Monde post-apocalyptique : envisager les futurs possibles après la fin

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Monde post-apocalyptique : envisager les futurs possibles après la fin
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On va s’intéresser à ce qu’il pourrait se passer après une catastrophe d’ampleur globale. En effet, si une catastrophe touche uniquement l’Europe ou la chine, on parle de catastrophe locale qui aura un ensemble de conséquences différentes que si l’on considère une catastrophe planétaire. Dans la rapidité de se rétablir notamment grâce à l’aide internationale, etc.

On a tous des représentations vivides d’un monde post-apocalyptique nourri par la science-fiction. Plus ou moins exagérés soit dit en passant. Et il est évident que de nombreuses variables sont déterminées par la catastrophe responsable de l’effondrement civilisationnel. Si les dégâts sont extrêmes, on a l’extinction de l’humanité. S’ils sont bénins, le monde repart une semaine après. Entre les deux, on a tout un ensemble de possibilités qui sont elles-mêmes établies par d’autres variables comme la destruction de l’habitat, l’infection des survivants en cas de pandémie, la disparition des connaissances, etc.

Une façon d’organiser la réflexion est de classifier le monde post-catastrophe par niveau de destruction, ce qui nous donne deux catégories générales, indépendantes du nombre de victimes.

Habitat détruit:

Certaines catastrophes pourraient provoquer des perturbations majeures sur l’environnement. Une guerre nucléaire, l’éruption d’un supervolcan et une collision d’astéroïdes sont susceptibles d’envoyer des particules dans l’atmosphère abaissant les températures, la lumière du soleil et les précipitations sur une période de plusieurs années. Ajoutés à cela, les grands centres urbains seront plus ou moins détruits en fonction de la catastrophe. Une guerre nucléaire totale entre les grandes puissances dévastera selon les simulations, la majeure partie de l’Europe, les États-Unis, la Russie, l’Inde et la Chine, en fonction des belligérants, et ces zones pourraient rester radioactives pendant des décennies. Un astéroïde détruira toutes les infrastructures humaines jusqu’à un certain point autour du lieu d’impact. Pareil pour un super-volcan. Et différents degrés de destruction surviendront suite aux tremblements de terre et au tsunami.

Habitat quasi-intact:

Certaines catastrophes n’entraînent pas nécessairement la destruction de l’environnement et les villes. Des pandémies naturelles ou artificielles laisseront probablement intactes les infrastructures citadines.

Il est également possible d’envisager des combinaisons où l’environnement est ravagé, mais les villes ne sont pas en ruine. D’autres catastrophes sont susceptibles de causer des dégâts plus difficiles à déterminer comme une super IA mal-alignée ou une tempête solaire.

Alors on ne va pas se focaliser sur le quotidien des survivants et créer le prochain numéro de “survivre à l’apocalypse pour les nuls”. On va plutôt prendre une approche macroscopique pour tenter de voir les possibles trajectoires de l’humanité sur le long terme dans un monde post-apocalyptique. Et pour couper court à toute attente, il n’y en a que deux.

  • Soit l’humanité reconstruit la civilisation.
  • Soit l’humanité s’éteint.

En effet, l’humanité pourrait survivre sans civilisation dans un monde post-apocalyptique pendant des milliers d’années, mais ce sera néanmoins de nature temporaire. Ce stade sera inévitablement suivi soit par l’extinction, si la population baisse dangereusement ou si une autre catastrophe frappe la planète. Soit par un retour de la civilisation à un état proche de celui pré-catastrophe, ce qui la placerait à nouveau sur des trajectoires que l’on envisage pour notre futur, avec technologies avancées, conquête spatiale, post-humanisme et autres scénarios excluant les catastrophes globales.

Une grande partie de mes recherches proviennent d’un article académique de plusieurs auteurs intitulé long term trajectories for human civilization publié dans la revue Foresight que je tiens à citer et les autres sources sont dans la colonne de droite.

Voyons donc plus en détail pourquoi ces deux trajectoires semblent logiques, mais commençons par nous demander ce qu’il se passera immédiatement après la catastrophe.

L’après-catastrophe :

BOOM!. La catastrophe est arrivée. Le monde est du jour au lendemain l’ombre de ce qu’il était. Ce qui fait la différence entre l’extinction de l’humanité et d’autres scénarios post-apocalyptiques, c’est le nombre de survivants. S’il reste 10 personnes, c’est la fin des haricots. Mais combien faut-il d’humains pour assurer la survie de l’espèce ? La population minimale viable est une limite inférieure de la population d’une espèce telle qu’elle peut survivre dans la nature. Ce terme est couramment utilisé dans les domaines de l’écologie et de la biologie de la conservation. Selon la théorie du goulot d’étranglement génétique, tous les humains d’aujourd’hui descendent d’une très petite population de 1 000 à 10 000 couples ayant survécu à l’éruption du volcan Toba en Indonésie, il y a 70 000 ans. Mais cette théorie n’est pas sans critique. Quoi qu’il en soit la population minimale viable pour homo sapiens n’est pas un nombre précis, mais se situe dans une fourchette entre 150 et 40 000 individus. Toutefois, dans un environnement post-apocalyptique potentiellement inhospitalier, une telle population peut avoir une faible probabilité de survie à long terme, même si le nombre de survivants dépasse le seuil minimum viable.

Si une population est capable de survivre aux conséquences immédiates de la catastrophe et s’adapter à ce nouveau monde post-apocalyptique, alors ses futurs possibles dépendent, entre autres, de sa capacité à produire des générations supplémentaires. Si la population est en dessous du seuil minimal viable, alors le seul chemin possible sera l’extinction quelques siècles plus tard. Une population initialement petite pourrait devenir beaucoup plus grande si elle se trouve sur un continent, une grande île ou une petite île suffisamment proche d’un continent. Car les survivants auront une abondance de terres sur lesquelles s’étendre. Étant donné que c’est là où réside l’écrasante majorité de la population humaine actuelle, il est probable que ce soit également là où les survivants seront les plus nombreux. Sauf dans certains scénarios de catastrophe qui affectent spécifiquement les densités de population, comme les pandémies.

Quelques jours et semaines après une catastrophe globale, les survivants vont se focaliser sur les besoins de subsistance, en particulier la nourriture et l’eau. Or la plupart des gens obtiennent ces ressources de la civilisation elle-même. À travers la production industrielle, les chaînes d’approvisionnement, les magasins. S’il existe de larges réserves de denrées, et une coordination efficace pour la distribution dans les grands centres urbains par exemple, alors bien plus de personnes pourraient survivre et la civilisation prendra moins de temps pour se reconstruire.

Dans le cas contraire, la population survivant les premiers mois pourrait se composer principalement d’agriculteurs de subsistance, c’est-à-dire ceux qui produisent pour leur propre consommation et pas pour le profit. Ainsi que des chasseurs-cueilleurs, et d’autres personnes qui subviennent à leurs propres besoins de base. Ces personnes sont, à l’heure actuelle, souvent considérées parmi les plus pauvres du monde puisque majoritairement vivant dans les pays du tiers monde. Mais après la catastrophe, elles pourraient être parmi les mieux loties. Des autres groupes qui pourraient bien s’en sortir sont ceux qui se sont préparés à des catastrophes. Cela pourrait inclure les personnes concernées par les plans de continuité des installations gouvernementales, les survivalistes et les habitants des refuges.

Après les premiers mois difficiles, ceux qui ont réussi à survivre et qui s’étaient atomisés en petits groupes familiaux vont sûrement se réunir en communauté plus grande. On pense souvent qu’un monde post-apocalyptique sera dominé par des bandes de punks post-apocalyptiques violant et tuant tout ce qui bouge. C’est cool au cinéma, mais est-ce vraiment le plus probable ? On pourrait se dire que oui au vu des gangs et seigneurs de guerre qui profitent de la désolation d’un désastre, comme à Haïti lors du tremblement de terre. Toutefois, il semble que la violence ne soit pas nécessairement la meilleure stratégie pour survivre sur le long terme. Les gangs et crimes organisés ont cette tendance à se tuer entre eux.

On peut aussi noter que les catastrophes sont souvent là où l’on constate des preuves de solidarité et d’empathie incroyable qui donnent la larme à l’oeil. Une des forces de l’humanité est notre capacité de collaboration en masse. Dès lors, il est raisonnable qu’une volonté croissante de reconstruire la civilisation se manifeste. Tout simplement pour les avantages que la civilisation nous offre. En effet, combien d’entre nous sommes capables de faire les choses les plus basiques pour survivre comme cultiver sa nourriture, fabriquer ses propres vêtements, construire un abri ou se soigner avec ses propres médicaments ? Et pour une bonne raison, c’est que ça a un coût énorme qui impacte notre capacité à l’épanouissement. La civilisation décharge tous les frais cognitifs et physiques de la survie pure afin que les individus puissent se spécialiser et utiliser leur temps pour faire autre chose. Et historiquement, cela s’est traduit progressivement par plus de temps pour élever des enfants, faire de l’art, les sciences, la philosophie et … Netflix et les jeux vidéos !

Même si la plupart des survivants ne savent pas comment survivre sans civilisation, il existe beaucoup d’informations documentées. Bien qu’Internet ne sera peut-être pas disponible après une catastrophe, de nombreuses bibliothèques et librairies contiennent des informations de base sur des questions telles que la purification de l’eau, le bricolage ou l’agriculture. Il existe même des livres qui traitent spécifiquement de la façon de survivre aux catastrophes. Ce seront des biens d’une immense valeur. Mais les livres possèdent quelques inconvénients comme la quantité limitée d’information par poids. Et c’est là où les livres électroniques révèlent leur force. Des milliers de livres peuvent tenir dans la mémoire d’une liseuse pour un poids de quelques grammes. Malheureusement, si le réseau électrique est tombé, ils n’auront pas une très longue durée de vie. À moins de se tourner vers le soleil. Le chercheur Lewis Dartnell a conçu un système de recharge par panneau solaire intégré à une liseuse électronique. Ce genre d’objet pourrait être des catalyseurs inestimables pour redémarrer la civilisation. Encore faut-il qu’ils soient suffisamment répandus.

Si la population initiale de survivant parvient à produire des générations de façon stable et se place sur la trajectoire menant vers le rétablissement de la civilisation moderne, elle devra garantir deux fondations civilisationnelles clés : l’agriculture et l’industrie.

Agriculture :

L’agriculture a joué un rôle central dans l’apparition des premières civilisations il y a environ 10 000 ans, et reste cruciale aujourd’hui. Il est difficile d’imaginer des populations post-apocalyptiques reconstruire une civilisation avancée sans agriculture.

La production de nourriture nécessite des ressources, des chaînes d’approvisionnement et plusieurs types de main-d’œuvre qui pourraient être vulnérables à une variété de catastrophes. Par exemple, des pénuries alimentaires majeures pourraient survenir à la suite de pandémies qui déciment la main-d’œuvre disponible.

La chasse et la cueillette pourraient être particulièrement viables si la population humaine s’effondre, laissant une abondance de nourriture naturelle facilement disponible. Les générations futures pourraient très bien être des chasseurs-cueilleurs et le concept de civilisation serait perdu à jamais. C’est un des scénarios possibles, seulement si l’environnement est intact. Sinon, il n’y aura pas grand-chose à chasser et à fourrager.

  • On peut dresser plusieurs trajectoires concernant l’agriculture :
  • L’environnement n’est pas ravagé et l’agriculture n’est jamais perdue après la catastrophe.
  • L’agriculture est impossible en raison de conditions environnementales désastreuses. Auquel cas la civilisation n’est jamais reconstruite.
  • L’agriculture est perdue à la suite de la catastrophe, mais redécouverte au fil du temps, ce qui rend probable une nouvelle civilisation avancée.
  • L’agriculture n’est pas perdue, mais devient de moins en moins possible pour causes environnementales ou les connaissances se perdent au fil du temps avant le rétablissement de la civilisation.

Divers facteurs peuvent éclairer la distribution de probabilité de réaménagement de l’agriculture. Pour les catastrophes qui laissent une grande partie de l’environnement intacte, l’agriculture est plus susceptible de perdurer ou être redécouverte assez tôt. Les premières générations post-apocalyptiques bénéficieront de la mémoire culturelle de l’agriculture. Les informations sur comment faire pousser des plantes sont largement documentées dans des ouvrages et les survivants peuvent avoir accès à d’importantes espèces végétales et animales. Ces espèces ont été sélectionnées sur des milliers d’années pour maximiser la productivité et la valeur nutritionnelle, considérablement meilleures que celles dont disposaient les premiers humains. D’autant plus qu’elles seront probablement plus faciles à trouver immédiatement après la catastrophe. Au fil du temps et en l’absence d’intervention humaine, elles deviendront plus rares. La disponibilité des céréales est particulièrement importante, car les graines peuvent être stockées très longtemps. D’un autre côté, les réserves de phosphore, un engrais essentiel, seront largement épuisées ce qui nécessitera des alternatives pour fertiliser les sols.

L’agriculture pourrait également dépendre des fluctuations du climat. Au cours du dernier million d’années, le climat a fluctué entre plusieurs périodes glaciaires. Les périodes interglaciaires se produisant tous les 100 000 ans environ et durant à peu près 15 000 ans. L’essor de l’agriculture – et de la civilisation humaine qu’elle permet – coïncide avec l’interglaciaire holocène, c’est-à-dire les 10 000 dernières années. Ce n’est peut-être pas une coïncidence. De plus, des preuves anthropologiques suggèrent que la lignée humaine avait des capacités cognitives similaires pendant environ 300 000 ans. Cela suggère que l’agriculture ne peut se développer que pendant certains interglaciaires.

En revanche, le climat post-apocalyptique sera différent des conditions du début de l’Holocène sur un point important : les concentrations atmosphériques accrues de gaz à effet de serre. Nous sommes aujourd’hui dans l’anthropocène selon certains géologues. Cela ne rend pas nécessairement plus probable le réaménagement précoce de l’agriculture, car un monde plus chaud pourrait présenter des risques substantiels pour les populations survivantes, notamment à travers des changements écologiques tels que la désertification. Cependant, les émissions post-apocalyptiques seront minimes, provoquant un refroidissement progressif du climat. Il est donc probable qu’avant la prochaine période glaciaire, la population survivante pourrait connaître des conditions similaires à celles du début de l’Holocène.

Il faudrait donc beaucoup de circonstances défavorables pour que l’agriculture ne soit jamais redécouverte, comme un environnement non viable, la perte de toutes les connaissances sur l’agriculture, la perte des espèces agricoles végétales et animales ou alors un choix voulu de la part des survivants de rester nomade et chasseur-cueilleur.

Industrie :

En plus de l’agriculture, la civilisation moderne dépend fortement de l’industrie. Et les deux sont étroitement liés de manière unilatérale. En effet, une civilisation qui perd l’agriculture n’aura probablement plus accès à l’industrie, qui ne serait redéveloppée qu’après l’agriculture. Alors qu’une civilisation qui perdrait l’industrie ne perdrait pas nécessairement l’agriculture. Autrement dit, l’industrie repose sur l’agriculture pour être amorcée.

Elle permet une explosion en productivité, en capacité énergétique, une spécialisation du travail plus efficace, et mène vers une interconnexion bien plus grande entre les individus à plusieurs échelles sociétales grâce aux transports et communication.

Quelques milliers d’années seulement se sont écoulées entre le développement de l’agriculture et le développement de l’industrie. C’est un court laps de temps dans l’histoire d’une espèce qui peut suggérer que si l’agriculture se renouvelle, l’industrie suivra probablement dans un court délai. Cependant, il y a des raisons d’être sceptique à ce sujet. Premièrement, il n’y a qu’un seul point de données disponible : l’industrie s’est développée une seule fois, en Grande-Bretagne, puis s’est propagée dans le monde entier. Deuxièmement, le chemin historique de l’agriculture à l’industrie n’est pas clair. Les Chinois, les Grecs, les Indiens, les Arabes, les Romains pour ne citer qu’eux étaient toutes des civilisations agricoles avancées avec de grands réseaux commerciaux, mais ils n’ont jamais développé d’industrie. Cela suggère que le développement de l’industrie est peut-être plus un concours de circonstances qu’une fatalité. Si la première révolution industrielle dépendait effectivement d’une longue liste de facteurs, les perspectives de redéveloppement de l’industrie post-apocalypse pourraient être médiocres, car il est relativement peu probable que les conditions se combinent à nouveau.

Les populations de survivants auront un accès limité aux ressources de la Terre. Par exemple, les combustibles fossiles les moins chers et les plus accessibles ont déjà été brûlés. De même pour les gisements de minerais métalliques. Si ceux-ci étaient cruciaux pour la révolution industrielle britannique, et il y a de bonnes raisons de penser que ce fut le cas, alors ce sera un problème pour développer une industrie post-apocalyptique.

En revanche, certains facteurs indiquent des raccourcis possibles. Même si les principaux gisements de métaux seront épuisés, ces métaux eux-mêmes seront toujours présents et sous des formes plus utilisables (par exemple, de l’acier au lieu du minerai de fer). Des polymères comme le polyester possèdent une très longue durée de vie et on en trouve beaucoup dans les vêtements. Ainsi, de nombreux matériaux, ressources et pièces détachées seront concentrés dans les ruines urbaines. De bons emplacements pour l’exploitation minière post-apocalyptique. Les sites industriels notamment pourraient fournir une preuve de concept durable et une inspiration pour redévelopper l’industrie en faisant de la rétro-ingénierie sur les machines. Il semble plus facile de fabriquer quelque chose lorsque l’on a un exemple que de l’inventer en ne partant de rien. Ainsi, la machine à vapeur est susceptible d’être redécouverte.

Pour l’énergie, l’éolien et l’hydroélectricité seront disponibles et relativement faciles à exploiter. L’énergie hydraulique en particulier à un retour sur investissement énergétique élevé et si certains barrages sont intacts, le coût élevé de construction sera exclu de l’équation. Des batteries rudimentaires peuvent être fabriquées avec pas grand-chose, tout comme des réfrigérateurs, machine à coudre. En fait, certaines connaissances sont faciles à découvrir et pourtant il nous a fallu des millénaires pour le faire. Mais une population post-apocalypse n’aura pas à repasser par la même progression technologique. Prenez le vélo par exemple. Deux roues, une chaîne, des pédales, des freins. Plus faciles à fabriquer que la machine d’anticythère, pourtant ni les Grecs ni aucune civilisation n’y ont pensé avant 1817 !

Là encore, les informations présentes dans les livres seront d’une valeur inestimable pour éduquer ceux qui porteront l’étiquette d’ingénieurs post-apocalyptique.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y avait plus d’un million de voitures à bois en Europe en raison des pénuries de carburant pendant la guerre. L’armée allemande dirigeait toute une division de chars fonctionnant au bois plutôt qu’au diesel grâce à un processus appelé gazéification. Ainsi, les véhicules à moteur pourraient redevenir fonctionnels et offrir des modes de transport plus rapides que la traction animale. Une condition importante dans le développement civilisationnel.

Dans le cas où la catastrophe ne détruit pas l’habitat, les survivants hériteront des vestiges quasi intacts de la civilisation. Les villes, bibliothèques, usines, champs, machines, ordinateurs, centrales seront disponibles. Il sera donc bien plus facile de rétablir la civilisation humaine telle qu’elle était précatastrophe, bien que de nombreux systèmes peuvent rapidement se dégrader sans maintenance. Comme les centrales nucléaires. Je conseille le documentaire “Aftermath: Population Zero” qui montre combien de temps les objets humains peuvent résister au dommage du temps.

Les premières générations post-apocalyptiques peuvent conserver certaines méthodes philosophiques, technologiques et scientifiques qui limitent la perte de connaissance technoscientifique. Mais les survivants pourraient considérer l’industrie et la modernité comme une cause de la catastrophe et donc quelque chose à rejeter, privilégiant par choix un mode de vie préindustrielle, à l’image des amishs aujourd’hui.

L’industrie possède plusieurs trajectoires après une catastrophe globale :

  • L’industrie n’est pas perdue, et par extension l’agriculture non plus. Auquel cas, la civilisation serait rétablie sur le court terme.
  • L’industrie est perdue à jamais. Cette trajectoire est plus probable si l’agriculture est également perdue.
  • L’industrie est perdue, mais redéveloppée.

Tout comme pour l’agriculture, l’industrie est susceptible d’être redéveloppée rapidement après la catastrophe plutôt que très loin dans le futur, en raison des avantages sociaux et intellectuels qui peuvent être conservés par la population survivante. Plus les générations passent, plus il sera difficile en raison de la contingence historique possible au regard de la révolution industrielle britannique.

Ensuite, contrairement à ce qu’on peut voir dans la science-fiction où le commerce fonctionne sur le troc, des capsules de bouteilles ou des coquillages, c’est oublier qu’il existe des millions de pièces en circulation, et elles ne vont pas se volatiliser du jour au lendemain. Donc l’économie pourrait fonctionner sur la monnaie locale, bien qu’avec une valeure tres differente.

Il est important de se rendre compte que l’effondrement de la civilisation suite à une catastrophe globale ne veut pas dire un retour à la case départ ni une amnésie collective. Les connaissances culturellement transmissibles ne seront pas toutes perdues. Par exemple, rien que de savoir faire bouillir de l’eau pour la purifier confère un énorme avantage. On a donc de bonnes raisons de penser qu’une civilisation pourrait émerger et parcourir certaines cases de l’arbre technologique plus rapidement qu’il ne l’a fallu pour nos ancêtres.

D’une manière générale, certaines idées et connaissances sont essentielles pour la civilisation et devraient être à tout prix préservées. Comme la théorie microbienne qui propose que de nombreuses maladies sont causées par des micro-organismes. Plutôt important si on veut maintenir ou relancer la médecine sur de bonnes bases. La méthode scientifique est de loin la meilleure façon de produire des connaissances sur le réel. L’éducation obligatoire permet de solidifier des bases de connaissance pour les jeunes générations. Parmi tous les moyens d’organiser une société (monarchie, théocratie, dictature, etc.) la démocratie est celle qui conduit à la plus grande prospérité. En tous cas si on se base sur l’Histoire et le nombre de cadavres engendré par les différents régimes au fil des siècles.

C’est pourquoi de nombreux plans d’action pourraient être implémentés dès aujourd’hui si on tente de planifier pour maximiser les chances de rétablissement de la société. Quelques idées comme ça : Chaque citoyen pourrait recevoir un livre de survie gratuit, la construction de refuges, de plus grandes réserves de ressources de subsistance, des cours à l’école de “bonnes pratiques en cas de catastrophe”, création d’une réserve nationale de connaissance dans un ou des bunkers. Envoyer un groupe de scientifiques sur une autre planète pour constituer un corpus de connaissance et préserver la civilisation … ah non ça c’est le synopsis de la saga Fondation !

Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas à les écrire dans les commentaires.

Un monde post-apocalyptique sera bien différent du nôtre. Mais que l’habitat soit détruit ou non, les vestiges de notre civilisation offriront aux survivants de nombreuses possibilités pour se relever. Ce qui me fait penser qu’il faudra quelques siècles et pas des millénaires avant qu’une nouvelle civilisation avancée émerge à nouveau. Espérons juste qu’ils retiennent les leçons de leurs ancêtres précatastrophes et que l’histoire ne se répète pas.

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