Évolution des moeurs : notre éthique contemporaine survivra-t-elle ?

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Évolution des moeurs : notre éthique contemporaine survivra-t-elle ?
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À travers les époques, les humains ont fait des choses qui étaient jugées comme normales et qui semblent horribles aujourd’hui. Certaines personnes considéraient d’autres humains comme leur propriété. Les médecins pensaient que c’était une bonne idée de faire saigner leurs patients pour les guérir. Les lobotomies étaient censées guérir les maladies mentales. Un sacrifice humain était la meilleure façon d’assurer une bonne récolte et brûler une femme au bûcher permettait de libérer son village des forces démoniaques.

Le progrès technologique, moral, social … enfin le progrès en général, a transformé en profondeur nos modes de vie. Mais le monde évolue plus en 10 ans aujourd’hui qu’il ne le faisait en un siècle il y a 500 ans. Par conséquent, certaines de nos activités seront considérées comme absurde ou irresponsable, d’autres résultant d’un manque de connaissance flagrant, ou comme un échec d’action politique, et une autre classe sera considérée comme profondément immorale. Et pas forcément dans 1000 ans, mais rien que dans quelques générations. Voyons donc ce qui pourrait choquer nos descendants.

Conduire un véhicule :

Le permis de conduire va très certainement devenir un objet de collection dans pas si longtemps ! Les gens penseront qu’on était complètement tarés de conduire nous même des véhicules. Et en analysant les statistiques des accidents de la route, ils auront raison ! L’évolution ultra rapide des voitures autonomes va modifier considérablement la circulation et conduire un véhicule pourrait même devenir interdit sur la voie publique. Les gosses de 2050 se diront qu’on était fous de rouler à 130km/h sans aucune assistance et pour seule sécurité, une ceinture et un airbag !

Nos traitements contre le cancer :

Tout comme on pense aujourd’hui que de faire saigner un patient pour le guérir est non seulement absurde, mais aussi barbare, notre façon de traiter le cancer pourrait être perçue de la même manière. On essaye de l’enlever en charcutant des parties du corps ce qui est douloureux et traumatisant. Ou on injecte du poison dans le corps en espérant qu’il tuera plus les cellules cancéreuses que la personne … Les prochaines générations trouveront ça barbare ! Car à leur époque, un simple test sanguin sur son smartphone suffira à savoir si un début de cancer se manifeste. Et ensuite, on le traitera avec une petite injection de nanobot. Ce sera peut-être aussi bénin que le rhume.

L’industrie de la viande et l’élevage intensif :

Un des plus gros progrès moral que l’on puisse faire c’est d’arrêter le génocide constant que l’on perpètre simplement pour le plaisir du palais. Il ne fait plus de doute que les animaux non humains ressentent de la douleur et de nombreuses émotions complexes. Ils ont donc clairement des intérêts, tels que se balader librement et poursuivre des interactions sociales adaptées à leur espèce. Ne tenir compte que des intérêts des humains et non des autres animaux est donc de plus en plus considéré comme du spécisme – une discrimination injustifiée semblable au racisme ou au sexisme. Et je suis persuadé que nos descendants seront outrés par l’immense souffrance que l’on inflige aux animaux domestiqués pour l’alimentation. Ils seront autant répugné par notre consommation de saucisses que nous le sommes vis-à-vis du cannibalisme. Car il est logique d’envisager qu’ils auront perfectionné la carniculture et que le régime alimentaire végétalien soit bien plus répandu. Pour plus d’info sur ce sujet, je vous renvoie à cette vidéo que l’on a faite.

Les énergies fossiles :

Notre civilisation moderne a besoin de beaucoup d’énergie et cela ne va pas aller en diminuant. Le problème, c’est qu’on a beaucoup de mal à sortir des vieux schémas de production à savoir le pétrole, charbon ou encore gaz naturel. Les énergies renouvelables ou encore la fusion nucléaire sont autant de moyens qui seront très vraisemblablement la norme au 22e siècle. Quel regard auront les prochaines générations sur notre acharnement à utiliser l’énergie de plantes mortes il y a des millions d’années tout en polluant l’environnement ? Comment seront jugés les gouvernements, les politiciens et chacune de nos petites décisions quotidiennes qui ralentissent la transition énergétique vers des énergies propres, et qui accélèrent le réchauffement climatique, la pollution des océans et tous les impacts négatifs que nous avons sur l’environnement ?

Le travail à la chaîne :

Les chaînes d’assemblage dans différents secteurs s’automatisent de plus en plus, réduisant la présence d’ouvrier dans les usines. Bonne ou mauvaise chose ce n’est pas la question. Le fait est qu’une automatisation complète des lignes d’assemblage n’est pas très loin. Du coup, tout comme on considère aujourd’hui les anciennes mines de charbon comme ingrates, dangereuses et déshumanisantes, le travail à la chaîne sera considéré comme moyenâgeux par nos descendants. Tout comme de nombreux travaux répétitifs qui minent le moral de millions de personnes.

Les décisions politiques :

Un point plus spéculatif. Je pense que dans un avenir plus ou moins lointain, les gouvernements se tourneront de plus en plus vers l’intelligence artificielle pour prendre des décisions politiques. Pas de corruption, pas d’envie de pouvoir, aucun besoin de maintenir son électorat en promettant des conneries, bref, les IA pourraient finalement se montrer plus aptes à prendre des décisions globales à long terme à condition que les données qu’on leur donne ne soient pas biaisées. Si bien que la démocratie d’aujourd’hui sera perçu comme terriblement inefficace. Les futures générations se demanderont comme on a fait pour nous gouverner sans l’aide des IA pendant tous ces siècles.

La grossesse :

La plupart de nos descendants trouveront la grossesse – et en particulier l’accouchement – dégoûtante et risquée. À l’avenir, la plupart des nourrissons seront mis en gestation dans des utérus artificiels. La gestation d’un bébé à l’intérieur d’un autre être humain est dangereuse. La santé de l’enfant dépend de la sécurité physique de la mère lorsqu’elle navigue dans le monde et le fœtus est sensible aux infections, à une mauvaise nutrition et à des substances toxiques. Les utérus artificiels auront des environnements sûrs et stériles pour l’ectogenèse qui fourniront une nourriture optimale pour une croissance idéale. Cela peut même permettre aux parents d’allonger la gestation au-delà de 40 semaines et d’enlever toutes maladies génétiques. Faire des bébés à l’ancienne sera perçu comme une idée romantique pour les uns, et ringarde pour les autres. Si bien que seule une minorité choisira cette option.

Prisons et exécutions : à l’avenir, les prisons se concentreront sur le traitement et l’éducation pour s’assurer que les condamne deviennent des membres productifs de la société après leur libération. Personne ne croira que nous avons un libre arbitre absolu et donc que n’importe qui choisit d’être un criminel. En fait, il est prouvé que nous enfermons ceux qui sont les moins responsables de leurs décisions – ceux qui ont le moins de capacité de maîtrise de soi, ceux qui souffrent d’addiction et ceux qui ont des maladies mentales. La peine de mort sera bien évidemment perçue comme abjecte, mais également le nombre faramineux de personnes que l’on envoie derrière les barreaux.

La pauvreté et notre apathie :

Si on suit la tendance sur les dernières décennies, il est raisonnable d’envisager que l’extrême pauvreté va disparaître et que le monde entier vivra dans des conditions décentes sans manquer des ressources élémentaires. En tout cas, si on fait face au défi du 21e siècle. Dès lors, nos descendants seront consternés de voir à quel point les efforts pour réduire la souffrance dans les pays les plus défavorisés ont été marginaux. Et les gouvernements ou milliardaires ne sont pas les seuls à pointer du doigt. Si vous vivez en France, vous faites partie grosso modo des 1 à 5% des plus riches sur la planète. Combien donnez-vous personnellement à une association caritative oeuvrant dans les pays qui en ont le plus besoin pour aider les 95% des gens les plus pauvres ? Si vous ne donnez pas, ce n’est pas, car vous êtes une mauvaise personne. C’est certainement quelque chose qui est lié à la psychologie humaine, et le cercle d’altruisme que l’on est capable de projeter. On tient énormément à sa famille, ses proches, puis des gens de notre quartier ou village, puis des gens du pays. À chaque fois que le cercle s’agrandit, l’empathie, l’altruisme et la compassion diminuent. Par contre, si on voit un enfant en train de se noyer dans la rivière, on saute pour le sauver. C’est un réflexe. On ne réfléchit pas 107 ans, car cela joue sur l’émotionnel. On pourrait également sauver un enfant avec un simple don, mais là on fait preuve d’apathie au lieu d’empathie, car l’impact émotionnel est absent. On ne verra jamais l’enfant que l’on a sauvé, contrairement à celui qui se noie devant nos yeux. Mais on peut s’entraîner à saisir la souffrance des autres non pas émotionnellement, mais intellectuellement en connaissant l’impact que l’on peut avoir par euros donnés. Ce qui permet d’avoir une meilleure compréhension de son don plutôt que de ne pas savoir comment il est utilisé et peut-être même douter que l’argent donné ne serve à rien. Sur des sites comme effective altruism, give well ou the life you can save, vous pouvez voir par exemple un classement des associations humanitaires les plus efficaces dans l’aide qu’elles apportent. Autrement dit, vous pouvez être sûr que votre don peut sauver la vie d’un enfant. Le philosophe australien Peter Singer est connu pour ses réflexions sur ce sujet et il pense qu’il y a un vrai échec moral envers les plus défavorisés. Mais le nombre de dons augmente chaque année, donc le monde semble se soucier de plus en plus de ces questions, d’où la possibilité de voir nos descendants faire preuve d’un altruisme si grand que nous serons considérés comme des êtres égoïste et immoral ne se souciant que de notre petit confort et de nos proches.

On a vu qu’il y a certaines choses qui seront considérées immorales par nos descendants et ça marche dans les deux sens. La plupart des personnes qui vivaient il y a 100 ans seraient consternées de savoir que la place d’une femme n’est plus à la maison ou que l’homosexualité est ouvertement acceptée. De même, il y a encore aujourd’hui des gens qui sont consternés par ces changements et qui s’attachent aux valeurs du passé. C’est dans une large mesure ce que signifie être un conservateur. Et en tant que progressiste, c’est facile de rejeter ces valeurs comme rétrogrades et de se féliciter de combien nous avons moins de préjugés que les générations précédentes. Cette forme de recul peut faire naître de la suffisance. C’est un moyen de se vanter du progrès plutôt que de chercher à le faire continuer, et de nous distraire des aspects inconfortables du présent. La réalité c’est que mes propres valeurs pourraient être rejetées par la société dans quelques générations. Si nous vivons assez longtemps, nous éprouverons ce sentiment d’indignation et d’incompréhension que des normes parfaitement valables ont été abandonnées au profit de normes décadentes. Par exemple si vous aimez manger de la viande, vos petits enfants seront peut-être accablés par votre comportement. Nous aussi nous vivrons ce que c’est que de se faire dire que nos valeurs sont rétrogrades. En tous cas, pour la majorité d’entre nous. Car il y a toujours eu un petit pourcentage qui était en avance sur son temps. Et qui se faisaient traiter d’ahuri, ou pire, tuer pour les idées morales avant-gardistes qu’ils ou elles possédaient. Mais c’est grâce à ceux qui ont osé remettre en question certaines normes qui ont aidé à façonner le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Tout comme les suffragettes il y a 100 ans faisaient campagne pour la révolution des droits des femmes dont nous jouissons maintenant, il y a des gens qui font déjà pression aujourd’hui pour que certaines révolutions morales arrivent le plus vite possible.

On a vu une liste succincte de ce qui pourrait être perçu comme absurde, ridicule ou immoral par nos descendants. Avez-vous d’autres idées ? Merci de les partager dans les commentaires !

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