Où va l’humanité ?
Si vous voulez avoir une vision sur le long terme, vous feriez bien d’écouter le philosophe d’Oxford, Nick Bostrom. Nous parlons souvent de lui non pas pour lui faire de la pub, mais parce qu’il fait partie des personnes qui passent leur temps à réfléchir au futur de l’Humanité (tout comme nous). Selon lui, l’Humanité possède trois gros problèmes et devra forcément y faire face sur le long terme.
1. La mort.
Parfois on ne reconnait pas un problème. Soit, car il est trop familier, soit, car il est trop grand, trop large pour être perçu. La mort répond aux deux catégories. Eh oui, on n’y pense pas de suite, mais évidemment c’est un gros problème pour chaque être humain (et donc pour l’humanité en général). Environ 56 millions de personnes décèdent chaque année. Aujourd’hui, 90% des personnes ayant vécu sont également mortes. La cause principale des décès sur la planète est due au vieillissement. Pourquoi la mort est un gros problème ? Tout d’abord à cause de l’immense souffrance qu’elle cause. C’est également économiquement très coûteux de perdre un être humain qui apporte quelque chose à la société. Mais c’est surtout une immense perte d’informations, d’expériences et de connaissances ! Supposons qu’une personne = Un livre. Bien sûr, c’est une sous-estimation. La vie d’une personne est bien trop riche pour entrer dans un seul ouvrage, mais par simplicité, supposons que c’est le cas. Cela veut dire que chaque année, 56 millions de livres partent en fumée. La plus grande librairie du monde se trouve à Londres avec 170 millions d’ouvrages. L’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie est l’une des plus grandes tragédies culturelles, mais tous les 3 ans, on se retrouve avec l’équivalent de la British Library en ruine ! Est-ce que vous vous rendez compte de la perte pour l’Humanité ! Imaginez le monde si Newton, Einstein, Shakespeare, Kubrick, Mozart, Dali et d’autres grands génies étaient encore vivants … Nous allons surement y faire face pour le résoudre grâce à la science et les technologies, mais en attendant, c’est un gros problème !
2. Les risques existentiels.
On en a déjà parlé lors d’un précédent article, mais pour résumer rapidement. Les risques existentiels sont des menaces pour la survie de l’Humanité et du potentiel à long terme de notre espèce. C’est évidemment un gros problème, cela va s’en dire. D’après des études probabilistes (car l’on ne peut que faire des probabilités sur ce sujet), Nick Bostrom prétend que si l’on pouvait réduire de juste 1%, un risque existentiel, 60 millions de vies appartenant à la génération actuelle seraient sauvées. Mais si l’on prend en compte les générations futures qui ne pourraient venir au monde si l’humanité s’éteint, le nombre devient astronomique avec 1032 vies ! Du coup, rien n’est plus important que de tenter de réduire ces risques.
3. La vie n’est perçue qu’à travers un petit trou de serrure.
Ce problème est bien plus subtil et difficile à appréhender. Pensez à ces moments fugaces où la vie semble être juste fantastique. Que ce soit lors d’une inspiration créative, lors de l’extase d’un coup de foudre, devant une oeuvre d’art ou face à la beauté sans précédent d’un paysage. Ça nous arrive à tous de temps en temps de réaliser à quel point la vie peut être magnifique lorsqu’elle est à son maximum. De s’oublier complètement dans l’instant présent et ne faire plus qu’un avec l’univers en n’ayant l’impression de vivre pleinement un moment. Et puis, ce moment s’évanouit lorsqu’on revient au quotidien banal et il ne reste plus qu’un vague souvenir. On passe la plupart de notre temps dans une sorte de vie grisâtre. Certes, certains d’entre vous me diront que pour que la vie soit à son maximum, il faut qu’elle atteigne le minimum, par comparaison. Les moments difficiles nous permettent d’avoir des moments magnifiques. Pour être heureux, il faut connaître le malheur. Je ne suis pas d’accord. C’est un point de vue basé sur le fait que l’humanité a des limites biologiques qui fait que nous percevons la vie de cette manière et pas autrement et donc, aucune raison pour que ça change. Je suis convaincu que l’humanité peut évoluer vers un stade d’existence différent pour atteindre un post-humanisme.
Tout comme la richesse de la vie humaine est inatteignable pour le plus intelligent des chimpanzés, il est possible qu’il existe une façon d’exister tout aussi inatteignable pour nous à cause de nos limites biologiques. Si nous arrivons à développer de nouvelles capacités et étendre celles que nous avons, nous pourrions avoir accès à ces vastes régions d’existence. Et peut-être que certaines d’entre elles sont merveilleuses tout comme notre capacité à apprécier d’Art ou l’humour peut l’être pour le chimpanzé. Pensez à la joie qu’il est possible de ressentir en écoutant de la musique. Cette joie sera à jamais hors de portée pour un chimpanzé !
Si l’on veut accomplir cet état, qu’est ce qu’il faudrait changer ? Et bien tout simplement nous-mêmes. Pas seulement notre vision du monde, mais bien notre nature. La condition humaine devra changer.
Quels sont les domaines qui peuvent être améliorés pour atteindre une nouvelle sphère d’existence ?
La durée de vie. Si l’on meurt vite, tout le reste ne sert à rien.
Capacités intellectuelles : Mémoire, concentration, énergie mentale, intelligence, empathie.
Faculté spéciale : Musique, Art, érotisme, spiritualité, esthétisme.
Morphologie et biologie : Athlétisme, mobilité, santé
Cette liste est sommaire, mais nous permet de bien voir que l’Humain n’est pas un être qui a atteint la fin de son évolution. Il existe plein d’amélioration possible. Le post-humain pourrait percevoir la vie avec une ampleur bien plus grande. Prenons exemple sur ce schéma :
Les animaux perçoivent le monde d’une certaine façon ce qui correspond à la sphère bleue. Nous (Cercle violet), puisque nous sommes des animaux également, nous trouvons dans ce même cercle. Il est plus petit évidemment, car nous ne percevons pas comme les chauves-souris ou les chiens. Mais on peut imaginer que certaines modifications vont nous donner accès à une sphère plus grande de la réalité (Sphère rose).
Alors pourquoi est-ce que ce serait une bonne chose d’atteindre cette sphère ? Et bien, nous savons déjà que dans notre toute petite sphère mauve, il existe ces brefs moments magnifiques qui donnent à la vie la peine d’être vécue. Il n’y a donc aucune raison de penser que dans cette plus grande sphère rose, il n’y aurait pas également ces moments extraordinaires et même probablement bien plus intenses. Bien plus que ce que l’on peut percevoir, et même imaginer. Une façon totalement différente de percevoir la réalité. D’exister tout simplement.
Mais pour ça, il ne faut pas avoir peur de se transformer. Beaucoup de personnes voient d’un mauvais œil les technologies, car ils pensent qu’elles risquent de modifier l’humain en profondeur. Mais ils oublient qu’il existe déjà des technologies et procédés qui nous modifie. Amélioration de la peau que l’on appelle plus communément les habits. Modifications de l’humeur avec la caféine, l’alcool. Les cosmétiques, la vaccination, anesthésie (une opération au 15e siècle ne devait pas être la joie), contraceptifs. On prend tout ça pour acquis, mais il fut un temps où l’espèce humaine n’avait rien de cette liste. Ce qui rendait leur perception de la vie différente. Parmi les futures technologies qui arrivent, on peut noter : La médecine anti-vieillissement, réalités virtuelles, génie génétique, intelligence artificielle et super intelligence, nanotechnologie, cryogénie, numérisation de la conscience … il est difficile de déterminer une échelle de temps, mais elles sont toutes cohérentes avec les lois de la physique donc ce n’est qu’une question de décennie pour qu’on les développe toutes. Et même juste quelques-unes seraient suffisantes pour changer la condition humaine et nous faire entrer dans la sphère rose.
L’humanité est une jeune espèce sur cette planète et il est probable que nous n’ayons atteint qu’un petit fragment de ce qu’il est possible de devenir. C’est donc le troisième gros problème pour Nick Bostrom et l’un des moyens de le résoudre passe par les technologies.
Voilà donc les trois gros problèmes que nous avons et qui se renforceront à mesure que nous avancerons dans le futur. Du moins, c’est l’avis de ce monsieur Bostrom. Qu’en pensez-vous ?
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