Dataisme : une techno-religion en devenir ?
Le 21e siècle pourrait voir tous nos systèmes de croyances balayés d’un revers de la main. L’intelligence artificielle et les algorithmes donneront naissance à un nouveau paradigme religieux. Une ère dominée par une Techno-religion … Regardons tout d’abord comment les religions et idéologies façonnent les sociétés humaines depuis le début des civilisations avant de se tourner vers un avenir où les données numériques seront la nouvelle figure d’autorité.
Alors bonjour et bienvenu au 21e siècle, une période qui pourrait voir tous nos systèmes de croyances balayés d’un revers de la main. Où l’intelligence artificielle, la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité, donnera naissance à un nouveau paradigme religieux. Une ère dominée par une technoreligion.
Au sommaire
1) Religion et idéologie
On va parler régulièrement dans cet épisode de religion et idéologie. Et ce de manière interchangeable. Beaucoup de personnes confondent la religion avec la superstition, la spiritualité, le surnaturel ou la croyance en Dieu. C’est une vision trop étroite. Pourquoi le bouddhisme est-il considéré comme une religion et pas le communisme ? Et pourquoi admet-on facilement que le Nazisme est une idéologie, mais pas le christianisme ? Il faut plutôt définir la religion par rapport au rôle qu’elle joue dans la société, pour se rendre compte qu’elle partage la même définition qu’une idéologie. La religion, c’est l’affirmation que nous, humains, sommes sujet à un système de lois et valeurs morales que nous n’avons pas inventé, que nous ne pouvons pas changer et qui nous donne un système d’autorité. Vous savez quoi ? C’est également la définition d’une idéologie. Ces lois morales ont pour origine soit Dieu, soit la nature. Pour un chrétien ce système de lois morales a été créé par Dieu et révélé dans la Bible. Pour un hindou, Brahma, Vishnu et Shiva ont créé les lois morales, révélées aux humains dans les Vedas. Mais pour d’autres religions comme le Bouddhisme, Taoïsme ou confucianisme, les lois sont celles de la nature, et non pas été créé par une force supérieure. Le communisme et l’humanisme affirment également que les lois morales sont naturelles et au final, la seule différence entre toutes ses religions/idéologies, c’est l’interprétation qu’elles font de ces lois.
Une des lois pour un musulman c’est de ne pas manger de porc. Pourquoi ? Est-ce que l’Imam l’a décidé ? Non ! c’est Dieu qui a révélé cette loi aux hommes. Selon le Nazisme, une des lois c’était de priver les Juifs de toute liberté (voire même de les tuer). Pourquoi ? Est-ce que c’est parce que Hitler l’a décidé ? Non ! Ce sont les lois de la sélection naturelle qui ont engendré différentes races d’humains. Certaines sont pures comme les Aryens, certaines sont impures comme les Juifs. Hitler n’a fait que déchiffrer ces lois naturelles. On sait aujourd’hui qu’il était totalement à côté de la plaque et que c’était juste un horrible être humain fils de …. ! Mais ce n’est pas la question ici. Son interprétation des lois naturelles a donné naissance au Nazisme. L’interprétation des lois naturelles par Karl Marx a donné naissance au communisme. À partir du moment où il y a une interprétation des lois naturelles (ou Divine) qui engendre un guide de conduite morale, on a une religion. Alors c’est vrai que les communistes, les libéraux ou disciples des autres systèmes de croyances contemporains n’aiment pas voir leur vision du monde décrite en tant que religion. Car ils identifient la religion avec la superstition ou la croyance en Dieu et pensent qu’on les accuse de croire aveuglément en une doctrine. En fait, cela signifie seulement qu’ils croient en un système de lois morales n’ayant pas été inventé par l’humanité, mais que les humains doivent néanmoins obéir sous peine de catastrophe (pour la société ou l’individu). Et toutes les sociétés humaines sont concernées. Idéologie et religion ont donc le même rôle dans la société. Maintenant, je peux comprendre pourquoi certaines personnes n’aiment pas utiliser le terme idéologie et religion de la même manière et libre à vous d’utiliser ces termes séparément ou pas. Donc quand j’utiliserai religion, vous pourrez le remplacer par idéologie et inversement, si ça vous fait plaisir.
2) La fin de l’arène cosmique
Jusqu’à l’ère moderne, la plupart des civilisations croyaient que l’être humain jouait un rôle important dans une sorte de grande arène cosmique conçue par des Dieux omnipotents ou les lois éternelles de la nature. Cette arène cosmique donnait un sens à la vie de chacun, mais également, limitait le pouvoir de l’être humain. En gros, c’était comme une scène de théâtre. Le script donne du sens à toutes les actions de l’acteur, mais place des limites sur la performance. Roméo ne peut pas marier Juliette dès le premier acte. Shakespeare ne l’a pas permis. De façon similaire, les humains ne peuvent pas vivre éternellement, ne peuvent pas vaincre les maladies et faire tout ce qu’ils veulent. Ce n’est pas permis par le script de l’Univers.
Depuis que l’humanité est entrée dans ce que l’on considère comme l’ère moderne, c’est à dire depuis le début du 19e siècle, elle a rejeté progressivement cette croyance en une arène cosmique. Nous ne sommes pas les acteurs dans un drame universel. La Vie n’a pas de script, pas de scénariste, pas de réalisateur et aucun sens prédéfinis. Du mieux que l’on en sait selon nos connaissances scientifiques actuelles, l’Univers est une vaste étendue d’espace temps sans but et complètement dénué d’intérêt pour notre planète et notre espèce. Ce qui signifie également que nous ne sommes pas limités par un script et n’avons aucun rôle prédéterminé à jouer. On peut donc faire ce que l’on veut tant qu’on arrive à trouver les moyens de le faire. Notre seule limitation, c’est notre ignorance. D’un point de vue pratique, la vie moderne consiste en une constante poursuite de pouvoir sur un univers dénué de sens. Forts est de constater que la culture moderne est la plus puissante de l’Histoire, et ne cesse de découvrir, inventer et progresser dans tous les domaines. Mais elle est également bien plus tourmentée par des angoisses existentielles que les anciennes cultures. Pour faire simple, nous avons troqué le sens de la vie contre du pouvoir sur l’univers. Voilà le deal de la modernité.
En 2018, il se trouve que la religion la plus répandue dans le monde et qui semble très très bien installée en tête d’affiche c’est … l’Humanisme (Plus exactement le libéralisme, mais on y reviendra).
3) La suprématie de l’Humanisme
La religion (ou idéologie) humaniste vénère comme son nom le suggère, l’humanité elle-même. Elle attend de l’humanité qu’elle joue le même rôle que Dieu joue dans le Christianisme et l’Islam, et que les lois de la nature jouent dans le Bouddhisme et le Taoïsme. Alors que traditionnellement, la grande arène cosmique donnait du sens à la vie des humains, l’Humanisme renverse les rôles, et attend que les expériences humaines donnent un sens au cosmos. Selon l’Humanisme, les humains doivent tirer de leurs expériences intérieures, non seulement le sens de leur propre vie, mais aussi la signification de l’univers tout entier. C’est le 1er commandement de l’Humanisme : créer un sens pour un monde qui en est dénué.
Alors pour comprendre la profondeur et les implications de la révolution humaniste, regardez comment la culture européenne moderne diffère de la culture européenne médiévale. Les gens de Londres, de Paris ou de Rome en 1300 ne croyaient pas que les humains pouvaient déterminer par eux-mêmes ce qui est bien ou mal, ce qui est juste ou immoral, ce qui est beau et laid. Seul Dieu peut créer et définir l’éthique, la morale et la beauté. Ce qui fait de Dieu la source suprême non seulement du sens de la vie, mais aussi de l’autorité. Le sens et l’autorité vont toujours de pair. Quiconque détermine le sens de nos actions – qu’elles soient bonnes ou mauvaises, morales ou immorales, belles ou laides – a aussi l’autorité de nous dire ce qu’il faut penser et comment se comporter.
Ce concept d’autorité est la clé pour comprendre le phénomène de la technoreligion donc rester bien concentré !
Avant la révolution humaniste, le rôle de Dieu en tant que source du sens de la vie et de l’autorité n’était pas seulement une théorie philosophique et religieuse. Cela affectait toutes les facettes de la vie quotidienne. Prenons plusieurs exemples.
Au niveau social et éthique :
Supposons qu’en 1300, dans la petite ville de Moncul, un homme marié se soit tourné vers la voisine d’à côté pour faire gologolo. En rentrant chez lui, son esprit le rattrape : «Qu’est ce que j’ai fait ? Pourquoi ? Était-ce une bonne ou mauvaise chose ? Est-ce que c’est éthique ? Devrais-je recommencer ?”
Pour mettre fin à ses tourments, le type devait aller chez le prêtre local, confesser et demander conseil. Le prêtre était logiquement à fond dans les Saintes Écritures qui lui révélaient exactement ce que Dieu pensait de l’adultère. Il pouvait donc déterminer sans aucun doute possible que le monsieur avait commis un péché mortel et qu’il finirait en enfer, à moins qu’il se repentît immédiatement, donne dix pièces d’or et parte faire un pèlerinage à Saint Jacque de Compostelle. Et il va sans dire qu’il ne doit jamais répéter son terrible péché.
Aujourd’hui, les choses sont très différentes. L’Humanisme nous a convaincus que nous sommes la source ultime du sens de la vie, et que notre libre arbitre est par conséquent la plus haute autorité. Au lieu d’attendre qu’une entité externe nous dise quoi faire, nous pouvons compter sur nos propres sentiments et désirs. Du coup, quand un homme contemporain veut savoir si son adultère est éthique, il est beaucoup moins enclin à accepter aveuglément les jugements d’un prêtre ou d’un livre saint. Au lieu de cela, il examinera attentivement ses sentiments. S’il se sent bien et que ça lui procure du bon temps, il continuera. Pas de soucis à se faire sur le sort de son âme. Si ses sentiments ne sont pas très clairs, il appellera un pote. Si les choses restent vagues, il ira voir son thérapeute et lui dira tout. Le psy ne possède pas de livre sacré qui définit le bien et le mal. Il ne lui dira pas qu’il a commis un péché et qu’il grillera en enfer. Le thérapeute demandera plutôt d’une voix attentive : “Eh bien, qu’en pensez-vous ? Que ressentez vous au fond de vous même ?” et surement un truc du genre : “Avez-vous eu une enfance difficile ?”. Les questions éthiques se résolvent donc au fond de nous même et pas par une force externe. Bien sûr, dans de nombreux cas, c’est plus compliqué que juste se demander si on se sent bien ou non. Ce qui est éthique pour le type qui a une maîtresse ne l’est certainement pas pour sa femme. On a donc un débat éthique, qui sera résolu au tribunal.
Au niveau politique :
Quand nous voulons savoir qui doit diriger le pays, quelle politique étrangère adopter et quelles mesures économiques prendre, nous ne cherchons pas les réponses dans les Saintes Écritures. Nous n’obéissons pas non plus aux commandements du Pape ou du Conseil des lauréats du prix Nobel. Au contraire, dans la plupart des pays (123 sur 192), nous organisons des élections démocratiques et demandons aux gens ce qu’ils pensent de l’affaire en question. En théorie, les gens réfléchissent, entre en contact avec leurs émotions, leurs envies et, en faisant le trie parmi toute la propagande, slogan et autres conneries de campagne, font un choix qui est guidé par personne d’autre qu’eux même. (en théorie encore une fois).
Au Moyen Âge, cela aurait été considéré comme le summum de la folie.
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Il y a quelque chose que je trouve bizzar, si Google me donne 30€ pour une de mes donnés biométrique, que Google vends cette donné 30€ à Jeff de Brudge et que Jeff de Brudge, grace à cet donné me vend du chocolat également 30 € En réalité ce serait comme si j’aurais juste échangé une donné contre un chocolat, que Google n’aurait rien gagné et rien perdue non plus et que Jeff de Brudge aurait échangé un chocolat contre une donné. En réalité se serait plutôt Google qui me paye 30€ le revends 35 et Jeff de Brudge qui me vend un chocolat 40€, les prix reste élevé mais c’est juste pour l’exemple. Par contre mes donné biométrique elle viennent seulement de moi. Une société qui a acces à mes donné ne pourra vendre qu’à moi, il ne pourra pas vendre à un chinois, surtout si le chinois n’a pas les même réactions que moi