Biologie de synthèse : transformer le futur ou le compromettre ?

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Biologie de synthèse : transformer le futur ou le compromettre ?
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Une technologie évolue parfois plus vite que notre capacité à l’encadrer. Les risques de déviance sont alors évidents. Heureusement, il y a un domaine qui permet de penser tout ça. Il s’agit de l’éthique. Paul Root Wolpe, en plus d’avoir un nom à rallonge, est un éthicien. Mot un peu bizarre qui signifie tout simplement que le Monsieur examine les implications éthiques des nouvelles sciences – Modification génétique, neurosciences et autres domaines avant gardistes. Et il pense qu’il est grand temps de poser des limites à la bioingénierie.

Dans l’histoire de notre planète, il y a eu trois grandes vagues d’évolution. La première c’est l’évolution darwinienne. Les mutations génétiques se créer aléatoirement dans une niche écologique et perdurent si l’environnement le permet. Et puis les humains sont sortis du courant darwinien en créant la deuxième grande vague d’évolution. Nous avons modifié notre niche écologique en créant la civilisation. En changeant notre environnement, nous avons mis de nouvelles pressions sur nos corps pour qu’ils évoluent. Que ce soit en s’installant dans des communautés agricoles, ou jusqu’à la médecine moderne, nous avons changé notre propre évolution. Nous entrons à présent dans une troisième grande vague de l’histoire de l’évolution, à laquelle on a donné beaucoup de noms : évolution intentionnelle, évolution par conception — par laquelle nous concevons et modifions les formes physiologiques qui habitent notre planète.

Par exemple, les chiens sont des créatures conçues intentionnellement. Il n’y a pas un chien sur cette planète qui soit une créature naturelle. Les chiens sont le résultat des caractéristiques que nous aimons sélectionnées par l’élevage. Mais dans le temps nous avons dû le faire à la dure en choisissant les rejetons qui avaient un aspect particulier et puis en les élevant. Nous n’avons plus à faire ça de cette manière. Aujourd’hui, les progrès scientifique permettent de créer des hybrides. Le “Geep” (mi-chèvre, mi-mouton), le “Cama” (mi lama, mi chameau) ou encore le Liger (Mi lion, mi Tigres). Ce n’est pas une blague. Ces animaux ont vraiment été conçu en laboratoire en utilisant la manipulation génétique.

Liger

Liger

Cama

Cama

Geep

Geep

Nous savons que les créatures d’eaux profondes sont luminescentes. Et bien, les scientifiques ont maintenant pris ce gène bioluminescent, et ils l’ont mis dans des cellules de mammifères. Ils ont fait ça avec des souriceaux, des chatons, des cochons, des chiots, et même des singes. Et si on peut le faire avec des singes, on peut sans doute le faire chez les humains. En d’autres termes, il est théoriquement possible que dans un avenir proche, nous soyons capable avec la biotechnologie, de créer des êtres humains qui brillent dans le noir. Ce sera plus facile de nous trouver la nuit non ?

En ce moment même aux Etats-Unis, vous pouvez acheter des animaux de compagnie luminescents. Ce sont des poissons zèbres. Normalement ils sont noirs et argentés. Ces poissons zèbres ont été génétiquement modifiés pour être jaunes, verts, rouges, et on peut s’en procurer dans certains états. D’autres états les ont interdits. Personne ne sait que faire de ce genre de créatures. Ce n’est pas du domaine du gouvernement ni le ministère de la santé. Certains états ont décidé de les autoriser, d’autres de les interdire.
Il y a aussi le saumon génétiquement modifié pour qu’il grandisse beaucoup plus vite en utilisant beaucoup moins de nourriture En ce moment, le ministère de la santé Américain essaye de prendre une décision définitive pour savoir si oui ou non, nous pourrions bientôt manger ces poissons.

Des scientifique ont également mis des électrodes dans le cerveau d’un cafard et un transmetteur par dessus. Maintenant, en utilisant un joystick, ils peuvent envoyer cette créature faire le tour du labo et contrôler si il va à gauche ou à droite, en avant ou en arrière. Ils ont créé un genre d’insecte robot, ou bugbot. Il y a pire que ça -ou peut-être mieux que ça en fonction du point de vue. Un des projets très importants de DARPA (l’Agence de Recherches de la Défense). Des scarabées goliaths ont une puce informatique attachée sur le dos, et ils peuvent faire voler ces créatures. Aller à gauche, à droite. Ils peuvent les faire décoller … le futur de l’espionnage ?

Nous sommes maintenant au stade où nous créons des créatures pour nos propres besoins. Une souris créée à l’Université du Massachusetts a été modifié pour qu’elle ait une peau qui soit moins immunoréactive à la peau humaine, on a mis un échafaudage polymère d’une oreille dessous et créée une oreille qui pouvait ensuite être enlevée de la souris et transplantée sur un être humain. Le génie génétique associé à la physiotechnologie polymère associée à la xénotransplatation. Voilà où nous en sommes.

Finalement, il n’y a pas si longtemps, Craig Venter a créé la première cellule artificielle, il a pris une cellule, il a pris un synthétiseur d’ADN, qui est une machine a créé un génome artificiel, l’a mis dans une cellule différente – le génome ne venait pas de la cellule qu’il avait mise – et cette cellule s’est ensuite reproduite comme l’autre cellule. En d’autres termes, c’était la première créature dans l’histoire du monde qui avait un ordinateur comme parent. Elle n’avait pas de parent organique.

Nous avons besoin de nous poser des questions. Pour la première fois dans l’histoire de cette planète, nous sommes capables de concevoir directement des organismes. Nous pouvons manipuler la vie avec un pouvoir sans précédent. Et cela nous confère une responsabilité. Est-ce que c’est ok de manipuler et créer toutes les créatures que nous voulons ? Avons-nous carte blanche pour concevoir des animaux ? Est-ce qu’un jour nous irons aux magasins et dirons ” Bon, je veux un chien. J’aimerais qu’il ait la tête d’un teckel, le corps d’un labrador, peut-être une fourrure rose, et faisons le briller dans le noir.” Est-ce que l’industrie va créer des créatures qui, dans leur lait, dans leur sang, et dans leur salive, créent des médicaments et des molécules industrielles que nous voulons et puis les stockent comme des machines de fabrication organique ? Allons-nous créer des robots organiques, dans lesquels nous enlevons à ces animaux leur autonomie et en faisons nos jouets télécommandés ?

Et puis l’étape finale de tout ça, une fois que nous aurons perfectionné ces technologies chez les animaux, nous commencerons à les utiliser chez les êtres humains. Quelles sont les directives éthiques que nous utiliserons alors ? C’est déjà en train de se passer : ce n’est pas de la science-fiction. Nous utilisons non seulement ces choses dans les animaux mais nous avons déjà commencé à en utiliser certaines dans nos propres corps. Nous prenons le contrôle de notre propre évolution. Nous concevons directement l’avenir des espèces de cette planète. Cela nous confère une responsabilité énorme qui n’est pas seulement la responsabilité des scientifiques et des éthiciens qui y réfléchissent et écrivent à ce propos aujourd’hui. C’est la responsabilité de tout le monde parce que cela déterminera quel genre de planète et quel genre de corps nous aurons dans l’avenir.

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  1. Thomas 31 juillet 2016 at 15 h 35 min - Reply

    Bientôt en vente, le Nexus 6.

    Dans Hypérion, de Dan Simmons, il est question d’un peuple humain, les exos, qui sont une branche de l’humanité qui s’est détachée de l’hégémonie pour vivre librement leur évolution, en s’adaptant aux mondes qu’ils colonisaient (sans les terraformer, donc) grâce aux technologies qui modifient leur corps.
    Je pense que cette apport de la science, comme le transhumanisme, est un pas de plus vers une évolution différente. Je ne sais pas s’il faut en avoir peur ou pas ; forcément il y a toujours ce tiraillement qui nous rappelle à la nature des choses, l’authenticité, le fait que l’humain détruit et corrompt tout, et qu’au final, ses finalités restant l’argent, l’humain lui-même est toujours perdant.
    Mais d’un autre côté il y a l’attrait de l’évolution, du changement, la curiosité, le sentiment de puissance de l’être humain en tant qu’espèce qui dépasse sa propre nature…
    C’est compliqué. Et l’éthique, comme tout, est très ethnocentrée, et subjective, donc bon, ce que dit l’un peut ne pas être vu de la même façon par un autre, ni supporté du tout, on le voit déjà avec certains mouvements qui trouvent abominable l’utilisation de la science pour trahir la nature. Alors quel contrôle pourrait être un “bon” contrôle ? Quels critères ? Quelles sciences ?

  2. Gaëtan Selle 31 juillet 2016 at 17 h 22 min - Reply

    Tout à fait, les technologies ont toujours ce double aspect noir et blanc. Mais en réalité, ce n’est pas aussi simple. Par contre, autant sur certaines choses il peut y avoir débat, autant sur d’autres, on est à peu près tous d’accord pour souligner que ça va trop loin. Par exemple, créer des clones pour avoir une réserve d’organe (Cf The Island) serait unanimement condamné par la majorité de la population (enfin je l’espère :/).

  3. Thomas 31 juillet 2016 at 17 h 29 min - Reply

    Oui, s’il leur est donné une vie et une conscience, comme dans le film. Mais créer des clones végétatifs, ah… là ça devient plus ambigu :p

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