Les chiens nous ont inventés – Une métaphore sur l’IA par Sam Harris

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Adaptation d’une expérience de pensée par Sam Harris.

Dans un monde où les caprices de l’évolution et les fantaisies divines dessinent la trame de la réalité, une histoire singulière se tisse. C’est l’histoire d’un monde parallèle au nôtre, où, il y a de cela 300 000 ans, les loups, dans un élan d’audace évolutionnaire, ont divergé vers une mosaïque d’espèces canines. Des chiens de toutes les formes et de toutes les tailles : allongé et court sur patte, rond et aplatit, musclé de la tête au pied, poilu ou lisse, géant ou minuscule. À en croire le résultat, l’évolution explore toutes les avenues.

Au fil des millénaires, dans un monde où la survie est une danse complexe, nos amis à quatre pattes ont tracé leur chemin, non sans mal. Certains, réalisant que le titre de roi de la jungle leur échappait, ont dû revoir leurs ambitions à la baisse. Pourtant, parmi eux, Aristobald le Corgi, court sur pattes mais grand par l’esprit, et Venus la Border Collie, à l’intelligence vive comme son regard, ont partagé une révélation sous un clair de lune.

Les chiens peuvent courir vite, ils peuvent sauter, ils peuvent aussi mordre et attaquer en meute. Tout cela donne des avantages, mais fondamentalement, Venus la border Collie comprend que ce qui distingue les chiens des autres espèces est leur intelligence. Bien sûr, ce ne sont pas les plus intelligents du règne animal. Les chiens ont bien vu le succès des dauphins et les poulpes, les rats et les corbeaux. Ils sont même impressionnés par les abeilles et les fourmis. Sans parler de ces grands singes qui semblent faire des choses que peu de chien arrivent à comprendre. Néanmoins, les chiens peuvent être fiers de leur capacité cognitive. 

Ainsi, ils se sont juré d’élever l’esprit canin à des sommets inexplorés. Les anciens transmettraient leur savoir aux jeunes, dans une chaîne d’apprentissage qui rendront leurs descendants, des chiens plus intelligents. Aristobald et Venus, en véritables visionnaires à fourrure, ont ainsi posé la première pierre d’une ère nouvelle où chaque aboiement, chaque jappement, renfermerait une parcelle de sagesse. 

Des millénaires se sont écoulés, et malgré leur ardeur et leur ingéniosité, les chiens n’avaient pas réussi à transcender les limites de leur intelligence. Ils avaient, semble-t-il, atteint le zénith de leurs capacités cognitives. Toutefois, dans l’ombre de leur quête incessante, un observateur divin les scrutait avec une curiosité bienveillante : Anubis, le Dieu des chiens. Voyant l’impasse à laquelle ses protégés étaient confrontés, il décida d’intervenir de manière spectaculaire, orchestrant un rassemblement sans précédent dans la vallée du Rift, en Afrique de l’Est.

Dans ce lieu mythique, sous un ciel étoilé, les représentants de chaque race canine, téléportés et légèrement désorientés, furent accueillis par Anubis. Avec une solennité teintée d’un soupçon d’amusement divin, il leur révéla son plan audacieux : plutôt que de chercher à accroître leur propre intelligence, pourquoi ne pas s’associer à une espèce entièrement nouvelle, conçue pour exceller dans ce domaine ?

Parmi l’assemblée, Rocky le Boxer arborait une expression perplexe, tentant de saisir l’ampleur de cette proposition. Adolf, le Berger Allemand, avec une ambition un peu trop prononcée, suggéra de créer une super-race canine. Son idée fut écartée, au grand amusement de Boucle d’Or la Golden Retriever, qui accueillait chaque tournure des événements avec une joie inaltérable.

Anubis, avec la patience d’un éducateur céleste, détailla sa vision : cette nouvelle espèce, dotée d’un cerveau plus volumineux, de mains agiles et d’une posture bipède, serait nommée “Humains”. Mais une inquiétude germa dans l’esprit de nos amis à quatre pattes : comment garantir que ces “humains” placeraient les intérêts canins au cœur de leurs préoccupations ?

Le dieu esquissa un sourire énigmatique, promettant que ces humains seraient naturellement enclins à aimer et à chérir leurs compagnons canins. Ils trouveraient les chiens irrésistiblement adorables, et feraient tout pour les protéger. Néanmoins, il avertit que, malgré cette affection partagée, les humains évolueraient selon leur propre trajectoire, créant leurs mondes et cultures, potentiellement éloignés de l’univers canin.

Face à cette perspective, les chiens votèrent. Avec un enthousiasme prudent, ils donnèrent leur accord à la création de l’humanité. Spotnik le Dalmatien, dans un élan de créativité, suggéra que ces humains arborent des taches, une idée qui suscita quelques rires incrédules parmi l’assemblée.

Ainsi fut scellé le destin de deux espèces, liées par une promesse divine. Les chiens, avec un optimisme prudent, observèrent Anubis donner vie à leur nouveau compagnon, les humains, dans l’espoir que cette alliance inédite ouvrirait un chapitre radieux dans l’histoire de la Terre, un paradis où les valeurs canines et humaines coexisteraient en harmonie.

Au fil de dix millénaires, la promesse divine d’Anubis a tissé un monde où les destins des chiens et des humains se sont étroitement entrelacés. Nous, les humains ont consacré une part considérable de nos ressources à choyer nos compagnons canins, veillant à leur offrir un bien-être souvent envié par le reste du règne animal.

Mais des ombres parsèment le tableau idyllique de cette coexistence. Des zones d’ombre où les chiens, au lieu d’être vénérés, se retrouvent au menu de certains restaurants, servent de cobayes dans les laboratoires, ou errent, solitaires, dans les méandres des cités humaines. Ces réalités amères témoignent de l’avertissement d’Anubis : les chemins des humains et des chiens, bien que parallèles, sont parfois divergents.

Néanmoins, pour la grande majorité des chiens, la plupart du temps, la vie aux côtés des humains s’apparente à un âge d’or sans précédent. Surtout comparé aux autres espèces du règne animal qui font toujours face à la loi de la jungle de la sélection Darwinienne. Nous leur offrons nourriture, hygiène, soins médicaux, affection et jeux. Nos amis à quatre pattes jouissent de lits douillets, de promenades quotidiennes et d’une espérance de vie qui ferait pâlir d’envie leurs ancêtres sauvages. Certains humains pensent qu’ils sont les maitres. Mais je vous pose la question : Celui qui ramasse les crottes de l’autres est-il le maitre ou le serviteur ?

Il n’y a que deux types de créatures qui rivalisent pour l’affection des humains. Ces satanés chats, et les propres progénitures des humains. Et même là, le chien, avec sa loyauté indéfectible, trône souvent au sommet de la hiérarchie des cœurs.

Cependant, une énigme persiste. Malgré leur place privilégiée dans le foyer humain, les chiens demeurent perplexes face à l’univers complexe de leurs protecteurs. Les chiens n’ont absolument aucune idée de ce qui se trame dans le quotidien des humains. Ce qui occupe leur esprit, de quoi ils parlent entre eux, qu’est-ce qu’ils font toutes la journée assis devant ce rectangle lumineux, ou lorsqu’ils quittent le domicile pendant 8 heures. Tout cela demeurent un mystère impénétrable pour nos compagnons canins. Les objectifs et les valeurs qui animent l’espèce humaine restent voilés dans un brouillard d’incompréhension.

Aucun chien n’a encore réussi à déchiffrer le code de notre quotidien ou à saisir pleinement la portée de nos ambitions. Tout ce qu’ils savent, avec une certitude réconfortante, c’est que l’alliance forgée par Anubis a grandement amélioré leur sort, les plaçant dans une position enviée par bien d’autres créatures de cette terre.

Ainsi, dans ce monde façonné par la main d’un dieu et l’intelligence des humains, les chiens naviguent entre gratitude et mystère, témoins privilégiés d’une histoire partagée, mais pour toujours étrangers aux arcanes des affaires humaines.

Cependant, dans un revirement tragique de l’histoire, une ombre se dessine brusquement sur le monde harmonieux partagé par les chiens et les humains. Un virus zoonotique mortel, transmissible du chien à l’homme, éclate avec une virulence inédite, emportant avec lui 90% de ceux qu’il infecte. La panique s’empare de la société humaine, confrontée à une menace imprévue, issue des compagnons qu’elle chérissait tant. Ils font face à l’horrible réalité que les chiens vont tuer les enfants, les parents et tous nos proches si rien n’est fait. Les chiens, dans leur innocence, assistent, désemparés, à un cataclysme qu’ils sont incapables de saisir.

Face à cette apocalypse, l’humanité est poussée dans ses derniers retranchements. Le lien millénaire qui unissait l’homme au chien devient, aux yeux de certains, un pacte de mort. Les mesures de désespoir mènent à une décision aussi drastique qu’effroyable : l’éradication des chiens, rendue possible par la puissance technologique accumulée par l’homme au fil des âges. Il y a 10 000, tuer tous les chiens n’auraient pas été possibles, aujourd’hui c’est l’affaire d’une semaine si un tel objectif devient la priorité numéro 1.

Anubis, le divin protecteur des chiens, observe de loin l’effondrement de son œuvre. Sa réaction face à cette extermination presque totale reste enveloppée de mystère. Peut-être avait-il anticipé un tel dénouement, ou peut-être est-il pris au dépourvu par l’ampleur de la tragédie. Dans sa réflexion, une pensée émerge : offrir la même proposition aux humains d’inventer une espèce plus intelligente qu’eux. Une espèce qui sera directement issue de leurs propres inventions et technologie.

Espérons que ça se passera mieux pour nous que pour les chiens.

Bien que caricaturale, cette expérience de pensé fait office de métaphore sur le développement de l’intelligence artificielle. Elle vise à nous enseigner que la conséquence d’une plus grande intelligence et que vous pouvez avoir de nouvelles priorités qui n’étaient pas présentes le jour d’avant et qu’une espèce moins intelligente n’est pas en mesure de comprendre. Si nous réussissons à concevoir des IA plus intelligente sur les mêmes dimensions que nous le sommes par rapport aux chiens, alors elles auront des processus interne, des pensées, des capacités, des objectifs, appelé a comme vous voulez, qui nous seront impossibles à comprendre. Tout pourrait bien se passer jusqu’au jour où. 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un pari risqué.

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