Capture du CO2 : quelles technologies pour la séquestration du carbone ?

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Capture du CO2 : quelles technologies pour la séquestration du carbone ?
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Nous allons forcément devoir résoudre le problème du CO2 si on veut assurer un futur viable, bénéfique et durable, autrement dit un futur que tout le monde aimerait voir arriver … en tous cas j’espère hein, car les mots viable, bénéfique et durable ce ne sont pas des insultes selon moi. Même si vous pensez qu’un tel futur est improbable, cela n’empêche pas de le trouver plus désirable que, disons, un futur catastrophique.

Bref, ce problème du CO2 est facile à comprendre. S’il y en a trop dans l’atmosphère, la planète se réchauffe. Pourquoi il y en a trop? Car depuis la 1ere révolution industrielle, il y a plus ou moins 200 ans, les activités humaines génèrent du dioxyde de carbone en grande quantité.

Okay. Donc la planète se réchauffe à cause de nous, les conséquences seront graves, et peut être même catastrophique, quoi qu’on fasse. À partir de ce constat, on peut soit se résigner ou alors trouver des solutions. Personnellement je me considère comme un solutionniste, c’est-à-dire que je ne nie absolument pas la gravité de la situation écologique, en l’occurrence celle du réchauffement climatique pour rester dans le thème de cette vidéo, mais je considère que l’on doit regarder si il existe des solutions pour y faire face et s’adapter. Et ces solutions peuvent être technologiques dans la mesure où notre espèce s’est montrée pleine de ressource lorsqu’il s’agit de comprendre le réel, d’inventer et d’innover.

Maintenant la question est de savoir si ce problème du CO2 est impossible à résoudre ?

Étant donné que l’on connaît la cause, et les processus chimiques et physiques derrière ce problème, on peut affirmer avec confiance qu’il n’est pas impossible à résoudre.

Ceci étant dit, le réchauffement climatique est déjà un train qui a quitté la station, donc on se prend déjà les conséquences sur la tronche, le mieux que l’on puisse faire, c’est de limiter ce réchauffement en apportant des mesures pour contrer ce problème du CO2.

On peut résumer les solutions en 2 approches :

  • Arrêter de relâcher autant de CO2 dans l’atmosphère
  • Enlever l’excès de CO2 déjà présent.

Ça parait tout bête et évident, mais lorsqu’on réduit le problème à sa base fondamentale, et bien on tombe sur ces deux solutions. On a déjà exploré en partie la 1ere solution dans cette vidéo donc on va se pencher ici sur la deuxième solution.

Est-il possible de capturer le carbone dans l’atmosphère ?

Alors première réponse comme ça là de suite sans réfléchir, oui, et ça se produit tout le temps grâce à un truc bien pratique qui est ni plus ni moins qu’une machine à pomper le carbone. Je veux parler des arbres. Donc une solution c’est d’en planter plus. Et ce n’est pas les initiatives qui manquent comme la campagne du YouTubeur MrBeast qui est en train de lever 20 millions de $ pour planter des arbres à 1$ par arbre. Si vous souhaitez contribuer, c’est ici que ça se passe.

Ou encore le gouvernement australien qui s’est engagé à planter 20 millions d’arbres d’ici 2020, la Chine qui a planté des milliards d’arbres, ou l’Éthiopie qui va en planter 4 milliards. L’écologiste Thomas Crowther a estimé qu’un trillion d’arbres supplémentaires permettent de contrer 10 ans d’émissions carbone humaines.

Tout ça, c’est cool, car on aime tous les forets. En plus de capturer du CO2 et de produire de l’oxygène, on a cette sensation de se reconnecter avec la nature. Bon après, d’un autre côté, dire qu’une balade en forêt c’est naturel c’est un peu hypocrite. Un chasseur cueilleur il y a 50 000 ans ne se disait pas “tient tient je vais aller me balader en forêt aujourd’hui pour me détendre”. Non, c’est sympa que depuis qu’on a éliminé tous les grands prédateurs de nos forêts. Eh oui, à l’époque c’était une question de vie ou de mort une balade en forêt. Bref je m’égare.

Mais le problème c’est que le réchauffement climatique a tendance à faciliter les feux de forêt. Du coup des millions d’hectares de forêt qui brûle entraînent le CO2 capturé à repartir dans l’atmosphère. Ce qui va à l’encontre de l’objectif initial.

Par contre, ce qui est bien c’est que lorsque la nature a produit un processus qui fonctionne d’une certaine façon, et bien c’est une démonstration de faisabilité. Ça prouve que c’est possible et par conséquent, que l’on peut le reproduire, voir bien souvent l’optimiser.

On a donc des technologies qui sont développées pour capturer le carbone. Elles font partie de ce qu’on appelle la geoingenierie qui est une discipline naissante. C’est l’idée que l’être humain acquiert des connaissances et techniques pour modifier la planète à des échelles très grandes avec dans le but d’atteindre un résultat spécifique. Par exemple changer le climat d’une région, contrôler des tremblements de terre ou des volcans. Bien sûr nous en sommes loin, mais modifier la composition de l’atmosphère, en l’occurrence enlevée du CO2, démontre les premiers pas de notre espèce dans cette discipline.

Bref, il y a par exemple la technique appelée capture directe de l’air (Direct air capture) qui combine des ventilateurs géants et des procédés chimiques complexes pour enlever le Co2 de l’air. Une de ces centrales capture autant de C02 que 40 millions d’arbres. Cette solution a longtemps été jugée trop coûteuse pour être adopté à grande échelle avec un prix de $600/tonne de CO2, mais aujourd’hui ce prix varie entre $94 et $232/tonne de CO2, une nette diminution qui a entrainé de nombreux investisseurs à s’y intéresser. Notamment Bill Gates qui a investi dans la société Carbone engineering qui prévoit la construction de sa première centrale à capture commerciale d’ici 2020. Elle fonctionne grâce à des énergies renouvelables donc le processus de capture de CO2 de relâche pas de CO2, le contraire serait un peu bête.

La question qui se pose c’est une fois que le CO2 est enlevé de l’atmosphère, qu’est ce qu’on en fait. Certaines centrales thermiques ou de charbon très polluant en CO2, en capture directement une partie depuis leur centrale après combustion pour le vendre à des compagnies pétrolières qui vont injecter ce CO2 dans le sol afin d’augmenter leur extraction de pétrole. Ce qui s’appelle Récupération assistée du pétrole. Donc en gros, il y a moins de carbone qui va dans l’atmosphère depuis la centrale, mais ce carbone est directement lié à une extraction accrue de pétrole, qui sera utilisé pour faire du carburant, qui va être utilisé par des voitures, et produire du CO2. Ce qui est mieux que rien, car au final il y a moins de CO2 qui sont directement relâchés, jusqu’à 80 à 90% en moins, mais franchement, c’est un peu comme creuser un trou et le reboucher toutes les 5 minutes. Ça ne règle pas le problème à la source. Je ne suis pas du tout fan de cette pratique c’est le moins qu’on puisse dire, mais le côté positif c’est que ces centrales ne se seraient jamais embêtées à faire ça il y a 20 ans. Ce sont les pressions régulatoires qui les forcent à prendre ces mesures, c qui démontre que les entreprises ne font pas toujours ce qu’elles veulent, aussi riche qu’elle soit.

Une autre possibilité est d’enterrer le CO2 dans des formations géologiques en profondeur où il sera stocké pendant des milliers d’années. Le problème c’est qu’il est difficile d’estimer les risques d’une faille qui pourrait renvoyer le CO2 dans l’atmosphère et les conséquences environnementales. Mais cette technique fait quand même sens, car c’est en gros remettre le CO2 là d’où il vient. Logique, il me semble.

Il existe également la possibilité de transformer le carbone capturé en carburant synthétique qui pourrait arriver sur le marché d’ici 5 à 10 ans. Aujourd’hui ce carburant synthétique émet 70 à 90% moins de CO2 dans l’atmosphère que le carburant traditionnel sans plomb, etc. et les chercheurs sont optimistes pour arriver à un carburant neutre en carbone. Ce qui permettrait de créer un marché économique qui rend viables les investissements. Car il faut être réaliste, dépenser de l’argent pour simplement capturer du CO2 et le stocker dans le sol n’engendre pas de retombée économique suffisante et compter sur les gouvernements pour financer publiquement ces initiatives ce n’est pas gagner d’avance. Donc vendre du carburant produit à partir de CO2 capturé c’est une solution critiquable, mais qui n’est pas totalement dénué de point positif.

Il y a une autre application intéressante. La société australienne Mineral Carbonation International (MCi) a récemment démontré le potentiel d’une technologie qui convertit le carbone en matériaux de construction. En gros, pomper du CO2 de l’atmosphère pour en faire des briques. La carbonatation minérale est un processus qui consiste à transformer le CO2 en carbonates solides. Cela imite en accélérer ce que font les précipitations sur des millions d’années qui finissent par produire des types de roches communs. Et enfin une autre application pour le carbone capturer c’est de le vendre au fabricant de soda, pour faire les bubulles. Et vu la consommation de soda dans le monde. Il en faut des bubulles.

Mais au final, même s’il existe des moyens pour capture le carbone, est-ce que ça va changer quelque chose. Et bien, faisons un petit calcul. Chaque année, nous relâchons environ 40 milliards de tonnes de CO2. Une centrale pourrait capturer jusqu’à 1 milliard de tonnes par an. A ce rythme, il faudrait 40 000 centrales pour capturer tout ce qu’on relâche. Mais, à mesure que les énergies renouvelables progressent, que les voitures électriques se répandent, nous devrions émettre moins. Et les innovations dans la capture de carbone vont sûrement entraîner de plus grande quantité capturée par an. Donc ce calcul mathématique va varier et petit à petit, on aura besoin de moins de centrales de capture, et on relâchera moins.

Une des critiques de la capture de carbone c’est que si c’est efficace, cela risque de nous déresponsabiliser vis-à-vis des émissions carbone, en pensant que peu importe ce qu’on injecte dans l’atmosphère, on pourra le capturer, créant une sorte de boucle.

Mais la capture du CO2 n’est pas LA solution miracle. Elle fait partie d’un ensemble de solutions pour faire face au problème du CO2. Car même dans l’hypothèse où nous ne relâchons presque plus de CO2, il reste toutes les émissions qui ont été relâchées au cours de siècles passés et d’ailleurs, les différents rapports de l’ONU précise bien qu’on ne pourra en aucun cas rester dans l’objectif de 2 C de réchauffement si on n’enlève pas du carbone de l’atmosphère. Et chaque année qui passe nous rend encore plus dépendants de ces technologies de captures de carbone. Il ne faut pas faire l’erreur de penser qu’investir du temps et de l’argent dans des technologies de capture de carbone se fait aux dépens des innovations en énergie renouvelable et stockage. Ce n’est pas l’un ou l’autre, mais une combinaison des deux.

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