Pour ou contre le transhumanisme : quels arguments ?
Il est important de se poser cette question car nous commençons à rassembler tous les outils pour nous faire évoluer. Nous pouvons faire évoluer les bactéries, les plantes, les animaux et nous atteignons un point où nous devons nous demander : est-il éthique et voulons-nous faire évoluer les humains ? C’est la question que le futurologue Juan Enriquez s’est posé lors d’une conférence TED (ie. sources et références).
Dans le contexte des prothèses, voici la main de fer qui appartenait à un comte allemand :
Il adorait se battre et a perdu son bras dans un combat. Pas de problème, il s’est fait une armure, l’a enfilée, prothèse parfaite. C’est de là que vient le concept de diriger d’une main de fer. Bien sûr, ces prothèses sont devenues de plus en plus utiles, de plus en plus modernes. Vous avez tous genres de contrôles et des prothèses incroyables. Bientôt, on sortira et dira : “Quelle taille je veux faire ce soir ?” ou “Quel genre de falaise est-ce que je veux escalader ?” ou “Quelqu’un veut courir un marathon ?” ou “Quelqu’un veut-il danser ?” Les prothèses arrivent aussi à l’intérieur du corps. Ces prothèses externes sont devenues des genoux artificiels, des hanches artificielles. Et cela a encore plus évolué pour passer d’une chose sympa à avoir à une chose nécessaire. En parlant d’un stimulateur cardiaque en tant que prothèse, vous parlez de quelque chose n’étant pas juste “la jambe que je n’ai plus”, mais plutôt “sans cela, je peux mourir”. A ce point, une prothèse devient une relation symbiotique avec le corps humain.
Dans un centre de recherche bionique, des chercheurs travaillent sur comment connecter le cerveau en utilisant de la lumière ou d’autres mécanismes, directement à des prothèses. Si on parvient à faire ça, on commence à changer des aspects fondamentaux de l’humanité. Votre rapidité de réaction dépend du diamètre d’un nerf. Bien sûr, si vos nerfs sont externes ou prosthétiques, vous pouvez augmenter ce diamètre, voire, théoriquement, l’augmenter jusqu’au point où, en voyant le flash d’un coup de feu, vous pourriez éviter la balle. Voilà l’ordre de grandeur des changements dont nous parlons. Le pouvoir des agents de la matrice !!!! 🙂
Voici des appareils auditifs Phonak :
Ils franchisent la limite des prothèses pour “handicapés” en devenant quelque chose que quelqu’un de “sain” pourrait vouloir car cette prothèse vous aide non seulement à mieux entendre mais également à concentrer votre ouïe afin de pouvoir entendre une conversation au loin. Vous pouvez avoir une super-ouïe, une ouïe à 360 degrés, et carrément enregistrer et y brancher un téléphone. Cela sert d’aide auditive et de téléphone. A ce point-là, quelqu’un pourrait volontairement vouloir une prothèse de ce genre.
Tous ces milliers de morceaux vaguement connectés se réunissent en nous et il est temps de poser la question : Comment voulons-nous faire évoluer les humains au cours du prochain siècle ? Nous nous tournons alors vers un grand philosophe, Yogi Berra, qui a dit “il est difficile de faire des prévisions, surtout concernant le futur.” Donc au lieu de faire une prédiction sur le futur, prenons ce qu’il se passe maintenant avec des gens comme Anthony Atala, qui re-conçoit une trentaine d’organes. Peut-être que la prothèse ultime n’est pas externe ni en titane, mais c’est de prendre son propre code génétique, refaire ses propres membres car c’est beaucoup plus efficace que tout type de prothèse. Mais, tant qu’à y être, prenez le travail d’autres chercheurs. Une des choses qu’ils font, c’est essayer de comprendre comment reprogrammer des cellules. Si on sait faire cela, on peut changer les cellules dans ces organes pour les faire résister aux radiations, absorber plus d’oxygène, être plus efficaces pour filtrer ce que vous ne voulez pas dans votre corps. Quand est ce éthique et quand n’est-il pas éthique d’améliorer un corps humain ? Tout à coup, nous avons un plateau d’échec mutlidimensionnel où nous pouvons changer la génétique humaine en utilisant un virus pour attaquer le SIDA, par exemple, ou, via la thérapie génétique, changer le code génétique pour se débarrasser de maladies héréditaires ou changer l’expression de ces gènes dans l’épigénome et le passer aux futures générations.
Cela semble effrayant et il y a des risques. Pourquoi voudrions-nous fondamentalement altérer le corps humain ? Une partie de la réponse est donnée par Lord Rees, un astronome Britannique. Il dit souvent que l’univers est très hostile. Qu’est-ce que cela signifie ? Si vous lâchez un humain n’importe où dans l’univers, il meurt. Le lâchez dans l’espace, il meurt. Sur le soleil, il meurt. à la surface de Mercure, il meurt. Près d’une supernova, devinez quoi ? Il meurt. Sans parlez des menaces sur notre propre planète. Les extinctions périodiques vous connaissez. Cela s’est produit cinq fois sur Terre et il est donc très probable que l’espèce humaine sur Terre finisse par s’éteindre. Pas la semaine prochaine, pas le mois prochain, ni ce siècle mais peut-être dans 10 000 ans. Les extinctions sont communes, naturelles, normales et se produisant périodiquement. La diversification de notre espèce devient donc un impératif moral. Il sera très difficile de vivre sur Mars si nous ne modifions pas fondamentalement le corps humain. Nous ignorons si, en changeant substantiellement la gravité, le taux de radiation etc, le corps humain peut survivre et engendrer sainement. Et sur d’autres planètes, ou dans l’espace, les paramètres sont encore plus nombreux.
Pour reprendre ce que Nikolai Kardashev a dit : “Voyons la vie à plusieurs échelles”. Nous modifions notre apparence de façon superficielle depuis des milliers d’années. Vêtements, maquillage, tatouage etc. Une civilisation de type II altère des aspects fondamentaux du corps. Vous injectez des hormones de croissance pour que la personne grandisse ou vous injectez x et la personne devient plus rapide ou perd du métabolisme ou fait toute une série de choses, mais vous altérez les fonctions de façon fondamentale. Pour devenir une civilisation stellaire, nous devrons créer une civilisation très différente de ce que nous avons. Et pas que technologique mais également physique et génétique. Si on se rend compte que transplanter le cerveau dans un autre corps ne modifie pas la conscience ou tout ce qui fait que l’on est “soi”, alors on pourra changer de corps au cour d’une vie. Voir même se transplanter dans des corps robotiques. La définition de l’humanité pourrait s’étendre et dépasser ce que nous sommes biologiquement aujourd’hui.
Si cette petite chose qu’est la Terre disparaît, l’humanité disparaît. C’est pourquoi en réalité, il n’est pas éthique de ne pas faire évoluer le corps humain, même si cela est effrayant, même si cela est un défi. Cela nous permettra d’explorer, de vivre et d’atteindre des endroits inimaginables aujourd’hui, mais pas pour nos arrières-arrières- arrières-arrières-arrières-petits-enfants.
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