Comment repenser la mobilité urbaine pour le futur ?
Avez vous déjà vu ces images aériennes survolant de grandes métropoles mondiales. Elles ont presque l’air de fonctionner comme un organisme vivant. Avec de grandes avenues et artères qui les structurent où la circulation des voitures ressemble à la circulation sanguine. Mais lorsque vous vous retrouvez coincé dans les embouteillages, la réalité vous rappelle qu’une ville est loin, très loin d’avoir atteint la fluidité présente dans la biologie. Nous sommes en faite, à la préhistoire de la circulation. Quand on y pense, c’est franchement absurde d’avoir créé des voitures capables d’atteindre les 100 km/h en quelques secondes, mais qu’on conduit à la même vitesse qu’une calèche du 19e siècle ! Les embouteillages ont représenté 29,6 milliards d’heures pour les habitants des États-Unis en 2015. Les Égyptiens auraient construit 25 pyramides avec un laps de temps pareil ! Une immense perte de temps, d’énergie et de potentiel humain à cause des embouteillages.
Pendant des décennies, la solution pour y remédier était simple. Construire de nouvelles routes ou élargir les existantes. Et ça a marché plutôt bien comme à Paris par exemple avec les créations des grands boulevards. Et ça marche toujours aujourd’hui dans les villes des payes émergeant. Mais dans des centres urbains historiques, des modifications sont quasi impossibles. L’habitation est trop dense, chère et le patrimoine trop important. Du coup, dans de nombreux cas, le système vasculaire de nos villes se bouche. Nos villes sont malades et nous devons y prêter attention. Pour que nos systèmes de transport urbain circulent avec fluidité, nous devons trouver une nouvelle source d’inspiration.
Qu’est-ce qui a atteint une parfaite maîtrise du transport et de la circulation d’information depuis des milliards d’années ? La biologie. Elle a testé des milliers de techniques pour transporter nutriments, gaz et protéines. Et si la solution a nos problèmes de circulation se trouvait à l’intérieur de nous même ? Chacun d’entre nous possède plus de 96500 km de vaisseaux sanguins dans nos corps. C’est plus de 2 fois le tour de la planète ! Ces vaisseaux sanguins sont partout, pas seulement sous la peau. Un vrai réseau 3D contrairement à nos villes où la majeure partie de la circulation se fait sur les routes, une surface 2D. Certes, il y a les métros, les trains aériens voire même des hélicoptères, mais cela représente une infime partie du trafic. Et si la circulation urbaine embrassait la 3e dimension ? Si les routes sont saturées, élevons le trafic au-dessus de ces dernières ! C’est le projet chinois « TEB » (Transit Elevated Bus) déjà en phase de test :
Tel-Aviv et Abu Dhabi s’intéressent à un réseau suspendu de train magnétique appelé « Skytran » :
Et on peut continuer à élever le trafic. Le fait qu’une compagnie aussi importante qu’Airbus travaille sérieusement sur un concept de taxi volant nous montre bien les enjeux futurs de la circulation urbaine :
Les voitures volantes sont en train de passer du cliché de Science Fiction à un marché financier intéressant. C’est assez existant quand on y pense !
Répartir le trafic sur 3 dimensions est clairement une solution, mais ce n’est pas la seule. Nous devons sérieusement remettre en question nos moyens de transport. Vous avez déjà tous déjà rencontré le cas de figure où vous cherchez désespérément une place de parking au centre-ville. Il n’y en a aucune, mais comment pouvez vous le savoir. Résultat : Perte de temps pour vous, et un ralentissement significatif de la circulation, car bien évidemment, des dizaines de voitures vous suivent et attendent sur vous ! Il est estimé que près de 30% des embouteillages sont causé par la recherche de place de parking ! Et en moyenne, sur 100 voitures, 85 ne contiennent qu’un seul passager. Ces 85 conducteurs pourraient tenir dans un seul bus londonien ! Pourquoi est-ce que nous gâchons tant d’espace alors que nous en avons tant besoin ! C’est presque schizophrénique comme situation non ? La biologie ne ferait jamais une chose pareille ! L’espace au cœur de nos artères est utilisé à 100%. À chaque battement cardiaque, des milliers de cellules rouges sont compactés dans les artères pour maximiser le transport de l’oxygène. Dans un corps sain, plus de 95% de la capacité en oxygène est utilisée. Imaginez tout l’espace disponible dans nos villes si 95% de nos véhicules étaient pleins !
La raison pour laquelle les cellules sanguines sont si efficaces, c’est parce qu’aucune n’est dédiée à un organe particulier. Sinon, nous aurions probablement des embouteillages dans nos veines ! Grâce à cette efficacité, chacun de nos trillions de cellules reçoit son lot d’oxygène. Le sang est à la fois un système de transport collectif et individuel. Nos villes sont bloquées dans ce qui semble être un éternel débat entre véhicule individuel ou transport en commun. Et si la solution se trouvait dans une transcendance des deux. Avoir un système de transport qui combine la commodité des voitures et l’efficacité des trains/bus. Le problème avec les trains c’est qu’on doit s’arrêter plusieurs fois avant d’atteindre notre destination. Imaginez ce cas de figure : Vous êtes tranquillement installé dans votre train intercité avec 1200 autres passagers. Dans ce train, des wagons modulaires peuvent se détacher sans s’arrêter, de façon dynamique en fonction des différentes stations prévue sur le chemin. Il vous suffit de monter dans le bon wagon dès le départ ou de changer lors de l’annonce du détachement de votre wagon pour vous rendre à votre destination sans aucun arrêt dans d’autres stations. C’est le projet « Next » :
Un système de transport collectif et individuel. Un mélange entre bus et taxi.
Et pour terminer, la révolution des voitures autonomes va également transformer la circulation urbaine en profondeur. Les cellules rouges n’ont pas de limitations de vitesse. Elles ne s’arrêtent jamais à des stops ou des feux rouges …. Lorsque toutes les voitures seront intelligentes et connectées, tout sera prévisible. Nous n’aurons plus besoin de feux tricolores, de priorités ou de limitations de vitesse. Au lieu d’avoir un code de la route épais comme un dictionnaire, la circulation sera régulée par un réseau dynamique et des algorithmes en constants apprentissages. Le résultat : Un trafic exubérant aussi fluide et liquide que la circulation sanguine. Des intersections où des centaines de voitures se frôlent à des vitesses folles sans jamais se toucher, car chacune d’elle sait où se trouvent les autres. Plus de perte de temps à chercher un parking, car les voitures localisent en temps réel où se trouve les places libres.
Le paradoxe est que plus la circulation urbaine sera robotisée et mécanique, plus elle sera fluide et organique.