Un monde statisfait

Tout public Fiction • Temps de lecture : 3 minutes
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2053 : Une enseignante fait un cours d’histoire et revient sur les 50 dernières années…

L’enseignante :
“L’agriculture abusive, les excès de la consommation de masse, la pollution atmosphérique, la mise en péril des espèces animales et végétales… Nous savons que ce sont là des problèmes qui appartiennent désormais au passé.

Tout cela vous semble normal n’est-ce pas ?

Mais imaginez un seul instant, un monde régi par une économie non régulée, contrôlée par un très petit nombre de grands groupes capitalistiques. Imaginez un monde dans lequel le pouvoir et l’argent représenteraient des arguments supérieurs à ceux de la simple raison et de la préservation des biens naturels.

Même si nous avons tendance à l’oublier, ce monde à réellement existé un jour. L’idée du cours d’aujourd’hui n’est pas de vous faire un état des lieux de ce que cette époque incarnait. L’idée c’est de vous montrer avant tout à quel point les révolutions tiennent à peu de choses. Mais à des choses fondamentales !

Tout changement est généralement perçu comme le résultat d’un mouvement massif qui était de toute façon voué à prendre forme tôt ou tard. En réalité, tout changement implique toujours un inconfort profond. Que ce soit dans les mentalités, que dans notre façon d’appréhender l’avenir. Toute révolution se fonde avant tout sur le pari risqué d’une poignée de personnes. Parce que ces personnes ont des convictions assez fortes, elles parviennent à faire pencher la balance en faveur du changement. Ce n’est jamais un processus rapide, mais progressif. De nouvelles idées et de nouvelles valeurs se propagent et peu à peu, la révolution se construit.

C’est pour cette raison que l’éducation est essentielle au développement de toute civilisation. Non pas seulement pour que chacun puisse exercer une activité, mais aussi et surtout pour amener les gens à penser d’eux-mêmes. Aujourd’hui, je pense sincèrement que notre système court à sa perte !”

Les élèves ouvrent soudainement de grands yeux et se montrent consternés par ce qu’ils viennent d’entendre. Ils commencent à parler entre eux, comme si le besoin de canaliser un sujet polémique se faisait brusquement ressentir.

Le regard de l’enseignante parcours la salle. Elle contemple les élèves quelques secondes sans dire un mot, puis elle reprend…

“Grâce à notre système actuel…”

Les élèves se calment et se focalisent à nouveau sur ce que dit l’enseignante.

“Grâce à notre système actuel nous sommes parvenus à résoudre des problèmes qui semblaient impossibles à surmonter au début des années 2000. De la même façon, le siècle des lumières et la renaissance italienne, ont eux aussi permis d’introduire de nouvelles idées. De nouvelles perspectives d’avenir ont pu se mettre en place grâce à des penseurs, des artistes qui ont osés dire à voix haute ce que tout le monde pensait en son fort intérieur.

L’avenir et l’évolution ne sont jamais sans risque. Mais une civilisation qui stagne est une civilisation qui meurt à petit feu. Sans perspective d’évolution, nous sommes directement exposés à un autre risque majeur : celui de la complaisance !”

Les élèves se lancent discrètement quelques regards interrogatifs.
Après quelques secondes d’un silence absolu l’enseignante continue…

“Les domaines des arts et des sciences par exemple, n’ont jamais proposés des choses aussi médiocres dans toute l’histoire de l’humanité.”

Un élève lève la main. L’enseignante lui donne la parole…

L’élève :
“Mais alors comment est-ce qu’on peut faire pour améliorer les résultats obtenus ? Vous avez une technique ou une méthode à nous donner ?”

L’enseignante lui répond :
“Ce n’est pas une course aux résultats. Il n’y a aucune technique ou méthode pour rendre des domaines comme l’art ou la science plus inspirants. La vraie méthode, c’est vous !

Au lieu de vous demandez “Comment ?”, demandez-vous plutôt “Pourquoi ?”… Pourquoi les choses sont telles qu’elles sont ? Pourquoi ne pourraient-elles pas être faites autrement ? Pourquoi ne pas chercher un modèle de civilisation encore meilleur que celui que nous avons déjà ?

Nous ne sommes pas là uniquement pour résoudre les problèmes de notre présence et de notre croissance exponentielle. Nous sommes là pour devenir nous-mêmes de meilleurs êtres vivants. Nous sommes là pour faire de nos enfants des êtres encore meilleurs que nous. Et ainsi de suite…

Le changement tient à peu de choses. Mais pour permettre à celui-ci de naître, chacun d’entre nous doit apprendre à remettre constamment son environnement en question. Le mieux est l’ennemi du bien. Mais la complaisance dans le confort que nous offre le “bien” représente aussi l’impasse vers le mieux.
Qu’en dites-vous ?”

Un élève se lève de sa chaise et avance d’un pas déterminé vers l’enseignante.
L’enseignante le suit du regard. Elle ne semble pas tranquille.
L’élève s’arrête juste en face de l’enseignante.
Ils se regardent fixement quelques secondes sans dire un mot.
L’élève s’approche de l’enseignante et passe sa main sur sa nuque.
Un bruit électronique se fait entendre. L’enseignante semble se désactiver soudainement.

L’élève :
“J’en dis que t’es juste un modèle défectueux qui n’a rien compris au monde…”

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