Croissance infinie dans un monde fini : illusion d’une impasse ?
Et si notre civilisation était à l’aube de son extinction…
C’est en tout cas l’hypothèse que tente d’argumenter Yannick Roudaut lors de son intervention au Tedx de Nantes. Aujourd’hui, nous sommes relativement conscients du fait que notre modèle actuel de société ne représente plus un modèle viable sur le long terme.
L’argumentaire de Yannick Roudaut sur ce point, tend à démontrer que nous arrivons bientôt à un point de non-retour, après lequel notre civilisation pourrait finalement répéter l’histoire d’autres civilisations éteintes (Mésopotamie, Vikings, Maya, Île de Paques, etc.). Il s’appuie notamment sur les travaux du biologiste américain Jared Diamond, auteur du livre “Collapse : How Societies Choose to Fail or Succeed”.
Voir l’intervention de Jared Diamond (en anglais avec sous-titres français disponibles)
Selon lui, la meilleure manière de changer le mode de fonctionnement de notre civilisation, est de changer notre façon de concevoir le monde. Il commence par exposer les 5 facteurs qui ont amené la chute des autres civilisations…
- La dégradation de l’environnement naturel
- Le dérèglement climatique
- La résurgence des conflits militaires
- Le délitement des alliances diplomatiques et commerciales
- L’aveuglement des élites
Yannick Roudaut appuie le fait que ces 5 facteurs sont réunis aujourd’hui. Il propose alors de s’interroger sur les conséquences de nos actions futures. Même si le modèle actuel de notre civilisation tend à ne plus faire sens, nous avons la possibilité de marquer une transition. En définitive, il nous invite à nous demander si nous vivons une période pouvant être assimilée à celle de la Renaissance. Il revient alors sur les facteurs qui ont définit cette période, et observe qu’aujourd’hui nous sommes effectivement en présence de ces derniers…
- Une nouvelle appréhension du monde.
- Une créativité très présente.
- Une violence très présente.
- La diffusion de la connaissance.
- Des certitudes à remettre en question.
C’est plus particulièrement sur le cinquième et dernier point de cette liste que Yannick Roudaut décide de se pencher. C’est selon lui le facteur qui peut faire pencher la balance dans le bon sens. Si nous parvenons à remettre en question nos certitudes actuelles, nous pourrons aspirer à l’établissement d’un nouveau mode de fonctionnement. La “chute” de notre civilisation se concrétisera alors davantage comme une transition vers quelque chose de meilleur.
Voici donc selon lui, les 3 principales certitudes que nous devrions remettre en question…
- La croissance est le but ultime de l’économie.
- La croissance est un modèle sans limite.
- La croissance implique forcément le sacrifice du vivant.
Au cours de cette intervention, Yannick Roudaut nous rappelle la véritable signification des choses, ainsi que le décalage de notre conception de celles-ci. Les certitudes ne sont jamais faciles à remettre en question. D’abord parce qu’elles nécessitent une profonde interrogation sur soi et sur son environnement. Mais aussi et surtout, parce qu’il faut pouvoir faire entendre au monde la parole de “ceux qui qui osent remettre en question un système qui nous profite à tous !“.
C’est à ce niveau-là que la différence s’impose entre une civilisation obstinée et une civilisation déterminée. Une civilisation obstinée continue d’adopter la même démarche encore et encore, jusqu’à ce que l’environnement lui prouve qu’elle a tort. Une civilisation déterminée apprend à prendre en considération cet environnement, et adapte son mode de fonctionnement en fonction de celui-ci.
La considération de notre environnement prend ainsi une place fondamentale dans le maintien et le développement de notre civilisation. Yannick Roudaut parle même de notre manière de considérer la notion d’environnement. Il cite le philosophe Descartes…
L’Homme est le seul maître et possesseur de la nature.
– René Descartes –
Idéalement, il faudrait donc trouver le juste équilibre qui nous permettrait de ne plus considérer la Nature comme un environnement, mais comme un allié.
Yannick Roudaut propose alors une idée très intéressante, en revenant sur la déclaration des droits de l’Homme et sur la difficulté avec laquelle cette dernière a pu être acceptée. Avant que celle-ci soit officiellement mise en oeuvre, il a également fallut remettre un certain nombre de certitudes en question.
Pourquoi ne pas penser une déclaration des “devoirs” de l’Homme ?
Cette dernière représenterait ainsi une sorte de “charte de bonne conduite” nous amenant à établir de façon plus ou moins exhaustive, tous les critères d’un système à la fois fonctionnel et viable vis-à-vis de notre environnement.
Que pensez-vous de cette idée ?
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