant à la porte.

Véronique, une femme d’une trentaine d’années, se tient sur le palier. Elle porte des habits plus modernes et un sachet plastique qu’elle tend à Pierre. Son œil droit possède une pupille luminescente indiquant qu’elle a un implant rétinal.
– Ah! mon assistante sociale préférée. Enfin ! S’exclame Pierre en enlevant son casque ce qui révèle plus en détail son visage marqué. Il a un bandeau à gauche masquant un œil mort et une barbe assez imposante.
– Voilà vos courses Pierre. Il n’y avait plus d’oignons … dit Véronique.
– Arf, ce n’est pas grave, tant qu’il y a des poireaux ! Pierre prend le sachet.
– Pourquoi ! Vous préparez quelque chose de spécial ? Demande Véronique.
– Non, c’est juste que l’oignon, ça fait pleurer … mais le poireau … ça fait marrer ! Réponds Pierre en forçant un rire bien gras.
– Vous gardez le sens de l’humour, c’est bien ! … Comment allez-vous aujourd’hui?
– Très bien, c’est le jour du grand départ ! et maintenant que j’ai mes provisions, il est temps de partir !

Pierre franchit le seuil de la porte de la caravane et se rend jusqu’à une grande bâche recouvrant un objet d’environs 1m50 de hauteur à l’extérieur. Véronique s’approche de Pierre. Elle remarque une photo tombée par terre.
– C’est à vous ? Demande Véronique. Pierre se retourne vers l’assistante sociale.
– Oh, vous pouvez la garder, je n’en aurai pas besoin là où je vais ! Réponds Pierre.

Véronique ramasse la photo. Une jeune femme tenant un bébé dans ses mains est présente sur cette dernière. Pierre place sa main sur la bâche pour la retirer, mais au moment où il s’apprête à le faire, une voix retentit de nulle part:
– ARRÊTER ! Un homme portant un badge “Police” surgit en pointant son arme. Pierre lève les mains et fait tomber le sachet par terre ce qui répand les provisions au sol.
– Monsieur Martin. Vous êtes en état d’arrestation ! Crie le policier.

Mais attendez un peu. Pour comprendre la situation, il est nécessaire de revenir quelques mois en arrière. Déjà, commençons par une petite présentation.

Il y a 5 ans, Pierre était facteur, à l’ancienne. Mais aujourd’hui, de plus en plus de personnes reçoivent leur courrier directement en eux. Par téléchargement dans une puce. De quoi devenir timbré ! Tout se dématérialise. Si bien qu’aujourd’hui, son travail est tombé aux oubliettes. Comme de nombreux autres d’ailleurs.

Le monde que Pierre a connu a changé de manière drastique sans que celui-ci ne s’en rende compte. La première fois qu’il réalisa l’ampleur de la fracture sociale, c’était lors d’un passage à son supermarché local.

Pierre posa un livre sur le tapis roulant et se présenta devant la caissière. Ses yeux étaient bioluminescents et quelques diodes clignotaient sur son front. Cette dernière regarda le livre:
– Eh ben ! vous êtes collectionneur ? Dit la caissière en touchant la texture du livre avec intérêt.
– Non, juste un lecteur à l’ancienne ! Répondit Pierre d’un ton sec
La caissière soupira et scanna le livre rapidement.
– ça vous fera 7 euros ! Dit-elle, en mimant le ton sec de son interlocuteur.
Pierre sortit son porte-feuille pour prendre une carte bancaire, mais la caissière s’exclama:
– Désolé, mais nous ne prenons plus les cartes. Vous n’avez pas la puce bancaire ?
Elle montrait le bout de son index. Pierre, exaspéré, rangea sa carte.
– Au revoir ! Dit-il en partant sans un regard.
La caissière reposa le livre sur le côté et accueillit le client suivant. Ce dernier régla en posant son doigt sur un appareil présent sur la caisse. La puce bancaire est un implant situé généralement dans l’index de la main gauche. On peut régler tous les achats qu’on souhaite avec… Enfin si on a des sous sur son compte bien sûr. Pierre avait déjà entendu parler de cette puce bancaire, mais pour lui, hors de question de s’implanter quoi que ce soit. Il n’a jamais voulu introduire une puce, aussi utile soit-elle, dans son organisme.

Est-ce que Pierre est déjà un ancêtre pour l’humanité ? Une chose est sûre, il ne fait plus partie de la masse. Les augmentés, surhommes, ou transhumains. Peu importe leur nom. C’est eux, la nouvelle humanité. Et Pierre allait bientôt se sentir menacé, tout comme Neandertal l’a été par homo sapiens …

Rate this post
[contenus_similaires]

Qui est derrière ce contenu ?
  • Auteurs
Rate this post