Théorie du grand filtre : la réponse au paradoxe de Fermi ?

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Théorie du grand filtre : la réponse au paradoxe de Fermi ?
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Deux possibilités existent : soit nous sommes seuls dans l’univers, soit nous ne le sommes pas. Les deux sont tout autant effrayantes . – Arthur C.Clarke

Slt à tous chers abonnés humains, et oui dans cet épisode on va parler du paradoxe de Fermi. Même si en réalité ce n’est pas vraiment un paradoxe, on devrait plutôt dire problème de Fermi, mais bon. Pour rappel, il s’agit de savoir pourquoi nous n’avons pas détecté des signes de civilisations extraterrestres vu que l’univers est si vieux et si grand. D’un point de vue statistique, il devrait y en avoir partout, et ça se saurait.

Alors cela fait près de 70 ans que les esprits les plus brillants se posent la question, et lorsque Enrico Fermi s’est demandé “Mais où sont-ils ?”, notre conception de l’univers était bien différente. Nous n’avions jamais vu une exoplanète dans un autre système solaire. L’observation de la galaxie n’en était qu’à ses débuts, le SETI n’existait pas et nous n’avions écouté qu’une goutte d’eau de l’univers. Aujourd’hui on en sait beaucoup plus, on voit et entend des régions bien plus grandes de la galaxie, mais toujours pas de preuve irréfutable de civilisation extra-terrestre.

Il y a bien entendu des dizaines d’explications possibles qui sont apparues au fil des décennies pour expliquer ce silence. Mais je ne vais pas faire la liste ici, on va juste regarder ce que le paradoxe de Fermi pourrait signifier pour le futur de notre espèce.

La Terre est âgée de 4,5 milliards d’années, le soleil est un peu plus vieux, mais la galaxie est vieille de 13 milliards d’années. C’est une des premières galaxies à s’être formé après le big bang. Du coup, il est estimé que plus de la moitié des étoiles de la galaxie sont plus vieille que le soleil. Ce qui veut dire que la vie, l’intelligence et la civilisation technologique ont pu se développer sur ces systèmes bien avant la formation de la Terre.

Alors certes, nous sommes dans l’incapacité de savoir ce que pourrait faire une civilisation vieille de millions voir milliards d’années. On ne peut que spéculer. En revanche, ce qu’on peut observer avec notre intelligence, c’est qu’elle nous permet de créer, manipuler, transformer, consommer à des échelles qui laisse des traces conséquentes. Du coup, si on extrapole avec une civilisation plus avancée, elle fera la même chose à des échelles encore plus grandes. Sur des systèmes solaires entiers, et des régions de la galaxie. Ce qui laisserait des traces détectables par nos instruments. Et selon certains calculs, on se rend compte qu’il suffit qu’une seule civilisation décide de se répandre dans la galaxie, pour qu’elle soit partout en quelques centaines de millions d’années, même en voyageant à 10% de la vitesse de la lumière. C’est une petite échelle de temps comparé aux échelles géologique et cosmologique.

Cette absence possible d’anciennes civilisations extraterrestres peut nous servir à envisager notre propre futur dans une hypothèse appelée le grand filtre. Si on imagine le chemin évolutionnaire de la vie en différentes étapes. De l’origine à gauche, à l’expansion galactique à droite. Le grand filtre est une étape dans cette chronologie qui est si difficile à franchir qu’il en devient statistiquement impossible.

Imaginer un examen d’entrée dans une prestigieuse université où il faut avoir 20/20 dans 150 disciplines difficiles. Le taux de réussite va forcément tendre vers 0.

La question logique qui suit s’accompagne d’une bonne et une mauvaise nouvelle. On commence par la bonne.

Bonne nouvelle : Le grand filtre est derrière nous:

Le simple fait qu’on soit là à réfléchir au paradoxe de Fermi veut simplement dire qu’on a franchi le grand filtre à un moment donné dans le passé évolutionnaire de la vie sur Terre.

Ce grand filtre pourrait être :

  1. Le bon système planétaire incluant des composés organiques ainsi que des planètes habitables
  2. L’apparition de molécules reproductrices comme l’ARN.
  3. L’apparition d’organisme unicellulaire simple sans noyau, comme les cellules procaryotes.
  4. L’apparition d’organisme unicellulaire complexe avec noyau comme les cellules eucaryotes. Sur Terre, les eucaryotes ont mis deux milliards d’années à apparaître.
  5. L’apparition de la reproduction sexuée chez les eucaryotes.
  6. Le passage à des organismes multicellulaires.
  7. L’apparition d’animaux aux cerveaux développés capables d’utiliser des outils et la technologie. Les dinosaures ont régné en maître sur la terre pendant plus de 150 millions d’années sans développer de technologie.
  8. État actuel de notre civilisation.

Si le grand filtre est derrière nous, cela signifie que notre niveau d’avancement est extrêmement rare, voire unique, dans l’histoire de l’Univers. Les conditions nécessaires à l’apparition de la vie sont peut-être relativement récentes, pour différentes raisons. L’Univers serait donc dans une phase de transition astrobiologique qui permettrait la propagation de la vie et de l’intelligence, ce qui n’était pas possible lors des 10 premiers milliards d’années de l’univers. On est donc chanceux d’en être arrivé là et nous serons les premiers à coloniser la galaxie.

Si on suit cette hypothèse, la découverte d’une vie multicellulaire sur Mars, ou sur les lunes des géantes gazeuses serait une très mauvaise nouvelle pour nous. Car cela voudra dire que le grand filtre ne concerne pas les étapes 2, 3, 4, 5 et 6 ! Et augmenterait considérablement la …

Mauvaise nouvelle : Le grand filtre est devant nous :

Le 9e grand filtre c’est la colonisation galactique. Donc si le grand filtre ne se situe pas dans les 8 étapes de notre histoire évolutionnaires, cela implique que quelque chose de statistiquement insurmontable se trouve entre notre présent et la conquête galactique. Peut-être que des civilisations similaires à la nôtre sont super fréquentes dans la galaxie. Utilisant des énergies fossiles, la fission nucléaire, construisant des villes, l’agriculture, envoyant quelques sondes dans l’espace, etc., mais à un moment donnée, c’est l’extinction pure et dure, ou alors un retour cyclique à un âge technologique primitif.

La cause pourrait être soit anthropogénique (venant de nous) soit naturelle :

Anthropogénique :

  • Une technologie qui détruit la civilisation quelque temps après sa découverte. On pense à l’Intelligence artificielle, armes nucléaires, biotechnologie, nanotechnologie ou une technologie que nous ne connaissons encore pas, mais que nous ne finirons pas inventer.
  • Une expérience scientifique qui déclenche une réaction en chaîne imprévue. Certains pensaient que le LHC pourrait créer un trou noir sur Terre. Ou que nous pourrions enflammer l’atmosphère terrestre lors des 1ers tests nucléaires dans les années 40.
  • Une coopération globale insuffisante provoquant guerre nucléaire, cyberattaque, bioterrorisme, destruction de l’économie mondiale, famine.
  • Réchauffement climatique incontrôlable, épuisement des ressources naturelles limitant notre évolution.

Naturel :

  • Pandémique global d’un super virus ancien refaisant surface
  • Phénomène cosmique qui intervient plus souvent qu’on ne l’avait calculé comme les rayons cosmiques, une éruption solaire qui détruit toutes nos installations électriques ou un événement encore inconnu.
  • Astéroïde ou super volcan.

Il ne faut pas oublier que la cause doit être systémique, c’est-à-dire qu’elle arrive dans chaque évolution du vivant sur une planète. C’est pourquoi il est peu probable que ce soit les causes naturelles. En effet, un rayon cosmique ou un astéroïde peut certainement annihiler la vie intelligente sur quelques planètes, mais que ça arrive à toutes les planètes abritant la vie dans la galaxie est très peu probable. En revanche, une auto-destruction venant d’une nouvelle technologie est plus plausible, car notre propre évolution nous a conduits de technologie inoffensive à technologie capable d’extinction. Des silex jusqu’à l’arme atomique.

Mais il existe une autre possibilité qui est beaucoup moins terrifiante. Peut-être que les civilisations avancées atteignent un stade où elles deviennent, disons, indétectables. En tous cas par nos instruments. Peut-être qu’ils utilisent des types de technologies qui ne laissent aucune trace. Ou ils se rendent compte que c’est plus efficace de vivre dans des dimensions plus élevées. Peut-être qu’ils acquièrent des pouvoirs divins et finissent par créer puis migrer dans leur propre univers sur mesure.

Tout cela n’est encore une fois que spéculation. Mais en s’appuyant sur le seul exemple que l’on connaisse, c’est-à-dire le nôtre, on sait que nous allons nous répandre dans le système solaire. Le seuil d’entrée est en train de baisser. Il était réservé uniquement aux superpuissances gouvernementales. Aujourd’hui, il est au niveau des milliardaires privés. Dans quelques générations, dans quelques siècles, il est raisonnable d’envisager que le seuil d’entrée sera si bas que des milliers d’entreprises feront affaire dans l’espace et l’on sera capable de truc de fou qui laisseront des traces dans la galaxie. Ce qui veut dire que si le grand filtre se trouve devant nous, alors il va venir très vite. Il va forcément se produire avant que l’on soit une espèce multiplanétaire. S’il est derrière nous, alors nous sommes les premiers, et notre futur semble être radieux. Peut-être similaire à celui dans le cycle Fondation d’Isaac Asimov où l’humanité est la seule civilisation dans la galaxie et l’a colonisé presque entièrement.

Espérons donc que cette hypothèse du grand filtre nous serve d’avertissement pour naviguer prudemment dans le 21e siècle. Ce sera peut-être le dernier ou alors le premier de l’ère galactique. 

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