L’éducation du futur : quelles transformations à venir ?

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L'éducation du futur : quelles transformations à venir ?
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Gaetan : Cet article est un peu spécial dans la mesure où nous avons un invité. Que je vais d’ailleurs laisser se présenter.

Bonjour monde : Salut, nous sommes la chaîne Bonjour Monde, un collectif traitant principalement des sciences et des nouvelles technologies ainsi que de l’éthique qui les entoure. Et nous accompagnerons The Flares dans cette vidéo.

Gaetan : On va parler ensemble d’un sujet majeur : Le futur de l’éducation.

Le rôle de l’éducation dans la société

On ne peut pas suffisamment accentuer l’importance de l’éducation dans le développement viable d’une société. Avoir une meilleure compréhension sur l’Histoire, le fonctionnement des lois de la physique, la vie, l’économie, la santé, pour faire simple, une meilleure compréhension sur la réalité, et bien ça permet de prendre de meilleures décisions. Et plus les citoyens sont éduqués, plus on observe une corrélation avec des signes de prospérité, bien-être et progrès. Il est aussi notable que l’éducation des femmes joue un grand rôle dans la stabilité démographique d’un pays.

Pour toutes ces raisons, la croissance de l’éducation est un produit phare du progrès humain. Et comme pour tant d’autres dimensions du progrès, nous voyons un récit familier: jusqu’aux siècles des Lumières, presque tout le monde était à la ramasse. Puis, quelques pays ont commencé à se retirer du peloton. Récemment, le reste du monde a rattrapé son retard. Bientôt, ce sera un acquis universel.

Ce schéma montre qu’avant le 17e siècle, l’alphabétisation était le privilège d’une petite élite en Europe occidentale, moins d’un huitième de la population, et cela était vrai pour le monde dans son ensemble jusqu’au 19e siècle. Le taux d’alphabétisation dans le monde a doublé au cours du 19e siècle et quadruplé au cours du 20e pour atteindre environ 83% aujourd’hui. Et une grande partie des personnes analphabètes sont des seniors, ce qui signifie que les prochaines générations seront presque toutes lettrées à travers le globe. Une bonne chose pour l’humanité, mais à quoi ressemblera l’éducation dans le futur ?

L’année 2100 paraît être un futur lointain, mais lorsque vous voyez un enfant de moins de 10 ans se balader dans la rue, dites-vous que cette petite personne va connaître le passage au 22e siècle si tout va bien. Le genre de truc qui me met une petite claque ! Et personne ne sait à quoi ressemblera le monde, au mieux on peut faire des déductions logiques. Par exemple, il est raisonnable d’envisager que l’automatisation va rendre beaucoup d’activités obsolètes. Plutôt que de pleurer la perte de milliers d’emplois déshumanisants, nous devons voir cela comme une opportunité de libérer l’humanité de la nécessité de travailler pour survivre. Couplé au revenu de base universel par exemple, on peut percevoir une chance pour chaque individu de réaliser plus pleinement son potentiel personnel et dans la société. Mais pour en arriver là, il faudra réformer le système éducatif. Aujourd’hui, l’éducation n’est plus ou moins qu’un outil pour obtenir un emploi. Mais si les machines occupent 90% de la force de travail, qu’est ce qu’on fait de l’école ? Les premières années scolaires sont bien sûr essentielles pour l’apprentissage des bases comme lire, écrire, compter, et collaborer socialement, mais ensuite, on finit par apprendre une seule branche de connaissance et développer qu’un ensemble limité de compétences, que l’on essaye de maîtriser au maximum afin de pouvoir en faire son métier. L’automatisation pourrait permettre à l’éducation de devenir bien plus que ça !

Tout cela repose sur un système éducatif qui donne à chacun, enfants comme adultes, les outils, les connaissances et les compétences nécessaires pour contribuer et s’engager dans la société. Chacun de nous peut désormais tirer parti des technologies émergentes pour apprendre quoi que ce soit de n’importe où en ligne. Des moyens offerts par la technologie qui, quelques décennies plus tôt, n’étaient vus que dans la science-fiction. Accéder à des cours prestigieux des plus grandes universités sans même quitter sa chambre. Harvard, Yale, Cambridge et bien d’autres offrent des heures de formation et il est possible d’obtenir des diplômes sans même se rendre dans un campus universitaire. Se former sur des centaines de disciplines à une fraction des coûts universitaires, voir même dans certains cas pour pas un rond. Des sites comme Brilliant.org, skillshare ou Udemy proposent un immense catalogue et de très haute qualité. Et c’est sans parler de tous les tutoriels YouTube sur presque n’importe quoi.

En faite, Internet nous a donné accès à une quantité ahurissante d’information. On pourrait dire qu’on a tous accès à l’ensemble du savoir collectif de l’humanité. Ce qui est incroyable quand on y pense. De quoi faire rêver les philosophes des lumières. Sauf que ça ne suffit pas à créer une utopie. L’information c’est bien beau, encore faut-il savoir la comprendre et la trier. Comme le dit le physicien français Étienne Klein, dans les mêmes réseaux de communication circulent à la fois des croyances, des connaissances, des opinions, des commentaires et des fake news. Toutes ces choses ont des statuts cognitifs et factuels très différents, mais ils finissent par se mélanger. Si bien que lorsque l’on fait face à une connaissance, on se demande si ce n’est pas la croyance d’une communauté particulière. Et lorsqu’on rencontre une croyance, on se demande si elle ne cache pas en vérité une connaissance. Ça explique en partie pourquoi les théories du complot se propagent si bien sur les réseaux sociaux. Cette confusion est forcément nocive pour la bonne circulation des connaissances factuelles qui permettent à une société de s’épanouir.

C’est comme si on utilisait le même tuyau pour recevoir à la fois de l’eau potable et eaux usées. Ce serait bien si on avait un Internet des fakes news, et un Internet des connaissances. Tout comme on a deux tuyaux différents pour l’eau propre et eaux usées. Mais tant que ce ne sera pas le cas, il faut apprendre à chaque citoyen la pensée critique, les biais cognitifs et tous les obstacles qui s’opposent aux connaissances.

Au lieu de donner aux étudiants un menu de disciplines scolaires et universitaires, nous devons leur donner un menu de problèmes et de défis auxquels le monde est confronté. L’idée n’est plus de créer des travailleurs comme selon le modèle des révolutions industrielles, mais des personnes capables de résoudre des problèmes.

Afin d’orienter les futures générations à s’inscrire dans le courant de l’évolution technologique de nos sociétés, nous devons identifier quels sont les critères de réussite dans le monde d’aujourd’hui, au 21e siècle. À savoir la pensée critique, la collaboration, la créativité, la communication, l’informatique, la numérisation du monde, la résilience, etc. De nombreux spécialistes en pédagogie affirment que les écoles devraient passer à l’enseignement des « quatre C » : pensée critique, communication, collaboration et créativité. Plus généralement, les écoles devraient minimiser l’importance des compétences techniques pour privilégier les compétences générales nécessaires dans la vie courante. Les plus importantes de toutes seront la capacité d’affronter le changement, d’apprendre à apprendre et de préserver notre équilibre mental dans des situations peu familières. L’arrivé de l’informatique a montré que la technologie peut très rapidement créer un fossé générationnel. De nombreuses personnes âgés ne savent pas utiliser un ordinateur, internet ou un smartphone. Certains par choix, d’autres par peur d’apprendre quelque chose qui apparaît comme compliqué. On peut appeler ca un analphabetisme informatique. Le développement technologique entraîne donc l’apparition de nouvelle forme d’alphabétisation. Et il n’y a aucune raison de penser que les jeunes générations ne seront pas à leur tour affectées lorsque dans 50 ans, nous devrons apprendre à utiliser des interfaces cerveaux machines ou je ne sais quoi d’autres. Il est donc crucial d’enseigner la curiosité et les méthodologies d’apprentissage.

Sinon comment ne pas mentionner l’intelligence artificielle lorsque l’on parle du futur tant elle va influencer tous les aspects de notre quotidien. Si on imagine une IA de type assistant personnel sur nos smartphones par exemple. Plus ou moins comme un prolongement de Siri, Google assistant ou Alexa. On peut envisager que cet assistant puisse devenir une sorte de tuteur optimisé sur les capacités de l’étudiant. Capable de générer des programmes d’apprentissage sur mesure, de qualité et de façon ludique. La réalité virtuelle et augmentée pourrait également être utilisée pour créer des environnements d’apprentissage enrichis qui sont plus captivants que n’importe quelle classe. De là à voir la disparition des classes d’école ? … pas sur. Un environnement scolaire offre quand même de nombreux avantages, notamment sur la motivation d’apprendre et la collaboration. Par contre ce qui pourrait disparaître ce sont les examens standardisés à tous les élèves. Avoir des élèves qui ont une meilleure note que les autres créé un effet pervers de comparaison en defaveur des élèves en difficultés. Il faudrait plutôt encourager un suivi personnalisé des élèves à travers une évaluation constante semaine après semaine, et éviter les classements.

Bonjour Monde : Si nous nous basons sur les différents systèmes éducatifs dans le monde, nous pourrons alors sûrement découvrir les ingrédients mystérieux de la recette de l’éducation idéale. Le PISA ou Programme International de Suivi des Acquis vise justement à mesurer les performances de ces systèmes tout autour du monde sur des exercices comme la lecture et l’écriture, les mathématiques et les sciences. Selon les résultat de 2018, la France se place à la 26e position, tandis que la Belgique, à la 20e. En haut du classement se trouve : l’Estonie en 5e place, Hong Kong en 4e, Macao puis Singapour et enfin la Chine en première place. Macao et Hong Kong sont des territoires spéciaux chinois, mais ils ont été comptabilisés séparément, nous les inclurons donc avec la Chine. Si nous observons les étudiants chinois, ce qui saute aux yeux est leur quantité de travail inimaginable pour nous autres occidentaux, laissant très peu de places aux loisirs ainsi qu’au développement personnel. La durée des cours durent jusqu’à très tard le soir avec les heures d’études obligatoires. Les week-ends sont souvent consacrés eux aussi au travail.

À Singapour règne aussi une concurrence féroce entre élèves. En 2018, plus d’un milliard de dollars a été dépensé pour payer des cours particuliers. Pour un pays de 5 millions de personnes, ce chiffre est très élevé. Si nous prenons par comparaison les chiffres français, le budget des cours particuliers sont estimés à deux milliards de dollars mais pour une population près de 12 fois plus nombreuse. La différence se fait sentir. Avec ces deux exemples, nous voyons que les résultats des élèves se montrent excellents, c’est indéniable, mais leurs conditions ne laissent pas indifférent et peu d’entre nous peuvent considérer cela comme idéal.

Le cas de l’Estonie est aussi intéressant. Rappelons que le pays se trouve à la 5e place du classement. Il s’agit du pays d’Europe le mieux classé, pourtant il se trouve qu’il est aussi l’un des pays les plus pauvres de toute l’union. Globalement, l’Estonie est un pays qui mise beaucoup sur le numérique, avec notamment une carte d’identité électronique, qui permet à sa population de voter en ligne, de payer ses impôts ou d’accéder aux transports en commun. Toutes ces mises en avant de la technologie ont permis de créer un environnement favorable aux étudiants. En effet, chaque établissement possède une forte autonomie dans sa manière de choisir les méthodes d’apprentissage. Avec la mise en place d’un réseau entre écoles, elles peuvent se comparer les unes aux autres pour adapter leurs manières d’enseigner avec ce qui fonctionne ailleurs. Ajoutons à cela une culture du travail très implémenté au sein de leur société et nous obtenons l’un des systèmes éducatifs les plus performants du monde.

Une étude intéressante et presque incontournable sur l’éducation est celle de John Hattie. Il a compilé une grande quantité d’autres recherches pour quantifier les facteurs qui permettent la réussite scolaire. Il les a classifiés pour essayer de définir ce qui permettait principalement de performer à l’école. Nous observons qu’un point d’honneur est mis sur la qualité du lieu de travail, calme et bien ordonné que ce soit à la classe ou à la maison. Les retours des professeurs ou de l’entourage se montrent aussi particulièrement encourageant, ce qui est logique quand on y pense. Quelqu’un de soutenu a plus de chances de persévérer dans ses efforts. Encore, les connaissances personnelles sont valorisantes, un élève s’étant déjà intéressé à un sujet ou à un domaine se montrera forcément plus familier avec lui et prendra potentiellement plus de plaisir à aller l’explorer plus en profondeur. Pour revenir à ce que disait The Flares, l’arrivée de nouveaux outils numériques, de nouveaux vulgarisateurs sur les réseaux sociaux favorisent l’exploration. Enfin, la collaboration est considérée par cette étude comme le principal moteur de la progression, que ce soit dans la relation de professeur à élève ou d’élève entre eux. Le contact permet le partage de connaissance et de voir différemment une contrainte posée pour y répondre plus rapidement. Conclusion, à plusieurs on va souvent plus vite.

Néanmoins, si nous pouvons apporter une critique à cette étude est peut-être la minimisation de l’impact social dans tout cela. Regardons d’un peu plus près ces statistiques, les connaissances personnelles, le lieu de travail dépend beaucoup de la situation de nos parents. Et un jeune défavorisé a moins de chances de réussir qu’un enfant de cadre. Donc le réel besoin est une mise en place d’une véritable d’égalité des chances. La clé d’une réussite générale de l’éducation se trouve donc tout autant dans le système éducatif que dans l’organisation générale de la société.

Comme vu précédemment il y a un point d’honneur à mettre sur la collaboration. La mise en place de tutorat pourrait par exemple être quelque chose de très performant. Un élève se montre, certes, moins compétent qu’un professeur pour transmettre un savoir, mais permettra d’effectuer un suivi un peu plus personnel d’un camarade. Et puis l’apprentissage à la vulgarisation, à synthétiser des idées pour permettre de les faire assimiler est nécessaire dans la vie en société. L’organisation de davantage de débats serait aussi constructif, sur des thématiques générales, d’actualités, etc. Cela permettrait sûrement de sensibiliser un élève sur des sujets peu ou pas traités dans le contexte familial.

Pour ce qui est de l’avenir lointain de l’éducation, si l’humanité voit la majorité de ses métiers pris en charge par les nouvelles technologies, il est clair que la manière dont nous considérerons l’école sera différente. Tout le monde ne sera sûrement pas obligé de s’engager dans une vocation, du moins de la manière dont on la connaît, et de subir la pression des examens. Cependant on peut imaginer qu’il restera un socle commun pour apprendre à maîtriser les bases de chaque matière puis plus de libertés seront laissées. L’importance de la création prendra sans doute une autre dimension. Bref, cela laissera à chacun le choix de mener sa vie comme il le souhaite. Ou au contraire, nous pourrions penser que l’école prendrait plus de place dans nos vies, du moins que nous y passions plus longtemps s’il n’y a pas un métier qui nous attend derrière. Avec la venue d’augmentations du cerveau, grâce à des prothèses neurales, l’apprentissage automatique par le biais d’un ordinateur est aussi imaginable, même si les avancées d’aujourd’hui n’y seront pas avant un moment.

Pour conclure, l’éducation est l’un des points cruciaux du futur de l’humanité. Plus d’étudiants formés à un haut niveau amènera forcément à plus d’innovations dans les domaines scientifiques, amènera forcément à de meilleures réflexions sociales, qui aboutiront à une hausse générale des niveaux de vie. Si le taux des personnes instruites augmente, le complotisme, les violences s’en verront sûrement diminués. Pour cela, nous avons besoin de meilleurs suivis personnels et de ne pas laisser de côté certaines personnes pour limiter le décrochage scolaire. L’éducation est décisive pour notre avenir, mais la manière dont nous la concevons en ce jour est peut-être obsolète. Avec l’arrivée de technologies ou de nouvelles méthodes pédagogiques, il est sûr que des améliorations se feront, pour un bien-être commun et personnel.

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