Implant cérébral : Neuralink est-il l’avenir de l’interface cerveau-machine ?
Comme si gérer Tesla, SpaceX et SolarCity ne lui suffisait pas, Elon Musk a créé début 2017 une nouvelle société nommée : Neuralink. Après avoir révolutionné les voitures électriques, l’utilisation de fusée et les panneaux solaires, qu’est ce qu’il a en tête cette fois-ci ??
Alors pour résumer rapidement, il souhaite améliorer la technologie permettant une connexion entre le cerveau et un ordinateur. Ce qui est appelé un “Brain Computer Interface (BCI)” ou “Interface Cerveau Machine” en Français.
Il ne s’agit pas d’une grande nouveauté en faite. C’est un processus qui existe depuis les tous débuts de notre espèce et qui s’appelle : La communication. Depuis l’apparition du langage, on a cherché des moyens pour communiquer de façon plus claire, précise et à plus de monde. En utilisant seulement la parole, une idée ne peut être exprimée qu’à un nombre limiter d’individus sur une période de temps très court. Donc on a trouvé le moyen d’améliorer cela avec l’apparition de l’écriture 4000 ans avant JC. Une idée pouvait désormais passer d’une génération à l’autre ! Un grand progrès pour l’humanité. Et ensuite, l’imprimerie au 15e siècle a permis à l’information de se répandre encore plus globalement. Internet, les ordinateurs, les smartphones, toutes ses inventions ne sont que le prolongement de l’amélioration de la communication et aujourd’hui, on se retrouve avec une humanité hyper connectée mondialement comparable à une sorte d’organisme. Mais il y a une limite qui nous bloque c’est la vitesse de notre interface avec les moyens de communication. En gros, nous sommes limités par la vitesse de nos doigts tapant sur un clavier. D’où l’idée de contourner cette contrainte en ayant un accès direct à la machine via la pensée, via notre cerveau.
Et Elon Musk n’invente rien de nouveau en faite. Les BCI existent depuis plusieurs années. Il n’est pas rare de croiser une personne mal entendante possédant un implant directement relié entre son cerveau et son oreille pour l’aider. Des personnes paralysées utilisent ce genre d’interface pour pouvoir communiquer avec un ordinateur par la pensée, ou déplacer un bras robotisé. La vitesse de la pensée est clairement plus rapide que celle de nos doigts sur un clavier (ou nos pouces sur un smartphone !).
Dans un premier temps, la société Neuralink va chercher à améliorer les technologies pour aider les personnes handicapées à entendre, voir, se déplacer et communiquer lorsqu’elles en sont incapables. Donc même si ça peut paraître inquiétant de connecter son cerveau à une machine, ça va améliorer la vie de millions de personnes. Et ça, c’est sympa ! Mais ensuite, ces technologies se répandront partout chez les non-handicapés. Quelles seront les applications ?
Imaginez si pour écrire un email, vous n’aviez qu’a penser “ouvrir messagerie”, et ensuite réciter dans votre tête le message et il s’écrierait en direct. Je pourrais rédiger cet article en à peine 10 minutes !!! Ou dans une maison disposant d’objet intelligent où tout est connecté grâce à “l’internet des objets”, en vous rendant à la cuisine, vous n’aurez qu’à penser à un bon cappuccino et la machine se mettra en route, puis vous irez dans le frigo uniquement pour constater qu’il n’y a plus de lait de soja (oui, dans mon scénario futur, plus d’exploitation bovine). Aucun problème, vous n’aurez qu’à penser à en acheter un pack et une commande sera envoyée dans le cloud. On peut imaginer tout un tas d’applications de ce genre où l’on interagit avec l’environnement directement par notre cerveau, sans passer par d’autres interfaces comme une souris, un écran ou un clavier.
Mais ça va plus loin ! La prochaine étape est de mettre le cerveau directement en ligne ! Si vous avez une question, Google se “manifestera” dans votre perception intérieure et vous n’aurez qu’à regarder les réponses. Ou elles se matérialiseront dans votre champ visuel ou via une petite voix dans votre tête. À partir du moment où tous les sens se retrouvent connectés, il sera possible de télécharger des expériences vécues par d’autres personnes. Vous voulez savoir ce que ça fait d’être un pilote de chasse ? Suffit de le télécharger. Ou de ressentir toute l’émotion d’un footballeur marquant un but à la derrière minute de la finale de la coupe du monde ! Suffit de le télécharger. Ce sera surement payant, on peut même imaginer tout un tas de service proposant des expériences à vivre. Une nouvelle branche du divertissement, et je ne vous parle pas du porno !!! Il sera également possible de revivre ses propres souvenirs préalablement sauvegardés dans le cloud. L’épisode “Retour sur image” de la saison 1 de “Black Mirror” parle justement de ce cas de figure en illustrant toutes les inquiétudes que ça implique.
Et si on va plus loin dans cette réflexion, on se rend compte qu’on pourrait tout simplement fusionner avec le cloud. On ne saura plus où l’individu commence ni s’arrête. On voudra savoir quelque chose et la réponse émergera dans notre esprit, directement issue d’internet. Tout comme aujourd’hui, lorsque je me pose une question dont je connais la réponse, elle se manifeste directement dans ma tête comme lorsque je me rappelle un souvenir. On ne pourra donc plus faire la distinction entre une réponse déjà apprise, d’une nouvelle information venant d’internet. Notre conscience se mélangera complètement avec la super conscience collective humaine hyper connectée.
Qu’est-ce qui restera de l’individualité ? Serons-nous encore humains ? Et qu’en est-il du piratage si tout peut être téléchargé dans notre esprit ? Aurons-nous encore une vie privée ? Des grosses inquiétudes n’est-ce pas ?
Mais imaginer également ce que l’on pourrait accomplir en tant qu’espèce si toutes nos consciences étaient liées dans une parfaite communication et compréhension mutuelle. Est-ce que la guerre sera possible si on a la capacité de comprendre et ressentir chaque être humain sur Terre ?
C’est à la fois terrifiant et incroyable ! Et en réalité, on ne peut pas imaginer un tel futur aujourd’hui. Nous n’avons simplement pas la capacité de le penser de manière adéquate. C’est comme expliquer à un primate il y a 5 millions d’années que bientôt, il pourra faire preuve d’humour, comprendre la musique et ressentir la notion de beauté dans la nature et chez les autres.
Ce sera comme obtenir une nouvelle couche de cerveau. Au cas où vous l’ignoriez, selon la théorie du cerveau triunique, notre cerveau est constitué de plusieurs couches représentant différentes périodes dans l’évolution de la vie sur la planète bleue :
– Le cerveau reptilien qui contrôle nos fonctions les plus primitives pour la survie, apparu il y a 400 millions d’années lorsque les premiers poissons sont sortis de l’eau pour devenir des batraciens.
– Le cerveau paléo-mammalien, ou limbique apparu avec les premiers mammifères qui contrôle les fonctions instinctives, les émotions et la mémoire.
– Le néo-cortex qui est propre à l’Homme et qui aurait un peu moins de 4 millions d’années. Il permet notamment le raisonnement logique, le langage, l’anticipation des actes et en gros, tout ce qui nous caractérise en tant qu’humain à savoir l’art, l’humour, etc.
Elon Musk décrit le BCI comme une nouvelle couche ajoutée aux autres, nous faisant donc devenir post-humain. Un neo-neo cortex qui signifiera tout simplement la prochaine étape dans l’évolution humaine. En dézoomant sur la chronologie de la vie sur Terre pour voir plus large, on se rend compte que c’est une nouvelle étape dans un processus qui a lieu depuis que la vie multicellulaire est apparue. Une étape que l’on ne peut tout simplement pas anticiper. Il nous reste donc la spéculation et les hypothèses. Mais pourquoi donc Elon Musk se lance-t-il là-dedans alors ?! Lui qui nous a habitués à des projets concrets ayant des buts précis et même datés.
Et bien en faite, pour le dire simplement : SI ON NE LE FAIT PAS, ON EST FOUTU !!!
Elon Musk est connu pour avoir manifesté ses inquiétudes face au possible développement d’une super intelligence artificielle ou de l’intelligence artificielle globale, ou forte, il y a plusieurs termes pour la définir. Bref. Il pense que notre seul moyen de ne pas être considéré comme un animal de compagnie par cette future intelligence sera d’évoluer avec elle en augmentant nos propres capacités cognitives.
Alors c’est vrai qu’aujourd’hui, on se sait pas à quel point une super IA représente un risque existentiel pour notre espèce, mais on peut quand même se rendre compte que lorsqu’une nouvelle forme d’intelligence débarque et devient la plus développée, ça ne se passe pas toujours bien pour les autres … Il y a tellement d’espèces ayant disparu à cause de nous que certaines personnes considèrent les derniers millénaires comme la 6e grande extinction. Mais on n’avait rien contre ces pauvres animaux, on ne souhaitait pas les voir disparaître.
Donc même s’il y a un million de merveilleuses choses qui peuvent découler d’une super IA, il y a cette probabilité non nulle qu’elle puisse causer notre extinction. Donc la stratégie d’Elon Musk c’est de nous transformer nous même en une super intelligence artificielle.
En d’autres termes, si on ne peut pas les battre … rejoignons-les !
Références :
– www.youtube.com/watch?v=kuZKtY6Bc4Y
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_cerveau_triunique
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Neuralink
– http://waitbutwhy.com/2017/04/neuralink.html
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